Vendredi
19h : Alors que nous arrivons devant la pizzeria que m'a conseillé Emmanuel, mon oeil est attiré par la vitrine d'une boutique Missoni. Moi qui ai toujours eu des difficultés à apprécier l'esthétique de la griffe, j'espérais qu'une fois en Italie celle-ci me révélerait son plein potentiel (en tout cas davantage que sur un corner du Printemps). Ce ne fut malheureusement pas le cas : alors que les boutiques de luxe avoisinantes rivalisaient en merchandising alléchant, la boutique Missoni avait quant à elle tout d'un magasin des années 80 pour septuagénaire aux cheveux couleur lavande…
19h30 : À la Bussola, je découvre les pizzas à la pâte complète. Plus goûteuses que leurs cousines à la farine blanche, celles-ci sont mon premier choc gustatif italien.
21h : Sur le chemin du retour, j'ai envie d'un dessert. Cela tombe bien : devant nous se dressent de véritables monticules de glaces. Cette présentation assez répandue chez les glaciers de la ville m'intriguant depuis notre arrivée, je décide de tenter le coup. Grave erreur... Entre goût de beurre très prononcé, prix excessif et parfums peu subtils, ces glaces confirment la thèse de Julien : plus le glacier ressemble à une boutique de Disneyland, plus il est sage de passer son chemin. À Florence, on repère ainsi un bon glacier à la sobriété de sa boutique, à l'appellation "artisanale" inscrite visiblement, à ses bacs à glaces fermés et à ses prix raisonnables…
Samedi
11h : En voyant une nuée de petites sorcières et autres joyeux petits monstres envahir les rues du quartier, je réalise qu'ici aussi on fête Halloween. Les enfants peinturlurés en mode zombie ne doutent d'ailleurs de rien : c'est en effet directement auprès des commerçants - Carrefour Express compris - qu'ils vont chercher leurs friandises…
18h35 : Après une ascension de quelques minutes, nous arrivons sur l'esplanade Michelangelo (afin de contempler le coucher de soleil sur Florence) et sommes saisis par la lumière poudroyante qui confère à la ville une patine exquise. Tandis que Julien tente d'immortaliser l'instant, Charles et moi allons nous promener sur la place quasi déserte et battue par les vents. Habitué à ce que nuit rime avec heure d'aller se coucher, il ne cesse de répéter "Nuit !", "Dodo ?" et "Non, pas dodo !" avec l'immense sourire de celui qui savoure de voir les règles exceptionnellement transgressées…
Dimanche
10h30 : En passant devant la terrasse d'un café, j'aperçois un homme assis sirotant tranquillement un expresso, ses deux enfants jouant autour de lui. Entre foulard, mitaines effilochées, pull légèrement défraîchi, blazer cappuccino et pantalon en velours côtelé, celui-ci cultive une élégance de dandy désargenté qui me rappelle aussi bien les personnages de Dickens que les revues streetstyle du Pitti Uomo. J'aime cette nonchalance étudiée où aucune marque n'apparaît et où matières, teintes et superpositions composent de savantes harmonies.
Lundi
6h45 : Je trempe un Cantuccini - sorte de croquant aux amandes plus parfumé et un brin moins dur que son cousin cévenol - dans ma tasse de café. Typique de la ville, celui-ci se marie parfaitement à l'amertume du café. Je sens que je vais faire de plus en plus régulièrement des infidélités à mon bol de flocons d'avoine…
15h : Nos pas nous mènent dans le quartier du Four Seasons, où les façades des bâtiments se révèlent aussi majestueuses qu'hétéroclites. Quelques mètres plus loin, c'est cette fois-ci un parc protégé de hautes grilles rouillées et où la végétation camoufle le socle des statues d'angelots et de canidés qui attire notre attention. J'aime la poésie mélancolique qui émane de ce lieu apparemment délaissé...
17h : En quête de gros sel brun, je pénètre dans une petite échoppe bio. En regardant les étiquettes, je suis frappée par les prix à peine plus chers que ceux pratiqués dans les commerces traditionnels. Comme si le "bio" était ici plus naturel, plus évident, moins commercial…
Mardi
16h : Alors que je parcours les ruelles de la rive droite, la vitrine d'une boutique/showroom attire mon attention. Suspendue à un cintre, la veste officier de mes rêves semble n'attendre que moi. Légèrement large, dépourvue de détails inutiles, les boutons cuivrés et le bleu profond, celle-ci mérite d'être essayée. Sur mes épaules, elle semble tout droit sortie d'une malle d'un ancien officier de la guerre de Sécession, la coupe parfaite en plus… Je la repose. Je me promets de revenir un peu plus tard : il s'agit d'une belle pièce et je n'ai pas envie de craquer sur un coup de tête.
17h : Perdue dans mes pensées, je me mets à rêver d'une cave immense où je stockerais tous les objets m'ayant touché au cours de nos voyages : papiers marbrés, boutis fleuris, vaisselles aux motifs aristocratiques... Des objets qui nous permettraient d'habiller notre quotidien d'exotisme un brin nostalgique le jour où nous nous déciderons à poser nos valises quelque part.
17h35 : Des aquariums posés sur le sol d'une boutique attirent l'attention de Charles. En jetant un oeil, je suis surprise de découvrir que ceux-ci sont surmontés de confortables sièges. Il s'agit en fait d'un institut de beauté spécialisé dans la "fish pedicure". Moi qui à chaque fois que je me baigne dans une rivière ai peur de me faire frôler par quelque chose, je ne me sens pas prête à plonger volontairement mes pieds dans un bain de poissons, aussi petits et serviables soient-ils !
19h : Alors que nous marchons aux abords du Duomo, je sens un oiseau passer à quelques centimètres de mon visage. Je lève alors la tête et découvre que je me suis trompée sur l'identité de l'importun : ce n'est pas un oiseau, mais bel et bien une chauve-souris qui rejoignait ses consoeurs virevoltant dans le crépuscule florentin. Charmant !
Mercredi
6h : En me levant, je réalise que si à Paris j'aurais pu faire les poussières deux fois par jour, ici il n'y en a quasi pas. Le fait que le centre-ville soit presque totalement piéton - seuls les habitants, les taxis et les bus ont le droit de circuler - ne doit pas être étranger au phénomène. Quel plaisir d'ailleurs de se promener dans des rues dépourvues de cette odeur âcre de pots d'échappement !
10h45 : Je quitte la bibliothèque mon sac de sport sur le dos. Après m'être promis de ne plus courir (pour cause de "lymphe paresseuse"), j'ai décidé de reprendre la course, tant cela me manquait. Depuis le début de la semaine, je file ainsi en fin de matinée courir entre 50 minutes et une heure. Le bien-être que me procure ce shoot d'endorphines insuffle à mes journées une tout autre énergie.
Jeudi
17h : Nous pénétrons au sein du musée Gucci. Ultra luxueux et un brin froid, ce dernier me donne plus l'impression d'entrer dans une boutique de l'avenue Montaigne que dans un lieu d'exposition. Pourtant, dès les premiers pas au sein du rez-de-chaussée consacré à la thématique "voyage", je m'évade : les valises patinées par le temps - mais semblant néanmoins prêtes à remonter dans l'Orient Express - me font regretter le temps où le moindre objet de la vie courante était raffiné. Un peu plus loin, une valise en cuir chocolat et à la fermeture gainée de vert et de rouge m'apparaît d'une actualité folle, tout comme les sacs en daim datant des années 70. Le premier étage est quant à lui consacré aux imprimés fleuris iconiques de la griffe. J'en perçois pour la première fois la finesse, la fraîcheur, la délicatesse… Et apprends par la même occasion le nom de l'illustrateur à qui l'on doit ces merveilles : Vittorio Accornero.
17h35 : Charles entre de son petit pas aguerri dans la boutique du musée, déclenchant les sourires et les exclamations de quatre touristes asiatiques : "Oooohhh so cuuuute !". Je ne sais pas si c'est sa marinière, sa tignasse tirant sur le blond vénitien ou son bidon rebondi, mais elles semblent totalement fan. Face à tant d'attention, le petit bonhomme court se réfugier dans les bras de son père. Timide avec les filles ?
Vendredi
5h : Les moustiques nous empêchent de dormir… Les températures clémentes semblent entretenir l'appétit de ces insectes qui pullulent en été à Florence.
8h : Devant mon ordinateur, j'essaie de comprendre où trouver de la levure chimique à Florence. Aussi étrange que cela puisse paraître, impossible en effet de mettre la main sur un simple sachet de levure de type "Alsa". Il m'en faudra pourtant bien si je veux réussir à confectionner avec Charles le gâteau d'anniversaire de Julien. Je n'ai plus que 24h, sans quoi… ce sera glace Grom pour tout le monde ! J'ai juste un doute pour les bougies...
Par Lise Huret, le 06 novembre 2015
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A Vérone, j'ai mangé les meilleures glaces du monde dans un magasin style "Disneyland"...mais à contrario, un épicier italien a récemment ouvert dans ma ville et celui-ci cache ses glaces maison dans un chariot mystérieux, très vintage...Va comprendre!
Sinon, plus je te lis, plus j'ai envie de m eposer quelques jours dans cette ville...