Samedi 4 juin
6h : J'ai toujours détesté les aquariums, les volières exotiques, les zoos, tout ce qui sent bizarre, qui agglutine les foules et qui prive de leur liberté des animaux qui n'ont rien demandé. Mais allez expliquer cela à un enfant de deux ans et demi qui a développé une fascination pour les requins et qui vous supplie d'aller en voir "en vrai". Allongée dans mon lit, je me prépare donc psychologiquement à pénétrer dans quelques heures au sein de l'immense Aquarium de Toronto... et advienne que pourra.
9h30 : Il fait sombre, les incroyables baies vitrées de 5 centimètres d'épaisseur diffusent une douce lumière nous permettant de contempler des myriades de poissons tous plus colorées, plus étranges et plus cocasses les uns que les autres. Fasciné, Charles se colle à la vitre pour suivre au plus près l'évolution d'un banc de poissons jaune citron.
9h40 : Je tends la main pour saisir celle de Charles, mais je n'attrape que du vide. Je me retourne, scrute les alentours, je ne le trouve nulle part. La pénombre ambiante n'arrange pas les choses. Je fonce dans un sens, Julien dans l'autre. Angoisse. Je le retrouve 50 mètres plus loin trottant tranquillement entre les murènes et les étoiles de mer… Venant apparemment de vivre la même situation que moi (il tient sa fillette serrée contre lui), un papa me lance alors : "They disappear so quickly !".
9h55 : Perchés sur un tapis roulant avançant au ralenti, nous pénétrons dans un incroyable tube géant translucide. Soudain, juste au dessus de nous s'étend une ombre menaçante. "Maman, un requin !". À quelques centimètres de ces créatures hantant mes nuits de surfeuse débutante, je ne peux m'empêcher de ressentir un insidieux frisson. "Maman, requin pas manger moi ?".
Lundi 6 juin
12h30 : Assis dans un restaurant un brin branché où les serveuses ont la taille mannequin et où le bar central donne des envies de margaritas, nous passons commande. 15 minutes s'écoulent avant que l'on soit servi. Cela ne nous choque pas outre mesure.
13h20 : À la fin de notre repas, le manager du restaurant se dirige discrètement vers notre table et nous prie de l'excuser pour le retard pris au niveau du service. Pour se faire pardonner, il nous offre notre repas. Seriously ?
17h : À la crèche, l'une des puéricultrices m'explique qu'après le goûter, elle raconta aux enfants un livre traitant des vêtements. Une fois arrivée à la page des jupes, elle leur dit : "Mum wear skirts !". Charles fit alors vigoureusement non de la tête en signe de désapprobation, se saisit du livre, retourna à la page "pantalons" et déclara "Maman pas jupe, maman pantalon !". Encore étonnée, elle me demande donc confirmation : "You really NEVER wear skirts ?". "Errr, no...".
Mardi 7 juin
15h : J'ai enfin rendez-vous chez Aveda pour tenter de retrouver une couleur de cheveux acceptable. Or, si le châtain foncé choisi par la coloriste se révélera au final un brin trop foncé, l'expérience sensorielle que je vécus durant ces 2 heures valait à elle seule le déplacement. Une fois ma couleur posée, on me fit en effet un massage du haut du dos et du cou des plus relaxants. On me dirigea ensuite vers un canapé où une jeune femme me fit un massage des mains. Enfin, au moment du shampoing, j'eus le droit à un massage du crâne, mais aussi et surtout à un massage du cou et des oreilles effectué avec des mains brûlantes (le coiffeur passant ses mains sous l'eau chaude avant chaque geste). En un mot : divin.
Mercredi 8 juin
19h30 : Sur le toit d'un petit restaurant de l'ouest de Toronto, nous retrouvons un couple d'amis que nous avions rencontré à Vancouver et qui sont depuis venus s'installer à Toronto. Cela nous fait un bien fou. Après quelques minutes, ils nous racontent leur mariage féerique dans un parc de la ville, entre badauds adorables, initiatives insolites (dont une hippie girl qui passait par là et qui se mit soudain à danser autour de l'assistance avec un bâton d'encens), simplicité émouvante et applaudissement général à la fin...
Jeudi 9 juin
9h30 : Courbée, une vieille dame arrache les mauvaises herbes d'une plate bande située au milieu d'une petite place. Comme si ici l'espace public devait faire l'objet d'autant d'attention que l'espace privé.
Vendredi 10 juin
11h : Coup de fil de France de la part de l'une de mes soeurs aînées, qui me propose d'accueillir l'une de mes nièces deux semaines cet été. Je trouve l'idée géniale. Il ne me reste plus qu'à établir un plan d'attaque pour réussir à bosser tout en trouvant le temps de lui faire découvrir la région.
23h : Je me promène sur le site de la crèche, lis les "reports" des journées des enfants et découvre moult photos de Charles. Je trouve extraordinaire ce lien ainsi créé par le personnel éducatif de la crèche.
Samedi 11 juin
9h : Direction le ferry pour aller découvrir les Toronto Islands. Habillés en short et tee-shirt, nous grelottons sur le quai : la météo nous avait prédit 27°C, or il en fait à peine 12…
9h20 : Après avoir consolé Charles (fort déçu de ne pas avoir vu de requins dans l'eau), nous descendons du bateau et découvrons un endroit vierge de toute voiture, assez humide, à la végétation luxuriante et aux maisons de bois à la fois pittoresques et un brin délabrées.
14h : C'est l'heure de repartir. En voyant descendre du ferry une foule aussi joyeuse que compacte, nous nous félicitons d'être venus tôt et d'avoir ainsi pu échapper à la dimension ultra touristique de l'endroit.
Dimanche 12 juin
7h : J'allume mon portable et découvre abasourdie ce qu'il vient de se passer à Orlando. Stupeur, écoeurement et affreuse impression que tout ceci ne s'arrêtera jamais.
9h : Le vent incroyablement fort - c'est l'une des choses qui me surprend le plus ici - arrache d'un coup la casquette de Charles alors que nous sommes en train de traverser la rue avec la poussette. Deux possibilités s'offrent alors à moi : courir la rattraper et laisser Charles au milieu du passage piéton ou rejoindre le trottoir et aviser. J'opte pour la seconde option. La casquette se fait emporter par le vent lorsqu'un chauffeur de taxi, qui a vu toute la scène, sort de sa voiture, court après sur plusieurs dizaines de mètres et me l'apporte en souriant. La bienveillance des canadiens est certainement la chose que j'apprécie le plus dans ce pays...
14h : Après un pique-nique sur le campus suivi d'une petite demi-heure de marche, nous entrons dans un parc de jeux situé au coeur d'un quartier résidentiel huppé. Alors que je pousse Charles sur une balançoire, je vois deux petits blondinets d'environ 8/9 ans arriver en tirant une charrette. Ils en descendent une micro table blanche, deux minuscules chaises, des verres en plastiques, des litres de limonade ainsi qu'un panneau "Lemonade = 1 dollar". Sosies de leurs fils (en plus grands et plus musclés), leurs pères veillent à quelques mètres. Très vite, leur petite entreprise tourne à plein régime. Je les imagine dans une vingtaine d'années, devenus des entrepreneurs à succès et répondant à une interview de Newsweek : "Notre premier business ? Vendre du soda aux gamins du quartier".
Lundi 13 juin
8h : Je renoue mes lacets, lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur une sublime paire d'escarpins Jimmy Choo. Je me redresse, jette un oeil à la jeune femme qui vient d'entrer et constate qu'il s'agit en réalité d'un homme. Cela arrive relativement souvent ici. Ni caricatural, ni provocateur, ce transgenre vit sa vie le plus naturellement du monde, et c'est tant mieux.
9h10 : En sirotant mon thé vert/tulsi, le bruit récurrent des pâles d'hélicoptère attire mon attention. Je sors sur le balcon et continue de les entendre sans les voir. Je suis intriguée, mais ne m'inquiète pas outre mesure.
11h : Un email de la crèche nous indique qu'ils sont en "lockdown", un individu suspect ayant été remarqué sur le campus de l'université (dont la crèche fait partie). Plus personne ne peut ni rentrer ni sortir tant que l'alerte est en vigueur. L'angoisse monte d'un coup.
15h : Un nouvel email nous avertit que le lockdown est levé. Nous apprenons alors qu'il s'agissait d'un homme armé, habillé tout en noir et portant un masque de chirurgien. Mais aussi que le GIGN canadien a quadrillé la zone (d'où les hélicoptères…) sans mettre la main sur le suspect. Je ne suis pas franchement rassurée...
Mardi 14 juin
13h : En passant devant J.Crew, je repense à cette histoire de jupe et j'ai bien envie de faire une surprise à Charles en m'en offrant une. Je pense à un modèle ample, taille semi-haute, longueur midi et taillé dans un imprimé légèrement kitsch, que je porterais avec des baskets et un tee-shirt blanc.. La quête commence !
Mercredi 15 juin
10h : Dans la boîte aux lettres, une enveloppe de l'ambassade du Canada. Serait-ce enfin la réponse concernant notre demande de résidence permanente ? Nous l'ouvrons lentement, légèrement fébriles, et…. YES ! Nous sommes acceptés. Concrètement, cela signifie que nous pouvons désormais vivre et travailler indéfiniment au Canada. Je ne sais pas où nous serons dans un an, mais avoir cette possibilité a pour nous quelque chose de rassurant.
Par Lise Huret, le 18 juin 2016
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J'adore la marque Aveda, je trouve leur produits de très bonne qualité. De plus, en France, tous les salons porteurs de la marque suivent une formation en massages et "chakratisation" ce qui fait qu'on a toujours droit à une petite séance détente pendant la pose de notre masque/couleur. Mon coiffeur sur Toulouse s'y est mit il n'y a pas très longtemps et c'est très appréciable, je le conseille à tous !
Passe une bonne journée Lise