Créatrices de mode : le bon style ?
Elles pensent nos garde-robes plusieurs saisons en avance, nous imaginent tour à tour puissantes, fragiles ou versatiles et renouvellent régulièrement les proportions de nos silhouettes. Mais qu'en est-il lorsque ces directrices artistiques se retrouvent devant leur propre penderie ? Quel message ont-elles alors envie d'envoyer ? Quelle importance accordent-elles à leur propre allure ?
Margaret Howell
Avec ses pulls col rond, ses chinos tout terrain et ses baskets confortables, la créatrice britannique est l'incarnation de l'ADN de sa griffe, que l'on pourrait résumer en trois mots : confort, pragmatisme et durabilité. Et si l'on décèle au sein de ses collections un brin plus de fantaisie que dans ses propres uniformes, le lien entre les deux n'en demeure pas moins évident. Une évidence faite d'honnêteté et d'authenticité. En la voyant, on comprend où elle désire emmener ses clients. On sent également qu'elle ne fait pas semblant. Son travail apparaît comme une extension de ce qu'elle prône au quotidien.
Phoebe Philo
Si lorsque l'on évoque l'ex-directrice artistique de Céline, on pense immédiatement silhouette filiforme, cheveux tirés en arrière et look minimaliste/casualwear parfaitement calibré, il n'en a pas toujours été ainsi. Il faudra en effet attendre l'arrivée de la jeune femme à la tête de l'actuel fief d'Hedi Slimane pour voir celle-ci affûter son style. Cette mutation - qui n'est en réalité que l'affirmation de partis pris auparavant en gestation - va alors de pair avec la définition d'une femme Céline correspondant aux goûts personnels de la créatrice. Or, c'est précisément cette alchimie qui fit décoller le chiffre d'affaires de la griffe… Si elle ne portait pas ses créations en total look, Phoebe Philo était en effet la meilleure ambassadrice de la maison parisienne, tant elle incarnait ce qu'elle développait au sein de ses collections, à savoir une nonchalance au maintien paradoxalement parfait, une douceur rigoureuse et une féminité cérébrale...
Stella McCartney
Ayant prouvé depuis longtemps que son patronyme avait peu à voir avec son succès, Stella McCartney impacte depuis plus de 20 ans le paysage fashion par ses engagements forts, ses créations must have et ses collaborations avec l'univers du sportswear. Une reconnaissance qui, plutôt que de permettre à la quinquagénaire de s'épanouir stylistiquement parlant, semble au contraire l'avoir propulsée dans un abîme de questionnements, de diktats et de projections. Et si elle parvient régulièrement à faire illusion en se glissant dans ses créations, elle n'arrive cependant pas à rayonner, à faire un avec ce qu'elle porte (voir ici, ici, ici, ici, ici et là). Comme si une tension intérieure l'empêchait d'incarner pleinement ce qu'elle esquisse à travers ses collections. C'est d'autant plus regrettable que lorsqu'elle relâche la pression, les choses deviennent tout de suite plus fluides esthétiquement parlant (voir ici et là)...
Isabel Marant
Avec les années, le style d'Isabel Marant s'est épuré en s'affirmant : oubliées les coiffures hasardeuses, le no make-up et les vêtements un peu mous. La compagne de Jérôme Dreyfuss s'est en effet rendue compte que le bun était son meilleur allié, que les cheveux argentés fonctionnaient bien avec sa carnation et que le rouge à lèvres pouvait avoir un effet magique sur l'allure. Mais aussi que les blazers et autres pièces structurées étaient le pendant indispensable aux vêtements plus souples. Et si la créatrice a tendance à surconsommer ses propres créations - en abusant parfois des micro longueurs ou des carrures oversize - cela reste néanmoins toujours relativement cohérent (il faut dire que la chouchoute des Parisiennes crée avant tout pour des femmes de son gabarit). Et si l'on lui laisse ses mini shorts, force est de constater que ses looks plus casuals (voir ici et là) font quant à eux l'unanimité.
Victoria Beckham
Créatrice bien entourée ou génie autodidacte ? Victoria Beckham est et restera un mystère. Son style ? La reproduction parfaite des silhouettes aperçues sur ses défilés. Il faut dire qu'avec sa ligne plus que svelte, cette mère de 4 enfants peut se glisser sans mal dans n'importe quel prototype de taille 0. Oui mais voilà, si l'agencement de ses vêtements s'avère généralement irréprochable et leurs teintes parfaitement coordonnées, force est de constater que l'extrême contrôle émanant de l'ex-spice girl perturbe hautement le rendu final de ses looks (voir ici, ici, ici, ici et là). En les observant, nous percevons ainsi de manière dissociée son corps tendu, sa moue indéfinissable, sa gestuelle crispée... et ses vêtements parfaits. Nécessaire au bien aller de l'allure, la fusion entre ces divers éléments semble ici impossible.
Miuccia Prada
S'il lui a fallu quelques années pour définir son uniforme (voir ici), Miuccia Prada peut aujourd'hui se targuer d'avoir réussi à se composer une silhouette à la fois unique et identifiable. Celle qui travaille désormais en duo avec Raf Simons mise en effet régulièrement sur le duo jupe midi de caractère + top sobre (voire casual). Une base dont elle fait varier les détails en fonction de la tonalité de ses collections (voir ici, ici, ici, ici et là). On lui envie la tranquillité d'esprit que doit apporter la découverte de son équation stylistique parfaite...
Mais aussi...
Les soeurs Olsen qui, en créant The Row, ont développé un style personnel faussement monacal faisant la part belle aux monochromes et aux pièces oversized (voir ici, ici, ici et là).
Consuelo Castiglioni qui transcenda - lors de son passage chez Marni - ses créations grâce à une allure solaire (voir ici, ici, ici et là).
Par Lise Huret, le 15 octobre 2021
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Je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi en ce qui concerne Victoria Beckham. J'adore la majorité de ses tenues et je trouve que c'est l'une des meilleurs ambassadrices de sa marque. Il faut passer outre la moue figée, qui va avec le personnage.