Wanted : un maillot de bain une pièce sportif mais féminin
S'il arrive que l'achat d'une paire de baskets, de lunettes de soleil ou d'un bijou donne naissance à un fugace - mais néanmoins réel - moment de plaisir, la quête d'un nouveau maillot de bain s'apparente chez moi davantage à une séance de roulette pratiquée sans anesthésie chez le dentiste…
Mars 2017, Toronto. Alors que je pénètre dans une petite boutique dédiée au "swimwear" à la recherche d'un maillot une pièce susceptible de remplacer le bikini Rip Curl acheté quelques années plus tôt à Vancouver, je suis bien décidée à expédier cette corvée le plus vite possible. Il faut dire qu'après plusieurs semaines d'investigation, l'exercice consistant à me mettre à moitié nue dans une cabine d'essayage aux rideaux trop étroits sous une lumière blafarde mettant en relief la moindre aspérité de mon épiderme commence sérieusement à me crisper.
C'est ainsi les dents serrées et le regard en mode laser analytique que je fais défiler les maillots qui se balancent sur les cintres devant moi. "Trop échancré". "Trop rose". "Non mais c'est quoi cet imprimé banane ?".
C'est alors que je l'ai vu. Avec son zip central, ses petites manches pas trop longues et son noir élégant, il méritait que j'aille me dénuder une ultime fois dans l'atmosphère glaciale d'un de ces confessionnaux hostiles où ressurgissent nos pires complexes.
Face au miroir, ledit maillot tient toutes ses promesses. Je ne prolonge cependant pas outre mesure notre petit tête à tête, sachant fort bien qu'une bonne impression peut se voir rapidement balayée par un micro détail ayant moins à voir avec le modèle qu'avec la vision négative que j'ai de mon corps.
À l'usage, celui-ci se révélera parfait : zippé jusqu'en haut, il était idéal pour les sports nautiques ; il pouvait également se faire aussi sensuel que n'importe quel deux pièces (en faisant descendre le zip de 10/12 cm). Je pense par ailleurs n'avoir jamais reçu autant de compliments pour un maillot de bain de la part de la gent féminine (les hommes étaient quant à eux un peu plus circonspects, mais qu'importe : en matière de maillot de bain l'avis des autres est secondaire, se plaire à soi-même étant déjà un miracle en soi). Oui mais voilà, après plusieurs années de bons et loyaux services, celui qui connut successivement les vagues de Miami, l'eau claire des rivières de Lozère, la morsure des eaux du lac Ontario et le chlore de la piscine de notre ancien immeuble a fini par se distendre : son zip gondole et ses empiècements en "résille" boulochent. La mort dans l'âme, j'ai donc dû me résigner à repartir en quête du Graal décliné en lycra...
J'ai ainsi écumé Instagram, essayé des modèles fast fashion prometteurs sur le papier mais décevants en cabine, pensé à soudoyer les vendeuses de chez Ères pour qu'elles m'offrent en cadeau de bienvenue au Portugal 99% de réduction sur ce maillot à 500 euros, envisagé une liposuccion, réalisé que je ne voulais plus de petites manches et que le zip était mon allié, compris que deux centimètres de plus ou de moins en matière d'échancrure sur la jambe pouvaient TOUT changer et accepté que la recherche du maillot de bain parfait me rendait imbuvable…
Bref, après un début de dépression "post-essayage infructeux" (couplé à l'envie de plus en plus pressante de me mettre au naturisme), j'ai fini par commander quelques maillots sur internet. Ils sont arrivés vendredi.
Or, il s'avère que coche pour moi toutes les cases : bleu marine, zippé sur le devant, joliment échancré, pourvu d'un élégant dos nu et arborant un mix polyamide/élasthanne de qualité. À tel point que je me dis que cette version maillot de bain du K-way de mon enfance pourrait bien remplacer avec panache son prédécesseur. À suivre...
Maillot de bain K-way, .
Par Lise Huret, le 22 juin 2020
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