Tout commence en 1876, lorsqu'un couple de parisien, Angèle et Alphonse Lancel, décide d'ouvrir une fabrique spécialisée dans les accessoires pour fumeurs. La boutique est rapidement appréciée de la clientèle bourgeoise, qui y trouve des produits de qualité, parfaits pour offrir ou pour briller en société, sélectionnés avec soin ou créés dans l'atelier de la maison. Face à leur succès grandissant, les Lancel diversifient leur offre et l'on peut bientôt trouver chez eux des produits d'horlogerie, de la porcelaine ou encore des bijoux.
En 1883, alors les femmes se mettent à fumer, les Lancel sentent que les mœurs sont en train de changer et décident de suivre le mouvement. Ils conçoivent ainsi de longs et raffinés fume cigarette, que les élégantes s'arracheront dans les boutiques Lancel et qui seront désormais implantés dans différents endroits de la capitale, ainsi que dans les lieux prisés de villégiature.
Toujours en vue de satisfaire la demande de la société avant que celle-ci ne l'ait formulée, les Lancel montent un atelier de maroquinerie vers 1900, afin de concevoir les premiers sacs à main. Ceux-ci sont devenus indispensables à cette femme du 20e siècle qui fume et qui transporte de l'argent avec elle...
En 1901, Albert, le fils Lancel, reprend l'affaire et fait rapidement preuve d'une grande clairvoyance. Il sait que le monde est en train de changer, et qu'il faut innover sans cesse pour séduire la clientèle. Doué et visionnaire, Albert fait de Lancel l'une des maisons phares en terme de maroquinerie et d'accessoires.
L'entre-deux-guerres, bercé par les années folles, est une période ultra-créative chez Lancel, qui fait preuve d'un sens de l'innovation remarquable. De nombreux brevets sont alors déposés, tels que le premier briquet automatique permettant aux femmes d'allumer leur cigarette sans se salir les doigts, la radio portative (parfaite pour une clientèle goûtant aux joies des voyages), la malle Aviona (qui s'adapte aux voyages en avion) ou encore le sac parapluie.
En 1929, Lancel affiche clairement sa réussite en mettant au jour un projet révolutionnaire : un bateau amiral de 4 étages, place de l'Opéra, consacré à l'univers de la griffe. Pratique, novateur et élégant, voici l'équation qui fait de Lancel l'une des griffes les plus prisées de l'époque.
Durant les années 50, Lancel continue de précéder l'air du temps. Sans rien renier de sa nature de maroquinier de luxe, la marque s'adresse à cette population des congés payés, avide de profiter de leurs nouveaux loisirs. Elle créé ainsi pour eux l'un des musts de la maison : la valise Kangourou, munie d'une poche extérieure. Celle-ci rencontrera un succès retentissant.
En 1970, les frères Zorbide (alors sous-traitants de la maison Lancel) rachètent la griffe, avec pour objectif d'en faire une marque encore plus dynamique, axée sur la jeunesse et la proximité. Ils modifient donc la communication et les choix marketing, conférant ainsi à Lancel une renommée internationale. Ils lancent en 1982 la ligne mistral, mettant à l'honneur des matières pratiques et confortables (comme le nylon), marquant alors une véritable révolution dans le monde du bagage de sport.
L'année 1987 est celle qui verra naître Le best-seller de la griffe. Le sac Seau de Elsa sera ainsi vendu dans le monde entier, à plus de 2 millions d'exemplaires...
Il faudra cependant attendre 1997 pour que Lancel atteigne le rayonnement qu'on lui connaît aujourd'hui. C'est en effet le rachat de la société par le groupe de luxe Richemont qui va redonner à Lancel cette patine luxe qu'elle avait un peu égaré vers la fin des années 80. Le groupe va réorganiser la griffe en développant son réseau à l'international et en repositionnant son image sur un créneau plus luxe.
Les produits collent ainsi plus à la tendance et marquent leur appartenance à Lancel, les boutiques se font plus haut de gamme... La maison propose alors une offre binaire : des sacs très luxe, dans la tradition Lancel, et de plus petits modèles, davantage susceptibles de séduire un grand nombre de fashionistas. Le sac Seau laisse petit à petit la place à des créations plus modernes, telles que le Pamoison ou le Premier Flirt.
Ce concept fonctionne à merveille, si bien que les ventes du flagship des Champs Elysées sont au beau fixe, attirant les touristes comme n'importe quelle autre griffe de maroquinerie de luxe, tout en conservant ses habituées...
Point de vue communication, la maison Lancel a joué la fraîcheur en faisant de la championne de natation Laure Manaudou son égérie pendant deux saisons. Loin du cliquant des starlette, la sportive incarne une jeune femme dynamique, encline à la performance mais sans renier sa féminité. Cette image fait mouche auprès des clientes Lancel, et la griffe y gagne alors en dynamisme et visibilité.
Pour sa dernière campagne, c'est Isabelle Adjani qui succède à Laure Manaudou. Changement de style, image plus mystérieuse, plus troublante, qui pourrait dévoiler une autre facette Lancel...