Avec son carré lissé, son teint de porcelaine et ses mensurations calibrées sur l'idéal féminin asiatique, Ucroa est la première cyberwoman issue de la quatrième génération de robots humanoïdes. Du coup, si ses prédécesseurs accusaient une silhouette de Terminator et une démarche saccadée, Ucroa - également appelée modèle HRP-4C - n'a plus grand-chose à voir avec ces robots sans finesse...
Trois années de gestation furent nécessaires afin de coller au mieux à l'image de son modèle : la Japonaise. Pour ce faire, ses géniteurs-ingénieurs de l'AIST (Institut des Technologies Industrielles Avancées) ont étudié la morphologie des jeunes filles du pays, observé la démarche des mannequins lors des défilés et programmé en conséquence - à l'aide de microprocesseurs - leur geisha artificielle.
Présentant un visage expressif et un corps muni de pas moins de 30 articulations, cette dernière devrait bientôt pouvoir rivaliser avec les Coco Rocha et autres stars des podiums… c'est tout du moins ce qu'espèrent ses créateurs, qui l'ont conçu dans l'espoir de la voir présenter des collections de vêtements. Plus tard, elle pourra également tester machines de sport et autres produits destinés aux humains…
Si les Japonais ont accueilli cette innovation avec enthousiasme, il n'est pas certain que le concept fasse des émules en occident. En effet, alors que les tokyoïtes se réjouissent de pouvoir déléguer leurs tâches ingrates (qui incluent apparemment le fait de marcher sur un catwalk) à des robots, il y a fort à parier que la consommatrice européenne n'y verra rien de plus qu'une déshumanisation de la mode...
Et pourtant, à une époque où l'anorexie ne cesse d'éclabousser les podiums et où les modèles les plus prisées touchent des cachets substantiels pour le simple fait de revêtir de jolies toilettes, il ne serait peut-être pas si abscons de leur substituer des êtres artificiels, qui auraient le mérite de s'effacer totalement derrière le vêtement.
Tout cela nous amène à nous poser quelques questions : quel rôle joue vraiment un mannequin dans le processus d'appropriation d'une collection ? Sont-elles indispensables au bon fonctionnement de la sphère fashion, et si oui pourquoi ? Comment en sommes-nous arrivés à porter au pinacle des jeunes femmes qui, contrairement aux actrices, chanteuses ou artistes, ne sont finalement que des images ? Autant de réflexions suscitées par l'arrivée prochaine - et pas si anecdotique - de cette mannequin du futur sur le marché japonais...
Bien évidemment, le jour où la fashion week parisienne se transformera en annexe du salon des nouvelles technologies n'est pas encore arrivé. Néanmoins, Ucroa pourrait bien offrir de nouvelles perspectives à un univers de la mode qui ne peut se permettre d'être passéiste.
Oui mais voilà, aussi minces et atypiques soient-elles, il ne faut pas oublier que des filles telles que Lara Stone, Kate Moss ou encore Agyness Deyn savent finalement mieux que quiconque comment conférer attrait et vitalité à la notion même de mode, qui aurait du mal à se passer de ce petit supplément d'âme…
Par Lise Huret, le 18 mars 2009
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Un robot dans un tailleur Chanel ? Une machine dans une robe Hubert de Givenchy ? Et comment cette geisha va mettre ses pieds dans des Spicy Sandals de Louis Vuitton, et marcher et tenir dedans, sans tomber ? Cela reviendrait à virer les chaussures des catwalks ?
Et puis franchement, un robot n'a rien d'avenant, un robot ne donne pas envie de la robe. Voir la façon dont une Jess Stam est sublimée par une toilette Galliano donne envie du vêtement, de même pour les chaussures, les sacs, les bijoux ...
On court à notre perte !