Fashion week de Londres - Printemps/été 2018
Entre collection inspirée d'un scandale national, multiples références à la reine d'Angleterre, souvenirs d'enfance en pagaille et tendance "ugly shoes", tour d'horizon de ce qu'il faut retenir de la fashion week londonienne…
Burberry
Après avoir été fermée au public pendant près d'un siècle, la Old Sessions House de Londres héberge depuis le 18 septembre une exposition de photographies sélectionnées par Christopher Bailey. Intitulée "Here we are", celle-ci a servi d'inspiration à la collection printemps/été 2018 de Burberry. C'est d'ailleurs au sein du bâtiment que se tint le dernier défilé de la griffe.
Offrant "un portrait de la vie britannique dans toutes ses nuances, à la fois exceptionnelle et mondaine, belle et rude", les clichés correspondent - d'après le designer - parfaitement à l'ADN de son vestiaire de saison.
Si les pull-overs à motifs Fair Isle, les chaussettes argyle, les tartans et les références tant à l'époque victorienne qu'au style Balmoral ont la part belle au sein de cette collection, ceux-ci se voient vigoureusement dépoussiérés par une décharge contemporaine les plongeant au sein de l'actuel paysage fashion. C'est ainsi que les manches se rallongent plus que de raison et que les imperméables aux teintes floues translucides revigorent les traditionnels tartans (voir ici et là), tandis que l'ensemble de la collection se voit conjugué sur une notre plus "street" que "conservatrice".
Parmi les pièces qui devraient se vendre très rapidement (grâce au système du "See-Now, Buy-Now"), on trouve cet ample trench délicatement tagué, ce manteau peignoir en fausse fourrure vert céladon, ainsi que les maxi cabas fleurant bon le mauvais goût assumé.
Force est de constater que depuis quelques saisons, Christopher Bailey a perdu la flamme. Cette collection manque ainsi de liant, de génie, de sophistication, sa tonalité commerciale affadissant les belles idées qui éclosent ici et là au fil du défilé. Dommage...
Peter Pilotto
Connus et appréciés pour leurs audacieux imprimés, Peter Pilotto et Christopher de Vos nous livrent cette saison de multiples variations graphiques autour de l'art floral japonais. Cela étant dit, plus que leurs orchidées et autres anémones, ce sont ici les mariages chromatiques qui attirent le plus l'attention (voir ici, ici et là).
Best-seller en vue : le tee-shirt art déco japonisant estampillé "PP".
Simone Rocha
Cette saison, Simone Rocha éprouve le besoin de s'immerger au sein de ses souvenirs d'enfance en convoquant la garde-robe victorienne des poupées de cire qui peuplèrent sa vie de petite fille.
Si la jeune femme se laisse parfois cannibaliser par les froufrous de ses ex-meilleures amies (voir ici et là), elle n'en livre pas moins quelques silhouettes affûtées ayant la bonne idée de délaisser le style édouardien au profit de volumes forties (voir ici et là).
La créatrice semble par ailleurs prendre un malin plaisir à nourrir la tendance - pour le moins persistante - des "ugly shoes"... (voir ici et là)
Erdem
En hommage aux jeunes années de la reine Elizabeth et à son goût pour le jazz, Erdem Moralıoğlu imagine ce à quoi aurait pu ressembler visuellement une escapade royale dans le Harlem des années 50.
Au sein de cette collection cohabitent ainsi robes de bal et toilettes années 30/40 chers aux chanteuses du Cotton's Club, mais aussi volants décadents, rubans royaux, franges dansantes et cardigan sage…
Mary Katrantzou
Cette saison, c'est au sein de son enfance (et donc des années 80) que Mary Katrantzou puise la substance de son vestiaire estival.
C'est ainsi un voyage proustien aux saveurs acidulées que la créatrice imagine, via des robes tressées évoquant les bracelets de l'amitié, des détails flamants roses rappelant les bouées flottant sur les piscines, des textures évoquant le papier à bulles et des imprimés fleuris numérotés à colorier…
Mêlant avec subtilité sportswear et broderies contemporaines, certaines robes de la collection brillent par leur fantaisie parfaitement prêt-à-porter (voir ici et là).
À noter également
Christopher Kane fit du scandale "Cynthia Payne" ayant secoué l'Angleterre en 1978 la principale source d'inspiration de sa collection.
Kaia Gerber continue de jouer aux tops modèles (Burberry).
Giorgio Armani fait des infidélités à Milan en venant défiler à Londres.
Chez J.W. Anderson, on retient le trio magenta/bordeaux/rose layette ainsi que cette curieuse déclinaison de la robe taille basse.
En emmenant sa fille au défilé Topshop, Kate Moss déclencha l'hystérie de la presse.
La teinte lila pourrait bien être la "it" couleur de saison (Joseph). À confirmer…
Le sac banane Gucci séduit tous azimuts (voir ici, ici et là).
Par Lise Huret, le 19 septembre 2017
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