Si l'on en croit la dernière collection printemps/été de chez Chloé, il semblerait que la modeuse se soit subitement muée en globe-trotteuse chevronnée. Désormais adepte des semelles plates et des teintes camouflages, elle apparaît prête à emmener son Canon loin des sorties de défilés. Pour ce faire, il va de soi qu'un sac à main, aussi oversize soit-il, ne parviendra plus à la satisfaire...
En plus de ses lipstick, iPod et autres iPhone, cette demoiselle aux inclinations fraîchement baroudeuses veut en effet pouvoir vadrouiller en ayant constamment sous la main moleskine, mini pharmacie et maxi objectifs. Autrement dit, sans encore parvenir à se l'avouer, la trend-setteuse printanière pourrait bien avoir envie d'un sac à dos...
C'est en tout cas cette envie de liberté et d'efficacité casual qui émane des silhouettes roots smart d'Hannah MacGibbon, de la dégaine militaro-cosmopolite de Louis Vuitton ou encore du sportswear P/E 2010 imaginé par Alexander Wang.
Cela dit, la mode a beau tenter ces derniers temps de se la jouer pragmatique, cela n'en efface pas pour autant le background utilitaire vaguement régressif du sac à dos. Parfait compagnon des années lycée et acolyte essentiel à tout trip G20, ce dernier semblait jusqu'ici davantage destiné à se la jouer sherpa urbain qu'accessoire de mode à part entière.
D'ailleurs, si par le passé il tenta à plusieurs reprises d'affûter son design en se déclinant en micro-modèles, le résultat - guère convaincant - ne fit qu'accentuer l'ostracisme fashion dont il faisait déjà l'objet.
C'est pourquoi, s'il fut récemment plébiscité sur les podiums (prônant un port décomplexé et s'associant à quelques tenues dans l'air du temps), son sort ne pouvait que rester en suspens dans l'attente du verdict de la rue. Comme souvent, celui-ci tomba à l'occasion des fashion weeks, lors desquelles on put voir quelques rédactrices de mode succomber aux indéniables avantages du sac à dos.
Il faut néanmoins noter que ce ne sont ni les Louis Vuitton, ni les Alexander Wang qui firent chavirer le coeur de ces dernières, mais bien plus des modèles vintage en toile ou des pièces en cuir fleurant bon l'authenticité. Le sac à dos Wang est semble-t-il apparu bien trop urbain pour flatter nos fantasmes de treks parisiens, tandis que ceux imaginés par Marc Jacobs se révélèrent un rien too much pour cadrer avec nos envies d'escapades champêtres.
C'est donc vers des produits plus roots - rappelant les exploits d'une Alexandra David-Néel - qu'il vaudra mieux se tourner si l'on désire s'inscrire dans l'air du temps.
On pensera alors à jeter un coup d'oeil chez Burberry Prorsum Homme, pour qui Christopher Bailey a conçu de parfaits sacs à dos "explorateur", ne demandant qu'à être associés à des atours plus féminins. Il suffira en effet de mixer un modèle en toile olive à une robe floue liberty pour patiner la girliness de celle-ci.
De leur côté, les sacs en cuir cappuccino de la griffe britannique s'associeront joliment au trio top volanté asymétrique/bas de jogging en molleton/compensées Alexander Wang.
Et si certains nous conseillent d'égayer ces sobres sacs à dos de quelques gris gris fashion (dans le plus pur esprit Louis Vuitton), on préférera les porter brut : c'est en effet précisément pour leur ADN boyish qu'on les aura choisis...
Par Lise Huret, le 22 mars 2010
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