Au fil des mois, la tendance se muait cependant en gimmick quasi intemporel. Et si certaines modeuses forcèrent le trait en arborant des jeans outrageusement déchiquetés, le denim subtilement égratigné laissant apparaître le genou me faisait toujours autant d'effet.
Je me résolus donc récemment à donner un second souffle au slim noir en fin de vie qui traînait au fond de mon placard, à coups de ciseau à ongles et de papier de verre. Je commençai pour cela par faire une petite incision au niveau du genou, que j'élargis ensuite à la main. Une fois la largeur de la fente jugée satisfaisante, je ponçai les bords de cette dernière, avant de mettre le tout à la machine à laver (afin de faire s'effilocher l'ensemble).
Le lendemain, j'enfilai mon jean "enfin" destroy pour aller déjeuner avec une copine travaillant dans la mode. Son regard approbateur à la vue de mon genou mis à nu me confirma que j'avais bien fait. Un sentiment de douce satisfaction qui ne tarda cependant pas à céder la place au doute...
Il faut dire qu'en dehors du petit milieu de la mode, mon jean déchiré provoqua plus de consternation que d'admiration : entre la pédiatre BCBG qui eut du mal à rédiger son ordonnance tant mon jean la perturbait, ma mère qui me proposa gentiment de recoudre ce dernier, la fillette d'une amie qui me demanda si je m'étais fait mal en tombant et mon voisin septuagénaire qui me dit gentiment dans l'ascenseur "ah oui c'est vrai, vous travaillez dans la mode !", je compris rapidement que ma petite prise de risque stylistique était loin de faire l'unanimité…
Instructive (mais aussi un peu humiliante), cette petite expérience me permit de réaliser à quel point les lubies fashion du microcosme de la mode peuvent parfois apparaître saugrenues aux yeux des profanes...
Par Lise Huret, le 14 mars 2014
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