À force de repousser sans cesse la nomination d'un nouveau directeur artistique, Sidney Toledano (PDG de Christian Dior) ne sera finalement parvenu qu'à mettre un peu plus en exergue le vide abyssal laissé par John Galliano. Devant le manque patent de caractère de ce défilé, on ne peut en effet s'empêcher de regretter la très prolixe folie créative de l'ex-DA de la maison parisienne, aussi redondante fût-elle parfois.
À vrai dire, il ne fait aucun doute que si cette succession de toilettes - certes jolies, mais en définitive fort peu enthousiasmantes - n'avait été estampillée Dior, rares auraient été les rédactrices de mode à en faire écho...
Après avoir fait le succès de Christian Dior et s'être vues maintes fois réinterprétées par Galliano, les silhouettes années 50 semblent en effet avoir été dépossédées de cette élégance insolente jusqu'ici intrinsèquement liée à l'ADN Dior. Il est vrai que l'ensemble se révèle terriblement convenu, comme si Bill Gaytten, se sentant illégitime, avait été tétanisé à l'idée de marquer l'héritage Dior de son empreinte.
Des vestes à timides basques aux toilettes de cocktail pauvrement glamour en passant par les robes de mousseline translucide copiant maladroitement les rêveries libertines de Galliano, nombreuses sont ainsi les pièces à afficher une sévère carence en modernité lyrique. Seule consolation : le casting du défilé, qui rassembla sur le même catwalk la sylphide Miranda Kerr, la Victoria's Secret girl Karolina Kurkova et la désormais sulfureuse Karlie Kloss.
Et si l'ensemble s'avère globalement plus prêt-à-porter que d'ordinaire (si l'on excepte les créations gratuitement impudiques du final), LVMH n'en devrait pas moins rapidement se décider à confier les rênes de son fleuron à Marc Jacobs - ou à n'importe quel créateur ayant la capacité d'offrir un nouveau souffle à la griffe française - s'il ne veut continuer à voir Dior perdre peu à peu de son prestige...
Par Lise Huret, le 30 septembre 2011
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Le plus malheureux, dans tout ça, c'est que je ne comprends pas Bill Gayten d'avoir à ce point renier les soucis du détail pourtant cher à la Maison Dior.
J'ai envie d'être cruel tellement ce créateur passager, n'apporte rien, à tel point que cela en devient indécent d'être aussi incompétent. Alors qu'il aurait été si facile de rajouter quelques broderies par-ci par là, quelques plumes, des dentelles plus prononcées, et des tailles empires quitte à rejouer une fois de plus la redondance. Juste histoire de rendre ces créations plus vivantes, on aurait gagné tout autant de style que de valeur ajoutée !
Le défilé ne se tient pas, c'est vide d'idées, comme de matières, comme d'intelligence dans le choix des couleurs. Bill Gayten s'enfonce une fois de plus, et il démontre bien que les créateurs sont bien loin de s'égaler les uns les autres, et qu'il est parfois largement plus sage de céder sa place à autrui plutôt que de dénaturer le "New-Look".