Le jeune Valentino Garavani naît à Voghera (petite ville au sud de Milan) en 1932. Il grandit dans un milieu aisé, qui lui permet d'assouvir très tôt ses désirs en matière d'élégance. Le jeune Valentino exige ainsi des pulls over et des chaussures faits à ses mesures, ce qu'il obtiendra... Son avenir est pour lui très clair : il travaillera dans la mode. Ses parents ne s'y opposant pas, il entre à l'institut de la mode de Milan. Il y fait ses premiers pas, y confirme sa vocation puis s'envole vers Paris (à 20 ans) afin d'intégrer la Chambre syndicale de la Couture Parisienne.
Diplôme en poche, le jeune italien est embauché chez le couturier Jean Dessès, chez qui il restera cinq ans. Chez ce dernier, Valentino n'a au début pas de fonction attitrée : il sera donc tout à tour habilleur, styliste, coursier... Cependant, au contact du couturier grec, il pénètre dans un univers haut en couleur composé de stars de cinéma, de princesses et de femmes du monde, ce qui lui permettra de se faire aux us et coutumes du milieu.
Il s'en va ensuite travailler auprès de Guy Laroche, puis décide de tenter sa chance en solo en 1959. Soutenu financièrement par ses parents, Valentino ouvre sa maison de couture en plein cœur de la Rome historique, au 11 via Condotti. Cette collection a beau être la première, on y trouve d'ores et déjà ce qui composera le style Valentino. Ses créations sont en effet audacieuses sans être choquantes, les coupes classiques se mêlant à des teintes fortes, le tout cousu dans des matières luxueuses.
Valentino possède une idée bien arrêtée de ce qu'il désire offrir aux Italiennes, à savoir des toilettes élégantes, sublimant leur féminité sans pour autant les transformer en simples mannequins sujettes aux aléas de la mode. Pour cela, il met en place de nombreux codes qui - quelles que soient les époques - seront toujours d'actualité, de par leur densité en matière d'élégance.
Le rouge Valentino - inspiré d'un souvenir d'enfance du couturier - devient ainsi l'un des piliers de ses collections (elle est d'ailleurs selon lui la seule couleur digne de concurrencer le blanc et le noir). En 1960, Valentino rencontre Giancarlo Giammetti et le couturier se sent pousser des ailes. Ensemble, ils déménagent le showroom, le rendant plus accessible. Giancarlo prend en main toute la partie commerciale et communication, afin de faire découvrir au monde le talent de son ami...
En 1962 a lieu à Florence le premier défilé Valentino. C'est un triomphe : le monde de la mode découvre un couturier ambitieux et passionné, au savoir-faire irréprochable, possédant un sens du style proche de la perfection. La légende Valentino est lancée, elle ne s'arrêtera plus.
Giancarlo Giammetti lui fait alors rencontrer le gotha des célébrités, d'Audrey Hepburn à Elisabeth Taylor, mais c'est seulement en 1964 (lorsque Jacky Kennedy lui commande toute une garde-robe afin de sortir de son deuil) que la renommée de Valentino dépasse les frontières. En 1965, le jeune Valentino devient d'ailleurs le porte-drapeau de la Haute Couture italienne, puis reçoit le Neiman Marcus Award à Dallas en 1967.
Valentino est alors en train de devenir l'un des symboles d'un luxe à la fois décomplexé et sensuel. Ce statut sera confirmé par sa collection printemps-été 1968, nommée collection blanche. Cette dernière, totalement à contre-courant des tendances du moment (alors que Saint Laurent est en pleine exploration picturale), fera exploser la côte de Valentino, d'autant plus que Jacky Kennedy y trouvera sa robe pour son mariage avec Aristote Onassis.
À cette époque, Valentino a déjà définitivement imposé sa vision de la couture. Il crée une mode à l'écart des innovations stylistiques de ses confrères, se focalisant sur l'élégance, l'allure et encore l'élégance. Il affine son style, épure ses lignes, fait de la taille - qu'il désire très fine - son point d'ancrage, développe les volumes, travaille les imprimés fauve ou floraux et les aplats de couleurs avec pour seule envie de célébrer la silhouette des femmes, afin de révéler leur sensualité. Il avoue ainsi désirer les vêtir toutes sans exception, les belles et les moins belles, à condition qu'elles aient "du chien" et qu'elles fassent vivre ses créations.
Par ailleurs, si splendides soient ses collections, le couturier met un point d'honneur à ce qu'elles soient ancrées dans la réalité, afin de pouvoir évoluer en dehors des podiums (l'inverse serait même pour lui un non-sens). Il y parvient d'ailleurs fort bien, les tapis rouges ayant toujours fait la part belle aux toilettes du couturier.
En 1974, l'heure est au développement : sous l'impulsion de Giancarlo, il crée une ligne de prêt-à-porter qui va lui permettre de toucher une large clientèle à l'internationale. En 1975, il défile ainsi à Paris, puis à New York en 1982. Valentino ne connaît plus aucune frontière, partout les femmes lui vouent un véritable culte.
Les années 80 sont celles de la reconnaissance : il dessine des costumes pour les JO de Los Angeles, reçoit la plus haute distinction italienne (Cavaliere di Gran Croce), défile à Hollywood et présente pour la première fois sa collection Haute Couture à Paris en 1989. Valentino est partout et ne se démode pas, sachant insuffler à ses toilettes une once d'air du temps, rendant l'élégance transgénérationnelle. Il est pourtant à contre-courant de la mode des années 90, mais ne change pas pour autant. À côté des délires tycoon de certains couturiers, Valentino reste une valeur sûre.
Les années 2000 sont celles de la consécration : les distinctions pleuvent, tandis que les prix célébrant son talent et sa contribution à la mode se bousculent au portillon. Sur le plan économique, Valentino change de mains : il est racheté par la firme italienne HDP, puis est acquis en 2002 par le géant milanais Marzotto. Néanmoins, jusqu'en 2008, Valentino Garavani reste aux commandes de la griffe, et continue d'y célébrer le glamour sous toutes ses coutures. En janvier 2008, il tire sa révérence après 45 années au service de l'élégance...