Plus roots que jet set (à l'image de sa créatrice), la fille Isabel Marant n'est pas du genre à troquer un plan road trip contre un week-end à Dubaï. C'est en tout cas l'impression donnée par le contenu de sa valise estampillée été 2012, qui semble avoir été composée au gré de ses pérégrinations multiculturelles, où elle sut apparemment trouver de quoi flatter sa nonchalance étudiée.
À elle ainsi les tricots colorés "faits main" (suffisamment amples pour se transformer dès la nuit tombée en petite robe cosy), les tee-shirts délavés et anoraks légèrement oversize dénichés sur un campus yankee, les jeans et gilets confiés aux bons soins d'une brodeuse du Rajasthan et les slims tie and dye achetés dans une boutique de Bombay...
Dans la pratique, ces mix and match de pièces ethnico-sporty ont cependant tendance à composer des looks inégaux, tantôt seyants (lorsque maille, broderie et tie and dye se mélangent), tantôt totalement premier degré (quand la Marant's girl se contente d'enfiler un jersey de coton inspiration football américain sur un pantalon de jogging ou lorsqu'elle associe mini robe en patchwork douteux et chemise de bûcheron XXL).
Aussi versée dans l'esthétique melting pot soit-elle, Isabel Marant n'en oublie par ailleurs par pour autant que sa cliente, citadine dans l'âme, ne peut se passer de sa touche de sexyness réglementaire. La créatrice parisienne n'hésite ainsi pas à associer tricots effilochés et sandales ultra hautes perchées, à marier maille généreuse et doublure en résille, à raccourcir la longueur de ses traditionnelles robes lilliputiennes ou encore à convoquer l'imprimé python sur certains tops et slims.
Passée maître dans l'art de rendre désirables aux yeux des modeuses des pièces clairement sans intérêt (on pense notamment au marcel en filet), Isabel Marant ne devrait au passage avoir aucun mal à convaincre les Kate Bosworth and co d'adopter ses ultra-basics tee-shirts quarterback...
En résumé, s'il ne manquera pas de faire le bonheur des clientes de la griffe parisienne, le très "cool" défilé printemps/été 2012 d'Isabel Marant n'en pèche pas moins par manque de prise de risque. Il est vrai que celui-ci exhale un léger parfum de déjà vu, si ce n'est une vague odeur de paresse stylistique.
Dommage, au vu de son indéniable talent, qu'Isabel Marant ne se contente plus désormais que de produire du commercialement bankable...
Par Lise Huret, le 01 octobre 2011
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