Chronique #176 : Cher Instagram...
Je me souviens avoir longtemps résisté lors de ta montée en puissance : je ne voyais pas la nécessité de souscrire à un réseau social basé sur la diffusion d'images, et ce d'autant plus que je n'aimais pas prendre des photos et encore moins me prendre en photo. Et puis les mois ont passé et, à force d'entendre mes amies chanter tes louanges, j'ai fini par abdiquer.
Au début, j'ai balbutié. Convaincue de n'avoir d'autre choix que de poster du contenu original, je t'utilisais uniquement pour diffuser les photos de nos escapades valant le coup (Toscane, Chicago, New York, Floride, Arizona...). Approvisionnée de manière irrégulière, cette galerie de visuels personnels n'ayant rien à avoir avec la ligne éditoriale du site fédérait un nombre limité de "followers", mais j'y accordais peu d'importance. Nos posts recevaient peu de commentaires ? Aucun problème : l'enjeu était pour moi ailleurs, à savoir sur notre site.
Nous avons fonctionné ainsi pendant 6 ans. Jusqu'au jour où je compris que tu pouvais devenir une vraie prolongation de Tendances de Mode. Il me suffisait pour cela de relayer chez toi les articles publiés sur TDM, mais aussi et surtout d'y publier les meilleurs combos photos/textes de notre section Brèves.
L'exacerbation du besoin de communiquer lors du premier confinement et la facilité déconcertante de lancer un live sur ta plateforme achevèrent de me convaincre de m'investir plus personnellement sur notre compte. Semaine après semaine, je me suis ainsi mise aux Stories (tu as décidément le chic pour nous rendre addicts à tes nouvelles fonctionnalités), j'ai dépassé les sujets mode pour aborder des thématiques bien plus personnelles et j'ai fait primer la spontanéité sur la préparation et l'impulsion sur la perfection. Des choix qui m'ont permis de tisser des liens d'une saveur rare avec une communauté que je découvrais aussi présente que touchante. Entre les vidéos provoquant des échanges intenses, les Stories clin d'oeil et les commentaires se répondant, la vie était devenue douce sur Instagram…
Et puis mercredi matin, le choc : "Votre compte a été désactivé".
Euh… Instagram ? Comment peux-tu faire table rase de milliers de posts, de dizaines de vidéos sans une once d'explication, sans le moindre préavis ? Toi qui a si peur de froisser la pudeur de tes utilisateurs en laissant apparaître une paire de seins, as-tu pensé avant d'appuyer sur le bouton "shutdown" que nos 36000 followers n'étaient pas une succession de 0 et de 1, mais bel et bien des individus de chair et d'os ayant tissé un rapport particulier avec notre compte ?
Que dire par ailleurs de ton mutisme hautain, glacial, fracassant ? Impossible en effet de te joindre, impossible de connaître les raisons de ton geste... impossible donc d'y remédier. Impossible également de communiquer sur ta plateforme avec ma communauté, ne serait-ce que pour les rassurer.
En ce premier jour d'octobre, une question qui me trotte dans la tête : qui es-tu pour scier sans le moindre état d'âme un jeune chêne dont l'ombre offre de temps à autre un peu de répit à ceux qui le croisent ? Penses-tu que la toute-puissance de ton algorithme légitimise une inhumanité brutale ? Que nous arrivions ou non à récupérer notre compte, cette expérience aura au moins eu le mérite de me faire comprendre que le confort que tu sembles nous offrir n'est en réalité qu'une illusion...
Si vous désirez nous aider à récupérer notre compte, vous pouvez communiquer sur Instagram avec le hashtag #wewanttendancesdemodeback en vous adressant à @instagram. Merci beaucoup.
Par Lise Huret, le 01 octobre 2021
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