Après s'être aventuré vingt mille lieues sous les mers, c'est cette fois-ci au centre de la Terre que le Kaiser vient puiser son inspiration. Répétant à qui veut l'entendre que la nature est le meilleur des designers, Lagerfeld tente en effet d'injecter au sein de la grammaire Chanel la force esthétique de ces minéraux qui semblent tant le fasciner cette saison.
Sur le podium, les multiples facettes de ces derniers donnent ainsi naissance à un nouveau volume de manches, à de très cosmiques bijoux de sourcils (imaginés par la maison Lesage), mais également à des empiècements géométriques à la portée futuriste. De leur côté, les quartz, tanzanites et autres citrines viennent illuminer de leurs teintes variées la palette charbonneuse des tweeds du moment, tandis que le scintillement de leurs cristaux inspire moult matières subtilement iridescentes, entre maille piquée de fils métallisés, manteau bordé d'argent, tweed lamé et tulle irisé.
Cela dit, c'est bel et bien l'usage d'un tweed mou et flou qui offre à la collection la plupart de ses pièces fortes. Urbaines et désinvoltes, les parkas courtes du show - voir ici et là - renouvellent en effet avec modernité et fraîcheur la matière de prédilection de Coco Chanel.
On note par ailleurs qu'en insufflant une énergie sportswear - voire même casualwear - à certains de ses modèles et en faisant appel à de multiples superpositions (les jupes se portent désormais accompagnées d'étroits pantalons boutonnés sur la cheville), Karl Lagerfeld n'a aucun mal à inscrire sa collection dans l'air du temps. Un positionnement qui ne manquera pas d'enchanter sa jeune clientèle addict aux tendances...
Combinant champ lexical minéral, chic Chanel et audace lagerfeldienne, les accessoires de saison pourraient bien également faire mouche. Nul doute en effet que les Caroline Sieber, Yao Chen et autres Zhou Xun ne tarderont pas à succomber aux demi-Mary Jane à talons de quartz, aux bijoux so Pamela Love ainsi qu'au sac Boy revu et corrigé en métal brut et panne de velours purple...
Oui mais voilà, Karl Lagerfeld a beau ne pas démériter, difficile de ne pas éprouver de la lassitude à la vue de cette logohorée stylistique aussi redondante que prévisible. Peut-être serait-il temps que Chanel se décide à tourner la page Lagerfeld en s'attachant les services d'un nouveau directeur artistique. Désormais libre de tout engagement, Raf Simons n'aurait certainement aucun mal à reprendre le flambeau...
Par Lise Huret, le 07 mars 2012
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