Lundi
Il n'est pas rare de voir ressurgir au sein du paysage mode une pièce faisant écho à un moment précis de notre passé. Et s'il s'agit souvent d'un classique directement lié à une époque (et donc familier de la plupart d'entre nous), il arrive parfois que le souvenir soit plus intime, plus personnel et génère un sentiment curieux, entre surprise et mélancolie. C'est précisément ce que je ressentis en voyant Emmanuelle Alt ceinturée dans un manteau en laine rugueuse et rayée, qui ressemblait à s'y méprendre à la djellaba en laine que j'avais revêtu en 2002 à l'occasion d'un goum - randonnée au long cours à dimension spirituelle où l'on jeûne la journée et bivouaque à la belle étoile - en Bosnie. Ce vêtement que nous devions tous porter gommait nos différences, protégeait du soleil et nous faisait sentir plus humble. Après l'avoir dans un premier temps trouvé affreux, j'appris au fil des jours à l'accepter, puis à l'aimer. Treize ans plus tard, cela me fait tout drôle de le retrouver totalement hors contexte sur la rédactrice en chef de Vogue Paris : ce manteau du pèlerin - inspiré des bédouins - est désormais trendy ! Et si je n'ai pas cherché à connaître sa provenance (Isabel Marant ?), l'envie de repartir gravir les sentiers escarpés de Bosnie s'est quant à elle réveillée...
En remontant le boulevard Saint-Germain, je tombe devant plusieurs affiches publicitaires "Acne", "IRO" ou encore "Manoush" placardées en mode "affichage sauvage". Un phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur et dont je ne sais que penser : une part de moi apprécie sa dimension "street art", tandis que l'autre est décontenancée par l'invasion "agressive" de ces marques au sein du paysage visuel urbain...
Mardi
Après de longs mois passés dans l'angoisse d'égarer le meilleur ami de mon fils (son âne en peluche), j'ai récemment fini par dénicher son clone sur internet. Rangé bien au chaud, ce dernier attend désormais sereinement de jouer son rôle de doublure. Je n'avais jusqu'ici jamais rien acheté en double, mais l'apaisement que me procure cet achat me fait sérieusement envisager de reproduire l'expérience avec certaines pièces de ma garde-robe...
Sur les conseils de Géraldine, je file voir la nouvelle collection de la jeune griffe Coperni. Entre pièces épurées en popeline de coton, jupes trapèzes en daim plus que parfait et pulls ultra fins aux manches étroites et longuissimes à nouer sur le poignet, je tombe tout de suite amoureuse de ce petit bijou made in France. Sébastien Meyer et Arnaud Vaillant - deux garçons d'une rare gentillesse - font partie de cette nouvelle garde qui me donne envie de continuer de croire en la mode. En repartant, je me rends compte que je n'ai rien "instagramé" : je n'ai toujours pas le réflexe de sortir mon téléphone afin de faire une photo. D'autres le font très naturellement, mais moi je n'y arrive pas, j'ai toujours l'impression de "casser" le moment...
Mercredi
7h - Le réveil sonne : je me lève et sors Charles de son lit. Je le laisse rapidement vaquer à ses occupations et commence ma micro séance de yoga matinal, qui consiste à enchaîner quelques Sirsasana (équilibre sur la tête). Quelle n'est alors pas ma surprise de voir mon petit garçon d'un an et demi délaisser ses voitures pour venir tranquillement à mes côtés poser la tête sur le sol, lever les fesses vers le haut et attendre patiemment que je finisse mon équilibre. Vous avez dit mini yogi ?
Depuis que j'ai adopté le pantalon large, je suis obnubilée par le concept du body, qui m'apparaît comme La pièce ultime pour porter mes pantalons (qu'ils soient taille haute ou taille basse). Oui mais voilà, le parfait body n'est malheureusement pas si facile à trouver : ceux de chez American Apparel ne se boutonnent pas sur le bas et sont trop échancrés dans le dos, ceux de chez Petit Bateau ne dépassent pas le "36 mois", tandis que ceux de chez Michael Kors sont canons mais hors de prix (445 euros...). Auriez-vous des suggestions de modèles en coton uni à manches longues à me proposer ?
Jeudi
En revenant du fleuriste, je croise un visage familier. Dans un premier temps, impossible de mettre un nom sur ce dernier. C'est alors que se mettent en action les mécanismes de la mémoire. Je ne me lasse pas de ce phénomène consistant à poser une question à son cerveau puis à le laisser fouiller dans nos souvenirs jusqu'à ce que surgisse la réponse. Cela ne rate pas. Quelques minutes après avoir croisé cet homme à moitié chauve, son identité finit ainsi par me revenir : il s'agit de Cyrus, le beau père de Blair Waldorf dans Gossip Girl, autrement dit Wallace Shawn...
Le soleil se fait une place dans le ciel parisien. L'air est encore frais, mais le printemps se laisse deviner. J'aime cette lumière éclatante qui nous tire de notre torpeur hivernale. J'avais oublié combien à quel point celle-ci m'est vitale…
Par Lise Huret, le 06 mars 2015
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J’imagine ton choc en voyant la tenue de Michel Menu endossée par Emmanuelle Alt :)