Ce n'est ainsi que lorsque je me suis mise à embrasser pour la dernière fois certains de mes amis - avant 6 longs mois de séparation - que je réalisai que partir, cela voulait dire quitter...
… cet immeuble incroyable où nous comptons pas moins de cinq foyers amis.
… cette rue où l'épicier répond à mon "Bonne journée !" par un chaleureux "Inch Allah !" et où les employés de la boulangerie m'ont connue enceinte, puis maman d'un petit garçon rapidement devenu leur mascotte.
… la galerie de H. Craig Hanna et ses tableaux aux visages entêtants dont je vais me nourrir régulièrement.
… le Carrefour de la rue de Seine où presque chaque caissière salue Charles par son prénom.
… Chantelivre, dont l'une des libraires est devenue au fil du temps ma conseillère spéciale en littérature contemporaine.
… cette boutique de bijoux tenue par une petite dame toute fragile et attendrissante dans sa manière interminable d'emballer les bracelets que j'y achète.
… le glacier et le resto de burgers du coin, où Julien n'a plus besoin d'énoncer sa commande pour être servi.
… la crèche où Charles a enfin trouvé ses marques.
… le parc du Luxembourg, devenu au fil du temps une véritable annexe de notre appartement.
… l'arbre en face du café des Éditeurs aux branches duquel sont suspendus des livres et dont la poésie ne me lasse pas.
… Charlotte, Géraldine, Mai et Lili dont je ne pourrai plus être aussi proche et rater ainsi des confidences, des moments de tendresse ou de vie et autres déjeuners "questionnements existentiels". Mais aussi quitter toutes celles que je n'ai pas pu rencontrer et que j'aurais adoré découvrir.
… les ponts de Paris qui n'ont jamais cessé de me séduire.
… ce quartier, où il est assez drôle de jouer au "qui est-ce ?" des célébrités, tant elles sont nombreuses à habiter dans le coin.
… notre appartement certes pas très grand, mais qui nous a vus devenir parents.
Bref, "tout" quitter, pour aller vers l'inconnu. Et si mes yeux s'humidifient fréquemment ces derniers jours, j'ai néanmoins compris au fil du temps que la situation géographique avait finalement peu d'importance : là où se trouvent Julien et Charles, là est ma maison. J'ai donc décidé de ne pas avoir peur. Et surtout de ne pas être nostalgique d'un passé heureux, mais plutôt d'en faire une force, une richesse pour continuer d'avancer...
Par Lise Huret, le 09 octobre 2015
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