En construisant des silhouettes alliant des notions à priori antagonistes, celui qui présidera le prochain Festival de Hyères semble avoir voulu satisfaire des aspirations féminines souvent contradictoires. Pour ce faire, Dries Van Noten emprunte au tailoring masculin son excellence de la coupe (afin de souligner l'élégance des lignes), s'inspire des jupes et robes corolle des fifties, célèbre la nonchalance urbaine (en employant maille loose et volumes amples) et convoque le colorama army cher à la saison...
L'ensemble de ces données se mêle alors sur une même silhouette, élaborant des tenues d'une évidence déconcertante. Là est d'ailleurs toute la magie du show Dries Van Noten : situé sous les lustres de l'Hôtel de Ville, le catwalk infiniment long procure au public l'impression d'observer de nonchalantes passantes au naturel paradoxalement sophistiqué.
Il est vrai que cette collection distille un dress code donnant à croire que la tenue parfaite était finalement à portée de main, si bien que chacune se demande comment elle a pu passer à côté des diverses combinaisons proposées par Van Noten. À vrai dire, l'homme joue ici plus un rôle de styliste que de créateur.
Ceinturé haut et accompagné d'une maxi pochette en croco, un trench olive légèrement roots se veut ainsi infiniment féminin, tandis qu'associé à des talons et à une veste étroite fifties, un jodhpur kaki gagne en raffinement. Une fois paré de longs gants de cuir (que l'on porte froncés sur l'avant-bras), le duo pull col rond/jupe vert treillis devient quant à lui hautement chic. Sans parler de cette synergie entre sweat liquide et jupe - tantôt corolle tantôt ultra longue - qui retire toute superficialité à la girlyness de ces dernières.
Dries Van Noten ose ainsi rendre le classique terriblement désirable et les volumes rétro envisageables au quotidien, tout en s'appropriant quelques gimmicks des tendances 2009. L'imprimé fauve continue alors à se conjuguer au présent et s'envisage comme le parfait pendant des kaki et autre bleu marine réglementaires.
Au final, si à l'évidence Dries Van Noten a voulu éviter ici toute prise de risque, il peut néanmoins se targuer d'avoir su présenter une collection "commerciale" de haut vol. Car c'est bien ce que l'on attend des défilés prêt-à-porter : qu'ils sachent allier - sans snobisme ni démesure - désidérabilité et exigence, classicisme et modernité, casualness et sophistication, afin de parvenir à exister au-delà des podiums...
Par Lise Huret, le 04 mars 2010
Suivez-nous sur , et
Les looks sont ultra charmants, j'ai envie de tout copier.
La robe avec des impressions florales dans des couleurs army est CANON