Si Prada rime souvent avec concept alambiqué nécessitant quelques semaines de gestation avant de se voir apprécier à sa juste valeur, on doute que le temps fasse évoluer notre jugement quant aux variations opérées cette saison par la griffe autour des semelles compensées.
En effet, si l'on aime lorsque Miuccia Prada se hasarde hors des sentiers battus et alimente la mode en créations aussi ambitieuses qu'inattendues, il arrive parfois que l'originalité se mette à parasiter l'esthétique, au point de donner naissance à des OFNI que même la rédactrice de mode la plus avant-gardiste aurait du mal à défendre.
Or, c'est précisément le cas de cette série de souliers compensés qui, sous prétexte de vouloir jouer les puzzles arty, en oublie d'être élégante. Il faut dire qu'en choisissant de recourir à un socle bi-matière à l'aura bas de gamme, Prada hypothèque ses chances de voir ses pièces frayer avec la notion de chic : alors que la première semelle en corde tressée aurait suffi à offrir une dégaine atypique - mais potentiellement désirable - au produit, la seconde (en mousse compressée) précipite l'ensemble au royaume du cheap.
Pourtant, l'idée dé départ - offrir aux Creepers une nouvelle interprétation, aux Brogues un twist funky et aux escarpins une patine printanière - avait de quoi séduire...
Au final, si l'on comprend fort bien la démarche de Miuccia Prada (la créatrice a voulu injecter à ses créations une énergie estivale basée sur l'humour et le détournement via un clin d'oeil aux sandales de plage), on ne parvient pas à dépasser l'aspect quelque peu ridicule de ces plateformes à l'esthétique hasardeuse. À l'évidence, ces cadavres exquis shoesesques auront plus de chance de se retrouver dans les séries mode de Vogue qu'aux pieds des fashionistas. À moins que ces dernières ne se nomment Anna Dello Russo...
Cela dit, que les Prada's addicts se rassurent : les sandales rétro en cuir tressé multicolore - voir ici et là - côtoyant ces inénarrables compensées sont quant à elles absolument parfaites...
Par Lise Huret, le 28 janvier 2011
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