Gucci et les tapis rouges, une histoire d'amour contrariée
Ces temps-ci, pas une cérémonie, pas une avant-première ni une remise de prix sans qu'apparaissent sur le tapis rouge les créations du très prisé Alessandro Michele. Pourtant, aussi plébiscitées soient-elles, celles-ci sont souvent loin de flatter l'allure de celles qui s'y glissent...
Adoubées saison après saison par la fine fleur de la fashion sphère (Anna Wintour en tête), les créations Gucci se sont dernièrement vues accaparées par les stylistes désirant nimber d'air du temps leurs illustres clientes lors de leurs passages sur les tapis rouges. Une déferlante chatoyante qui offre à tout à chacun l'occasion de juger de la viabilité des créations fantaisistes du néo-gourou de la mode une fois celles-ci débarrassées de la magie du défilé…Or, le jugement est sans appel : 90% du temps, les toilettes nous ayant ébaudi lors des grand-messes délicieusement kitsch de Michele se révèlent sur les tapis rouges dépourvues de cette fragilité pétillante ayant fait leur charme. Un état de fait qui nous pousse à nous interroger...
Les robes sont-elles mal portées ? On pourrait l'envisager dans un ou deux cas, mais de manière générale, les femmes qui se glissent dans une longue robe Gucci se révèlent peu à leur avantage, et ce quelles que soient leur morphologie, leur âge ou leur couleur de peau (voir ici, ici, ici et là).
Les robes seraient-elles trop extravagantes ? L'extravagance en soi n'est pas un défaut : les toilettes McQueen sont extravagantes, tout en sublimant celles qui les portent… Non, le problème semble venir du fait qu'Alessandro Michel pense ses robes avant tout comme des objets - ce n'est pas un hasard s'il vient des accessoires - et non comme des pièces prêt-à-porter censées épouser un corps et s'adapter à une femme ne disposant pas de toute l'accessoirisation du show : il accumule les citations, fait du premier degré un gimmick et multiplie les détails fun mais peu flatteurs, donnant ainsi naissance à des robes qu'il est délicieux d'examiner en showroom, mais qui une fois portées basculent trop souvent dans le déguisement, le costume de scène. Sans parler de la fâcheuse tendance desdites robes à transformer leur propriétaire en "vieille petite fille" à force d'accumuler les fanfreluches mièvres...
Alors que les Oscars se profilent à l'horizon, on espère que les stylistes de stars délaisseront cette fois-ci les robes de princesse Gucci ne fonctionnant que sur les podiums
et s'amuseront à piocher au sein du vestiaire de la griffe de quoi composer des looks à la saveur "Gucci light" susceptibles de mettre en valeur le caractère de celles qui les porteront...
PS : Il existe des exceptions à la malédiction Gucci : on pense notamment à Dakota Johnson, à qui Gucci sied plutôt bien (voir ici et là).
Par Lise Huret, le 15 février 2017
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