Cette saison, la créatrice a apparemment décidé de flirter avec la légèreté. Aux protectrices et primaires cuissardes de l'hiver dernier succèdent ainsi des atours impudiques et sophistiqués, propices à embellir les jeunes working girls en goguette.
Ceci dit, la légèreté pradienne n'a pas grand-chose à voir avec le duo robe baby-doll/tongs Havaianas. En effet, le propos a beau être moins conceptuel qu'à l'ordinaire, cela n'empêche pas Miuccia Prada de conférer à ses silhouettes la rigueur et l'épure dont elle a fait sa signature.
Pour cela, elle n'hésite pas à télescoper les genres, en mélangeant le luxe baroque des palaces d'antan (on pense notamment aux lustres projetés sur les murs du show) avec les lignes épurées de l'art minimal.
De cette confrontation naissent des tailleurs en nylon coupés à cru, des vestes aux imprimés rococo ciselées au laser ainsi que des microscopiques bloomers recouverts d'images rétro seventies. Sans oublier les accessoires en plexiglas qui, s'ornant de pampilles de cristal, deviennent le chantre d'une modernité assumant quelques emprunts au passé.
Et si le vestiaire fait à priori la part belle aux looks néo-classiques pour lolitas huppées, le make up de ces dernières vient vite complexifier le discours. En effet, avec leur rouge shocking et leur frange XXL crêpée, les mannequins tiennent plus de Bardot que de Leighton Meester... C'est dans ce genre de "détails" que transpire tout le génie de Prada, chez qui la subversivité en pointillé et le classicisme de façade emportent les créations bien au-delà d'une lecture premier degré.
Entre fantaisies high-tech, tailoring pointu et sensualité chic, Miuccia Prada livre une collection tout à tour incisive et sucrée, dont l'ensemble est rarement apparu aussi portable. En effet, si l'on passe outre les cyclistes définitivement inesthétiques, nombreuses sont les pièces éminemment désirables combinant parfaitement élégance post-moderne et fraîcheur aoûtienne...
Si l'on se doute que cette collection ne sera au final qu'un interlude entre deux défilés majeurs, on apprécie néanmoins la capacité de Miuccia Prada à offrir un brin d'accessibilité à son travail élitiste...
Par Lise Huret, le 25 septembre 2009
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