Si l'univers floral a toujours été pour la haute couture un sujet d'inspiration, celui-ci passe un cap sous les doigts de John Galliano en ne devenant rien de moins que l'épine dorsale de la dernière collection Dior.
Bercé d'influences japonisantes et féru de sophistication, le DA de la maison parisienne ne laisse cependant pas la nature reprendre ses droits et traite camélias, iris et orchidées comme autant d'éléments susceptibles d'être magnifiés par la main de l'homme. Ce n'est en effet pas au coeur d'un champ sauvage de coquelicots que nous invite Galliano, mais bien dans un lieu dédié à la décoration florale...
Le créateur s'amuse ainsi à évoquer - de manière presque littérale - les composantes nécessaires à la finition d'un bouquet, ruban de raphia coloré, lien faussement végétal et feuille de cellophane servant tour à tour de ceinture ou de coiffure...
Comme autant de créations susceptibles d'orner les halls des hôtels de luxe, les toilettes transforment alors simples pensées, grappes de muscari latifolium et autres chardons en des compositions raffinées, esthétisées à l'extrême.
Cela dit, ne se laissant pas emprisonner par les diktats régentant l'art de la composition florale, Galliano s'autorise à traiter en all-over ses pétales et pistils (mettant ainsi ses créations au service de la matière) ou à imaginer une toilette comme une fleur à part entière (offrant à cette dernière une allure des plus majestueuses). Il n'hésite également pas à rappeler le thème de son défilé par le biais d'une coiffure-bulbe défiant la gravité ou encore d'une dizaine de pétunias piqués sur une jupe de satin.
Sans parler des multiples références à la femme Dior, qui ne manquent jamais d'émailler le vestiaire couture imaginé par John Galliano : vestes bar revisitées, longs gants omniprésents, robes opulentes et références New Look flirtent ainsi avec des volumes inspirés par l'anatomie de tel ou tel lys...
Au final, entre décor à la Alice au Pays des Merveilles et ode à la magnificence des fleurs, Galliano nous livre une collection contrastée aux harmonies de couleur audacieuses, tout en s'ancrant dans sa grammaire habituelle. Au risque d'en oublier de se renouveler...
Par Lise Huret, le 06 juillet 2010
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