Mercredi 6 juillet
11h : Après être passée chez Zara et avoir renoncé à entrer chez COS, me voici chez J.Crew, bien décidée à m'offrir un accessoire ou une petite pièce susceptible de pimenter un peu mes looks. Après une rapide prospection, et alors que je m'apprête à repartir les mains vides, j'aperçois au niveau des caisses des serre-têtes aux allures de bandeaux rétro, dont les coloris bleu délavé m'attirent. J'en pioche un, le positionne sur ma tête et me transforme instantanément en une version casual de Simone de Beauvoir. Vendu !
Jeudi 7 juillet
10h : En descendant du tapis de course, je tombe nez à nez avec un francophone croisé quelques jours auparavant dans l'ascenseur. La conversation s'engage. Belge d'origine, il est venu faire ses études au Canada et n'est jamais reparti. Nous évoquons pêle-mêle Justin Trudeau (qui à ses yeux n'est guère compétent sur le plan économique), l'opportunité pour les boulangers français et autres artisans de bouche de venir monter un business ici (tant la demande en matière de nourriture de qualité est forte et l'offre faible), mais aussi les vins exquis de la région de Niagara et l'hiver canadien. Délicieux moment !
Dimanche 10 juillet
6h : Une petite créature échevelée et surexcitée escalade notre lit. Une fois au sommet, elle s'exclame : "Plus fatigué moi ! Papa réveille toi, Maman réveille toi ! Zooooo !". La mémoire de Charles est décidément toujours aussi sélective : si je lui ai effectivement promis que nous irions au zoo aujourd'hui, je lui ais également maintes fois répété de ne pas hurler lorsque papa et maman ont les yeux fermés…
9h : Enduits de crème solaire, le pique-nique dans le sac à dos, nous grimpons dans le Uber qui nous déposera 30 minutes plus tard aux portes du Zoo de Toronto, qui s'étend sur pas moins de 287 hectares (ce qui lui vaut de figurer parmi les plus grands zoos du monde).
10h : Peu après notre entrée dans la section "Afrique", un curieux animal en train de remuer la terre attire soudain notre attention : c'est Pumbaa ! Charles n'en revient pas : en pleine phase Roi Lion, il est fasciné par Pumbaa le phacochère et sa fameuse odeur pestilentielle. La première chose qu'il dit en voyant l'animal fut ainsi : "Va te laver Pumbaa !".
14h : Fourbus, mais heureux d'avoir découvert un espace où le confort et le bien-être des animaux semble primer sur toute autre considération (et encore impressionnés d'avoir vu se dresser devant nous un immense grizzli), nous sautons dans un Uber : direction l'appartement, et surtout la finale de l'euro que Julien ne compte pas rater.
Lundi 11 juillet
9h : Réunion de crise sur le balcon : nous n'arrivons plus à travailler toute la journée à la maison. En effet, si la matinée est souvent très studieuse, il est souvent difficile de trouver la motivation et la concentration nécessaires pour rester derrière son bureau de 13h à 17h. C'est donc décidé : à partir d'aujourd'hui, nous allons tester le "worksurfing", à savoir choisir chaque après-midi un endroit diffèrent pour aller travailler.
12h45 : Assis sur un banc à l'ombre des arbres du campus de Toronto, nous savourons notre "bureau" du jour. Entre les bruits atténués de la ville, le passage furtif d'écureuils curieux et la douce chaleur de cet après-midi d'été, je crois que je n'ai jamais été aussi efficace !
16h30 : En refermant nos ordinateurs, nous échangeons un sourire. Ce moment fut pour nous aussi studieux que réjouissant. Nous n'avons qu'une envie : recommencer au plus vite !
20h : Après le dîner, nous décidons de ressortir nous promener. En poussant Charles confortablement assis dans sa poussette, nous croisons dans les parcs environnants des dizaines d'adolescents jouant à la balle au prisonnier, au foot… Les éclats de rire fusent, l'ambiance est bon enfant, quasi irréelle, tant tous ces jeunes - tous sexes et nationalités confondus - semblent simples, joyeux et apaisés.
Mardi 12 juillet
8h30 : Julien rentre d'avoir déposé Charles à la crèche et me dit dans ton mi-inquiet, mi-amusé : "J'ai croisé dans l'ascenseur 5 pompiers qui montaient au dernier étage, ils avaient l'air assez stressés". "Ok…" À ce moment là l'alarme incendie se déclenche, puis se coupe. Nous ne savons pas quoi faire.
8h38 : Une voix s'élève des haut-parleurs disséminés dans l'appartement : "Restez chez vous, il n'y a plus de danger. Il y a eu un départ de feu au dernier étage à cause d'une cigarette mal éteinte, mais tout est désormais sous contrôle". Great...
12h30 : Après avoir fait le tour de la ville pour se dénicher plusieurs polos, Julien a fini par en conclure que seuls les polos Lacoste "slim fit" convenaient à sa morphologie, et qu'il valait mieux avoir trois polos parfaits qu'une demi-douzaine moins chers, mais mal coupés. Nous voici donc chez Lacoste pour la séance shopping la plus rapide du monde. Julien fonce vers le rayon "slim fit", y sélectionne trois modèles à sa taille dans trois teintes différentes et se dirige vers la caisse. L'opération aura pris en tout et pour tout 5 minutes…
13h : Assis sur des tabourets de bar positionnés contre une table courant le long de la vitre d'un accueillant café, nous débutons notre après-midi de travail. Le café glacé est infect, mais l'ambiance est agréable, sans parler de cette vitre immense qui nous donne la curieuse - mais savoureuse - impression de travailler au milieu des passants.
17h30 : Le sentiment du devoir accompli, nous nous sentons légitimes d'aller nous baigner tous ensembles dans la piscine (d'habitude l'un de nous préfère rester dans l'appartement afin de travailler au calme). Dans l'eau rafraîchissante, Charles agite ses petits pieds et arrive à avancer de lui-même ! Nous le voyons déjà champion du 50 mètres nage libre…
19h : À force d'en voir chez Whole Food, j'ai décidé de me mettre à cuisiner la patate douce. Cuite à la vapeur, la peau lavée - mais non pelée - et coupée en larges rondelles, celle-ci se révèle délicieuse. Son goût de carotte améliorée plaît à toute la famille. Pour une fois…
Mercredi 13 juillet
10h30 : Coup de fil avec mon amie Charlotte, qui a plus d'effet sur moi que le mix Xanax/bonbon Haribo/sport/champagne !
18h : J'entre dans l'un des 4 ascenseurs de l'immeuble, qui a cette heure de la journée ont tendance à être un brin surpeuplés. Qu'importe : prendre l'ascenseur est souvent ici synonyme d'anecdotes savoureuses… Je pense notamment à ces trois jeunes Françaises surexcitées racontant à voix haute des choses intimes, persuadées que personne ne les comprenait, à cette jeune femme saluant chaleureusement un chien tout en ignorant superbement son maître, à cette jolie blonde qui seule face à Julien dégustant sa glace lui glissa un "I am so jealous !", à Charles me montrant du doigt l'homme juste en face de nous en disant "le monsieur il a une grosse tête !" (l'intéresse rit, mais heureusement sans comprendre de quoi il en retournait) ou encore à cet homme en costume qui, après qu'un groupe de jeunes hommes musclés tenants à la main des packs de bière et accompagnés de plusieurs filles sexy soit sorti de l'ascenseur en riant, regarda notre poussette et nous lança : "Je pense que votre soirée sera très différente de la leur...".
Jeudi 14 juillet
15h : J'ouvre Snapchat et découvre avec joie que Géraldine est sur le point de visionner le dernier documentaire de Loïc Prigent. Je suis curieuse de savoir s'il s'agit d'une vraie enquête ou d'un pot pourri d'infos déjà connues...
16h50 : Géraldine et Marc livrent leur impression via Snapchat : ils ne sont pas convaincus. Je me doutais bien que le titre de ce documentaire "Scandales de la mode" traduisait plus une envie de faire le buzz qu'une volonté de proposer un contenu réellement inédit...
21h : J'ouvre une dernière fois mon ordinateur et découvre avec horreur que la France vient d'être frappée par un nouvel attentat. Je suis sans voix, au bord de la nausée.
Par Lise Huret, le 15 juillet 2016
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