Tom Binns semble avoir les cartes en main pour réconcilier les adeptes de la joaillerie minimaliste avec les rivières de diamants. Celles qui craignaient de scintiller outrageusement - version Castafiore - ou qui, ne supportant pas le toc, se réfugiaient dans le néant sans saveur d'un décolleté vierge de tout accessoire, pourront enfin arborer des bijoux alliant luxe, ingéniosité, modernité et décadence.
Tom Binns, qui fit ses armes auprès de Vivienne Westwood et de Malcolm McLaren, aime traiter rubis et saphirs avec désinvolture, rehausser le plus banal des camés par un travail minutieux d'orfèvre ou encore corrompre l'imagerie Disney. Il accumule les pierreries, les fait s'entremêler et les juxtapose, afin de dessiner un ensemble déroutant, furieusement attrayant, très éloigné des codes de bienséance de la joaillerie classique ; le tout est spirituellement proche de Victoire de Castellane.
Il se joue des fausses pierres (les faisant cohabiter avec de véritables), les serti de micros objets tout droit sortis des vanités du siècle dernier et oscille entre délicatesse et chic trash. Les différentes lignes de Tom Binns offrent une vision quasi schizophrénique du talent du designer : épingles de nourrice, têtes de mort, grenades, balles et dérision esthétique agrémentent une partie de son travail, tandis que l'éclat de véritables constructions Art Déco irradie bracelets et parures…
Afin de nourrir sa créativité, Tom Binns est en constante recherche : il se perd avec délice au coeur des archives de la maison Alaïa (riche de sophistications, de féminité glamour et de modernité sexy) ou arpente les musées en quête des ready made de Marcel Duchamp. Ses inspirations, à première vue antagonistes, se fondent au sein de créations livrant un message novateur et décomplexé.
Il se plait à dire qu'il crée pour une femme élégante, qui cultive sa différence en égratignant son image par quelques détails non conventionnels. Anticonformistes dans leur conception, ces petites merveilles ont néanmoins un prix qui, quant à lui, est en tout point conforme avec ceux pratiqués sur le marché du luxe… On peut les trouver chez Browns à Londres et chez Colette à Paris.
Par Lise Huret, le 31 décembre 2007
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