Vivre au rythme d'une mini tribu d'enfants (de 14 mois à 12 ans).
Consommer des produits de la région, entre fromage de chèvre artisanal, confiture de fraises de Plougastel et beurre de Bretagne.
Essayer une combinaison en néoprène (pour le surf) et m'entendre dire par la vendeuse quinquagénaire "vous n‘êtes pas bien épaisse", alors qu'à Paris j'ai souvent l'impression de ne jamais être assez mince...
M'endormir avec le bruit des vagues.
Me réveiller avec le bruit des vagues.
Waxer ma planche en regardant Charles sucer goulûment ses petits doigts pleins de sable.
Sentir l'eau se retirer sous ma planche quelques secondes avant d'être saisie par la vague.
Rire dans les rouleaux avec mes adorables nièces.
M'endormir en quelques minutes, le corps agréablement épuisé. Réussir à faire abstraction de la charge calorique du Kouign-amann.
Me blottir dans le canapé et dévorer "Bonne à (re)marier" (conseillé par Charlotte).
Ecouter mes nièces me raconter leur vie de collégienne et savourer le fait d'en avoir fini avec l'adolescence et ses incertitudes.
Discuter théologie au coin du feu avec le beau-père de ma grande soeur.
Ne pas écrire pour Tendances de mode et sentir monter au fil des jours l'irrépressible envie de reprendre la plume.
Avoir les cheveux gainés de sel et profiter de leur texture éphémère pour les nouer en queue de cheval 100% californienne.
Tester toutes les boulangeries du village et savourer leurs pâtisseries à 1 euro, alors qu'il m'en coûterait facilement le double - voire le triple - à Paris.
Mettre à Charles ses petites bottes rouges et son ciré jaune, afin de lui permettre d'affronter dignement les éléments.
Faire des balades interminables et être subjuguée par la beauté sauvage de la presqu'île de Crozon. Me réchauffer en buvant de l'hydromel local (chouchen).
Passer la semaine en jean et gros pull.
Me mettre à table tous les midis autour d'un délicieux repas préparé par ma grande soeur.
Admirer le visage des pêcheurs buriné par le vent.
Rêver devant les pittoresques petites maisons de pierres bordant la falaise.
Courir sur le sable et me gorger d'air iodé.
M'offrir une "vraie" marinière.
Retomber chaque matin amoureuse de mon mari et de mon fils.
Epilogue
Fin de journée. Après deux heures passées dans l'eau, une vague plus forte que les autres me surprend. Mon surf m'échappe, la vague me brasse et soudain je sens la planche heurter violemment mon visage. Sous le choc, le sillon naso-labial éclate. Une heure plus tard, le médecin, soucieux de m'éviter de disgracieux points de suture, décide de me poser des Steri-Strips. Face à l'éventualité d'avoir le visage marqué, je prends soudainement conscience de la futilité de mes anciens complexes...
Par Lise Huret, le 31 octobre 2014
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