Défilé Gucci - Automne/hiver 2016-2017
Au sein d'un univers fashion ne sachant plus à quel saint se vouer, Alessandro Michele apparaît comme un messie susceptible de redonner foi aux trendsetteuses. Celui-ci a en effet parfaitement compris que la mode avait envie de fantaisie facilement instagrammable à l'ADN haut de gamme, et il compte bien lui en donner. Au risque parfois de se répéter…
Venu du monde de l'accessoire, Alessandro Michele a tendance à envisager le vêtement non pas comme un volume, mais plutôt comme une pièce à décorer, un modèle à parer de mille et un détails, une entité devant faire mouche au premier regard. Ce qu'il fait d'ailleurs à merveille : sous ses doigts, les références se mêlent, les fioritures se multiplient, tandis que des puzzles insolites se forment avec une facilité déconcertante.Cette saison, il convoque ainsi pêle-mêle Catherine de Medicis, les années, 60, 70 (encore) et 80, la couture française et la Chine, et prend un malin plaisir à composer de bankable cadavre exquis : les pull-overs preppy se parent de colliers renaissance, les perfectos de manches gigots, les capes de trompe-l'oeil graphiques et les "prom dresses" de chinoiseries. Oui mais voilà, au fil du défilé, Alessandro Michele se laisse peu à peu entraîner par une logorrhée créative qui finit par desservir son travail : les bonnes idées sont ensevelies sous les moins bonnes, les robes chinoises sans intérêt parasitent les passages plus flamboyants, le stylisme enthousiasmant de certaines silhouettes (voir ici et là) se voit amoindri par d'autres bien moins travaillées, tandis que le kaléidoscope d'inspirations empêche d'avoir une vision claire de ladite collection.
Au final, on a la vague impression que le show A/H 2015 ne s'est jamais terminé et que Michele continue de filer inlassablement le même concept. A l'heure où le style Gucci, ultra copié, est peu à peu en train de se galvauder, Alessandro Michele va devoir faire un choix : soit il se renouvelle (afin d'entretenir le désir des rédactrices de mode et garder un coup d'avance sur ceux qui ont décidé de faire de ses collections leur source première d'inspiration), soit il se condamne à une obsolescence prématurée...
Par Lise Huret, le 25 février 2016
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Argumenté comme il faut, avec un ton et une fin percutante !
On en redemande :-)
Merci, Lise :-D