Défilé Céline - Automne/hiver 2011-2012

Toujours plus incisive dans ses choix stylistiques, Phoebe Philo parvient saison après saison à conférer à la femme Céline une modernité sans cesse renouvelée. Sous ses doigts, grammaire sportswear et allure classique se fondent ainsi en une série de silhouettes sans compromis, directement destinées aux power girls de cette nouvelle décennie...

Délaissant le thème "skateboard" de l'été 2011, Phoebe Philo s'empare cette saison d'une activité à connotation bien plus "haut de gamme" : la conduite de voitures de luxe. La styliste anglaise révèle en effet s'être inspirée de l'intérieur des Jaguar et autres Aston Martin, y puisant aussi bien sa gamme de matières que sa palette chromatique. Elle n'eut alors qu'à leur adjoindre une bonne dose d'épure ultra chic ainsi que quelques clins d'oeil seventies pour obtenir un vestiaire sobrement sophistiqué au luxe faussement sage, parfois sportswear.

Pour l'automne/hiver 2011-2012, c'est donc une garde-robe où cohabitent techniques de pointe et réminiscences rétro que Phoebe Philo imagine pour la cliente de la maison parisienne. La créatrice n'hésite ainsi pas à ciseler au laser chacune de ses pièces d'extérieur, à composer des puzzles de cuirs ou de fourrure évoquant les empiècements de l'intérieur cuir d'une Bentley, ni même à décliner l'esthétique 70's par le biais de pull-overs en néoprène (dont les graphismes ne sont pas sans rappeler ceux des chandails de ski de l'époque). Sans parler des touches de fantaisie qui, via une fourrure patchwork, une doublure rouge aniline ou encore une touche d'orange safran, permettent d'offrir un peu d'audace et de fun à la rigueur ambiante.

Entre moult détails techniques et chic ultime de certains pardessus 3/4 à la rigidité insolente, Phoebe Philo s'amuse à composer des mix and match de styles apparemment antagonistes, mais qui se répondent ici formidablement bien. Que dire en effet de cet étroit blazer de cuir recouvrant une longue pelisse de fourrure associée à un basic sous-pull, si ce n'est que sous les doigts de la DA de chez Céline, tout gagne irrésistiblement en évidence ? Et si la créatrice commet une curieuse faute de goût en laissant certaines pièces s'emparer maladroitement de l'esthétique Mondrian, puis en tentant de conférer une dimension désirable à l'imprimé acajou des tableaux de bord de certaines voitures de luxe, le reste de ses propositions, revisitant avec esprit la notion de classique et envisageant la féminité avec une extrême modernité, nous laissent à penser que les fashionistas devraient encore être nombreuses l'hiver prochain à confier leur allure à Phoebe Philo...