Chronique #91 : Bientôt 35...
Alors que le passage des 40 ans est pour beaucoup un moment particulièrement redouté, j'ai toujours pour ma part davantage craint l'étape des 35 ans. Est-ce parce que cet âge correspond à celui de mon plus jeune oncle lorsque je pris conscience de ses premières rides ? Ou bien cela s'expliquerait-il par la conversation que je surpris enfant entre ma professeur de piano et la mère de ma meilleure amie alors qu'elles évoquaient l'angoisse générée par leurs 34 années bientôt révolues ? Toujours est-il que dans quelques semaines, ce sera à mon tour d'avoir 35 ans…
"On ne vieillit pas, on grandit !" : voilà ce que j'avais pris l'habitude de lancer à mes grandes soeurs depuis que l'on avait décidé de remplacer les trop nombreuses bougies de leurs gâteaux d'anniveraisaire par des chiffres de cire. Quelques années plus tard, je réalise que je devais être follement agaçante à jouer les soeurettes bouddhistes du haut de mes 7 ou 8 années de moins… Une petite prise de conscience tardive qui, depuis que mes 35 ans se profilent à l'horizon, se voit accompagnée de beaucoup d'autres. Alors que je pénètre dans le cercle de ceux qui ont compris qu'ils n'étaient pas éternels, j'ai en effet l'impression de comprendre de plus en plus de choses, tel le besoin d'une de mes soeurs d'organiser une fête démesurée pour ses 40 ans afin de transformer un passage angoissant en occasion de réunir tous ceux qu'elle aime, l'expression de tristesse incrédule de ma mère lorsqu'elle me confia avoir l'impression d'avoir fêté ses 25 ans hier ou encore la nécessité viscérale de ma soeur aînée de faire beaucoup d'enfants, chaque naissance lui permettant d'oublier un temps les années qui s'égrènent.
Je ressens par ailleurs de plus en plus d'indulgence envers celles et ceux qui se perdent dans la chirurgie esthétique dans l'espoir de figer leur plastique dans une éternelle jeunesse, envers ceux qui, à l'aube de leurs 50 ans, décident de tout plaquer, terrifiés à l'idée de passer à côté de leur vie, ou encore envers ceux qui ne s'entourent que de jeunes gens dans l'espoir que ces derniers auront un effet régénérateur…
Il faut dire que lorsque je vois les traits de Charles perdre en rondeur, quand je réalise que cela fait plus de 10 ans que TDM existe, quand j'intègre que j'ai 10 ans - voire 15 - de plus que les jeunes premiers d'Hollywood, que cette Youtubeuse que je ne trouve pas vraiment plus vieille que moi affiche à peine 23 printemps, que certains de mes amis se mettent à revendre leur première maison pour en acheter une plus grande et que les souvenirs avec mon grand-père semblent désormais venir d'une tout autre époque, la folie de cette vie où il est impossible de "faire pause", de revenir en arrière ni même d'avancer au ralenti me saute au visage et je comprends que cette prise de conscience puisse générer les attitudes les plus extravagantes, les plus désespérées.
Alors certes, je ne vais avoir "que" 35 ans. Mais qu'importe en réalité l'âge où l'on se voit confronté à l'urgence de vivre : l'essentiel est moins de décider si l'on est légitime de ressentir telle ou telle angoisse que de savoir comment réagir face à cette injonction du destin.
En ce qui me concerne, il est hors de question de me laisser happer par les anges sombres de la mélancolie ou les sirènes du micro lifting. Il ne tient en effet qu'à moi de transformer ces 35 ans en prétexte à une joyeuse renaissance en me fixant des défis galvanisants, en aimant la femme que je suis, en tirant des leçons de mes erreurs, en allant à l'essentiel, en essayant de prendre sereinement conscience du cycle de la vie, en éradiquant toute jalousie de mon cerveau et en ne tenant pas pour acquis l'amour de l'autre. Si j'y parviens, alors oui je continuerai à "grandir"…
Par Lise Huret, le 09 juin 2017
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Pour ma part, je les ai eu en janvier et j'ai énormément pleuré le jour de mon anniversaire. C'était bien simple : j'ai refusé de faire une fête et je ne voulais pas de gâteau ( mais des cadeaux, par contre, no problem, haha !)
Je me rappelle que mon copain était déboussolé, se démenant comme un beau diable pour m'arracher un sourire et me faire comprendre que non, je n'étais pas vieille.
Sauf que, pour moi, oui, j'étais clairement passé de l'autre côté...parce que quand j'avais 30 ans, puis 31, puis 32 et même 33 ans et que je n'étais pas satisfaite de ma vie, j'avais coutume de me consoler en disant : " Bon, c'est pas grave...Ca pourrait être pire...Je pourrais avoir 35 ans et être dans cette situation d'insatisfaction et là, ça aurait été pire, parce que 35 ans, c'est VRAIMENT un âge de vrais adultes." OU encore : " Bon, j'ai pas encore réussi ça, ça et ça, mais c'st pas grave, car je n'ai pas encore 35 ans."
35 ans, c'est irrémédiablement un âge où l'on quitte la jeunesse, je trouve. On passe dans la catégorie "les 35 - 40 ans".
Jusqu'alors, je me considérais comme "une fille", pas comme "une femme" et depuis que j'ai 35 ans, j'ai du mal à me considérer comme "une fille" (car plus aussi jeune) et du mal à croire que je suis "une femme".
Tiens, j'avais même écrit un article de blog sur ce cap difficile des 35 ans ( si ça t'intéresse) : http://madamesanstabous.com/35-ans-la-fin-de-la-vr...