Que ce soit en passant du statut de créateur complexé à celui d'Apollon de la fashion sphère ou en prenant le contrepied des critiques concernant ses retards abyssaux en faisant débuter ses shows en avance, Marc Jacobs n'aime rien mieux que de surprendre son auditoire. Rien d'étonnant donc à ce qu'il choisisse cette saison de pousser à son paroxysme la tendance du moment, consistant à puiser son inspiration du côté de l'Empire du Milieu...
Mué par le désir de répondre à la religion minimaliste par celle de l'excès, Marc Jacobs pousse ainsi dans le rouge tous les curseurs gouvernant sa présentation. Entre décor kitschissime à base de faux marbre, de rideaux dorés et de tigres empaillés, rythme de passage ultra élevé et décadence des looks (dont le premier degré s'avère plutôt audacieux), tout est fait pour apporter un shoot de plaisir immédiat à l'assistance.
En outre, si l'on peut reprocher à certaines griffes phares du moment de verser dans l'ennui en se livrant corps et âme au minimalisme, chez Louis Vuitton on cède à l'excès inverse. C'est ainsi que se succèdent toilettes faisant honneur aux traditions chinoises, robes empreintes de l'énergie joyful des années 20 - dont les mini franges rappellent celles de Joséphine Baker - et tenues sexy pour chinese girls désireuses de séduire quelques occidentaux de passage...
A ces trois grand thèmes se mêlent par la suite clins d'oeil à l'Art déco et humour assumé. En effet, quand ce ne sont pas les gimmicks color block bordés de noir qui imprègnent le vestiaire Vuitton, c'est par une ménagerie exotique que ce dernier se laisse cannibaliser. Or, loin de se contenter de prêter leurs rayures à quelques imprimés animaliers, les girafes, tigres et autres zèbres s'imposent littéralement sur les toilettes du final...
Cela dit, si démesure, surcharge et vitalité ont permis de rendre ce show Louis Vuitton captivant, on doute cependant du succès réel de la collection une fois la magie du défilé estompée.
Mais finalement qu'importe : plutôt que d'essayer de lancer une nouvelle tendance, Marc Jacobs cherche certainement ici à créer un happening susceptible de marquer les esprits, et donc de permettre à la maison française de vendre toujours plus de sacs...
Par Lise Huret, le 07 octobre 2010
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