Chronique #98 : Les Torontois et le froid
Lorsque les températures matinales deviennent durablement négatives, les Torontois n'ont d'autre choix que d'adapter leur dress code à l'arrivée soudaine de l'hiver. Portraits imaginaires de quelques Torontois croisés ces derniers jours...
Hyuna, Coréenne de 23 ans. Pour une raison inconnue, elle juge qu'aller chercher son café en tongs par -13°C est une chose qui se tente. Sous son immense sweat Vetements, elle traverse ainsi à petit pas sautillants les 100 mètres séparant son building de sa dose de caféine…PS : Il lui arrive parfois de troquer ses tongs griffées contre les mules "yeti" de chez Gucci (qu'elle porte évidemment toujours pieds nus).
John, 71 ans. Le pardessus en tweed parfaitement boutonné, l'écharpe peu épaisse élégamment nouée et la chevelure blanche aristocratique, il avance la tête haute dans le blizzard qui balaye les trottoirs. Son allure digne en dépit du froid mordant - qui inciterait tout à chacun à courber l'échine et à baisser le front - rend perplexe le passant : est-elle le signe d'une éducation extrêmement raffinée ou bien celui d'un état de congélation avancée ?
Aiko, 30 ans. Récemment arrivée du Japon, elle n'envisage pas une seconde sacrifier son amour de la mode sur l'autel du pragmatisme national. C'est donc au rayon créateurs qu'elle déniche de quoi se protéger des températures négatives, de manière à conserver cette originalité conceptuelle - mais infiniment portable - qu'affectionnent ses compatriotes.
Judy, 21 ans. Chaque fois que le thermomètre descend sous les 0 degré Celsius, cette ex-cheerleader et amoureuse en secret de Justin Trudeau adopte - à l'instar de 70% de ses concitoyens - le combo national sweat pant Roots/parka Canada Goose. Face au froid mordant, elle n'a ainsi aucun scrupule à plébisciter le port de la vraie fourrure et à ensevelir ses jambes fuselées de sportive sous un bas de jogging un brin informe...
Marcus, 41 ans. Serait-ce le fait qu'il vient de gagner 50.000 dollars en misant sur les cryptomonnaies ou bien l'oeillade énamourée que lui a lancé ce matin la maîtresse de son fils ? Toujours est-il que ce fringuant businessman en costume trois-pièces a aujourd'hui jugé inutile d'enfiler un manteau pour descendre déjeuner dans le restaurant huppé situé à deux blocs de son bureau. Sur les pavés frigorifiés, sa silhouette rigidifiée par le froid lui rappelle cependant rapidement sa condition de simple mortel...
Lucile, 27 ans. Ses convictions éthiques chevillées au corps, cette jeune Bretonne refuse de succomber à la "Canada Goose mania" sévissant chez les expatriés de fraîche date. Après être partie en quête d'un ersatz digne de ce nom au sein des boutiques vintage de la ville, elle a fini par mettre la main sur une épaisse canadienne qui gardera bien au chaud sa fragile silhouette de végétalienne. Un manteau qu'elle accompagnera d'un bonnet tricoté à la main et d'un châle ramené d'un récent trek au Pérou.
Michael, 19 ans. Les Timberland délacées, la parka sportswear de couleur vive complètement ouverte, il déambule sur le pavé comme si le vent qui gonfle son manteau n'était qu'un léger sirocco en provenance d'Afrique du Nord. Face à cette nonchalance défiant la réalité météorologique, on se dit que les effluves "bobmarleyennes" qu'il laisse dans son sillage ne doivent pas être totalement étrangères à son affolante désinvolture...
Elizabeth, 73 ans. Alors qu'une bourrasque glaciale vient d'ébouriffer son loulou de Poméranie, elle esquisse un froncement de sourcils (que l'usage du Botox rend imperceptible), retient son rutilant sac Chanel qui n'a de cesse de glisser de son bras et presse le pas vers son traiteur attitré. Emmitouflée dans son long manteau en chinchilla (dont le prix astronomique n'a d'égal que la somme dépensée au fil des années chez son chirurgien esthétique), elle incarne à merveille les travers de la bourgeoisie locale.
Et puis il y a aussi...
Celles qui disparaissent totalement sous le trio parka volumineuse/moon boots/capuche relevée.
Ceux qui ont cru - à tort - qu'opter pour un cache-oreilles discret serait plus chic qu'un bonnet.
Celles et ceux qui, à 4 ou 5 ans, se voient imposer la panoplie spéciale sports d'hiver par des parents soucieux de protéger de la morsure du froid le mini corps de leur progéniture.
Celles qui ont succombé aux parkas Mackage, en dépit du fait qu'une fois la capuche relevée, la façon dont est disposée la fourrure fait indubitablement penser à l'Origine du monde de Gustave Courbet.
La "team Sorel" : majoritairement des jeunes femmes appréciant le design relativement élégant des modèles de la griffe.
La "team Timberland" : composée de plus d'hommes que de femmes et pour qui le modèle de saison est incontestablement celui-ci.
Celles qui misent tout sur leur bonnet afin de faire oublier la dimension très passe-partout de leur look grand froid.
Mes micros astuces anti-congélation immédiate
Prendre soin de marcher dans la rue à l'abri du vent.
Protéger ses lentilles de contact via le port d'une paire de lunettes de soleil.
Ne pas oublier d'enduire ses extrémités de crème hydratante.
Porter une double paire de gants.
Au restaurant, boycotter les boissons froides au profit d'un thé bien chaud.
Miser sur la "technique des 3 couches", qui permet de se découvrir facilement à l'intérieur et de ne pas avoir trop froid à l'extérieur.
Porter sa capuche même lorsque le soleil est de sortie : sa protection contre le vent est inestimable.
Par Lise Huret, le 15 décembre 2017
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L'origine du monde!! J 'ai regardé la photo, c'est tellement ça !!! j'ai bien rigolé!
Je suis morte de froid à te lire, il faut dire que je suis UGG aux pieds dés septembre en Charentes Maritime et que je vénère Damart!
Couvre toi bien !