La paillette urbaine
Celles qu'on affectionne tout particulièrement sont les paillettes qui recouvrent des éléments connus de notre vestiaire : baby doll, jupe crayon ou boule… Ainsi, on ne se pose pas de question et on les accessoirise comme à notre habitude. Pour y parvenir, on banni définitivement de notre esprit l'association paillette/disco, que l'on remplace par paillette/urban hype.
C'est avec le look Barbara Bui que tout a commencé. Leggings, bottines fourrées et sac en croco chic : le lexique idéal pour se composer une allure de rentrée studieuse. Cependant, la sage tunique qui a l'habitude de parfaire le tout s'est métamorphosée en une adorable baby doll finement strassée. Dès lors, on se prend à rêver à un mois de septembre où fantaisies nocturnes auraient droit de citée au bureau, où le scintillant se marierait avec l'opacité duveteuse de nos collants de laine. Bonne nouvelle, les songes deviennent réalité et il est même conseillé de les vivre éveillée…
Chez Céline, la working girl décide que le sérieux sans faille est dépassé, et qu'il est temps de faire rimer veste cintrée, déjeuner d'affaires et humour. Et si cet hiver le total look noir est permis, on mettra un point d'honneur à le faire exister par de savants jeux de matière où les strass et autres brillants ont une place certaine. Grâce à cette accessoirisation ultra chic tout droit sortie du derby proposée par Ivana Omazic, on peut prédire que les paillettes sont en voie de réhabilitation chic.
Cependant tout ne peut pas être parfait au pays de la paillette… Karl Lagerfeld, qui pour la première fois nous a quelque peu déçu avec son opus Chanelien 2007/2008, associe le brillant au luisant… le revival "Splash in the city" n'est pas loin. Le côté sirène sur le bitume est, il faut l'avouer, moyennement séduisant. Toutefois, si l'on extrait du look la jupe princesse des glaces, on trouvera à la rendre ultra trendy et pointue, à base de long gilet gris, de tee-shirt flou et de low boots. La paillette rock and roll
Qu'on se le dise, l'attitude rock and roll ne rime plus avec micro short, bottes de pluie et dégaine débraillée. En cette saison de changements, on peut distiller nos envies d'anti-establishment en télescopant les genres, du plus chic à l'underground.
Très dark médiéval pour Burberry Prorsum, l'époque Paco ne semble pas si lointaine, la mini robe armure en est le symbole même. Cependant le cuir lustrant, les collants réglisses et les richelieu vernis emmènent cette tenue vers d'autres cieux que ceux du glamour siglé Rabanne. Guerriers, les sequins d'argent se patinent grâce à la sobriété sombre et néo-classique qui les entoure. On peut donc se permettre les pièces les plus folles, à condition d'y centrer l'attention, et non de l'éparpiller en choisissant une accessoirisation trop présente.
Pour Balmain comme pour Chloé, c'est l'équation paillettes/jambes nues/bottines qui a été retenue. L'aspect clinquant des franges strassées ou des sequins baguettes est annihilé par l'absence de collants irisés et d'escarpins fatales. La pièce bijou-minimaliste se suffit à elle-même. Exit le make up vamp', les talons vertigineux et les coiffures crawlées. Libres et rocks, les attributs du chic descendent dans la rue, qui se les approprie en leur conférant un aspect brut hautement désirable. La paillette cosy
En une seule saison, la paillette a fait le tour des différents genres et ne semble en avoir oublié aucun : tenues de soirées revisitées et détournées, usuels transformés et sportswear cosy illuminé. Assez bluffant pour une petite nouvelle dont l'avenir reste incertain…
Les paillettes argentées, chez Malo, transposent le gilet XXL dans la catégorie casual élégant. Elles rehaussent l'imposant volume, en l'aérant grâce à leurs multiples reflets. Le gilet devient tout terrain et peut relever le basic ou sublimer le sophistiqué…
Conceptuel va rarement de pair avec confort, de même que les paillettes ne sont pas synonymes de moelleux… et pourtant Martin Margiela fera mentir toutes nos idées reçues. Sa cape doudoune-sexy-douillette est tout simplement… comment dire… WANTED !
Matthew Williamson quant à lui, traite les paillettes à égalité avec l'ensemble des moyens d'expression qui s'offrent à un styliste. Pas de surenchère, pas de sacralisation du brillant, inspiration ethnique et streetwear se conjuguent, on en oublierait presque que cette robe housse brille de mille feux !
Après avoir inspecté de près le sujet "paillette", on est juste convaincue qu'elles passeront par nous d'une manière ou d'une autre… Et pour être tout à fait franches, on sait exactement de quelle manière, on hésite juste entre la robe à sequin blanc de chez Paul & Joe et la noire à paillette de chez Maje…
©photo : Vogue
Par Lise Huret, le 30 août 2007
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