Écrire son journal faisant partie intégrante de sa thérapie, nous bénéficions aujourd'hui d'un compte rendu assez précis du chemin parcouru par cette Hollandaise, que le métier de mannequin a précipité dans les affres de l'anorexie.
En 2009, habituée des podiums et des shootings avec Mario Sorrenti ou encore Annie Leibovitz, Kim Noorda fut en effet envoyée par son agence chez Sally Singer, la directrice Fashion News Feature de Vogue liée au programme du CFDA, et ce afin de l'aider à résoudre ses désordres alimentaires.
Singer lui propose de suivre un traitement au Renfrew Center, un lieu spécialisé dans ce genre de troubles : elle accepte sans sourciller, son agence lui ayant demandé de prendre 2,5 kg. La jeune femme entame alors 4 semaines de cure, lors desquelles il lui faudra réussir à faire cohabiter ses obligations professionnelles avec une prise de poids devenue vitale...
S'il est essentiel de lire la version originale de son journal sur Vogue.com, on peut néanmoins extraire quelques points forts de ce témoignage nous donnant un aperçu de la complexité du fashion system.
Kim Noorda nous livre ainsi qu'être la plus fine de son entourage ne l'a pas empêchée d'être considérée à 15 ans comme un modèle "heavy" au milieu de collègues nettement plus maigres qu'elle. Cela l'amena quelques années plus tard à s'entendre dire que si elle était déjà très jolie, elle serait encore mieux avec quelques kilos en moins. Un conseil qu'elle suivit prestement...
Elle révèle également au passage le double sens du compliment doucereux "You look so good, so healthy !" (autrement dit : "Tu as l'air en forme"), signalant à l'intéressée qu'il est désormais urgent de se mettre à la diète.
Cela dit, il serait injuste de peindre un tableau plus noir qu'il ne l'est : tout au long de sa transformation physique, Kim Noorda a été aussi bien sujette au dénigrement qu'aux encouragements. C'est ainsi qu'en dépit d'avoir gagné quelques centaines de grammes et de ne plus honorer les mensurations de son composite, elle fut surprise d'être acceptée sur le show croisière de Chanel. Son agent lui révélera d'ailleurs à cette occasion que les mensurations inscrites sur les books des mannequins sont le plus souvent erronées...
Il lui faudra cependant la meilleure volonté du monde pour ne pas s'écrouler face à une créatrice italienne qui, n'aimant pas sa nouvelle morphologie, lui demanda perfidement si elle était vraiment heureuse "comme cela". Ou quand elle ne parvint pas à fermer un pantalon lors d'un essayage chez un designer réputé pour n'apprécier que les modèles ultra skinny...
En dépit des difficultés rencontrées, la jeune femme a su tenir bon, parvenant à passer de 49 à 57 kilos. Elle déclare pourtant que son histoire est toujours loin d'être un conte de fées et que son poids reste pour elle une préoccupation. Heureusement, celui-ci ne repasse plus au premier plan : Kim a en effet repris ses études, renoué avec ses amis et s'autorise même une pizza lorsqu'elle n'a pas le temps de faire à dîner...
Espérons simplement que les shootings où la jeune femme se sent à l'aise - à l'instar de celui réalisé pour la lingerie Stella McCartney - seront pour elle de plus en plus nombreux, que Sally Singer continuera à lui apporter de bons conseils (comme celui de laisser ses pantalons Balenciaga à sa soeur de 14 ans) et que chacun oubliera de lui dire lors des prochaines fashion weeks : "Oh, you look so good, so healthy !"...
Par Lise Huret, le 18 mars 2010
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