Fashion week de Milan - Printemps/été 2019
Entre quadragénaires toutes puissantes, petite forme pradienne et avènement du short cycliste, tour d'horizon de ce qu'il faut retenir de la dernière fashion week milanaise…
Mariant esthétique sixties et rigueur de l'uniforme, Miuccia Prada livre cette saison un vestiaire cérébral à la fantaisie forcée où la rigidité des matières, l'adoubement du cycliste et les détails sexy-conceptuels tiennent le désir à distance. Si l'on souhaite trouver de quoi activer nos zygomatiques fashion, c'est ainsi du côté des accessoires qu'il faudra - comme souvent chez Prada - jeter un oeil. Le serre-tête à studs esprit auréole machiavélique (voir ici, ici et là), les lunettes papillons à pastilles et les sacs en cuir tie&dye seront en effet à coup sûr des must have… On méditera sur ces quelques phrases livrées en backstage par Miuccia Prada : "What worries me is simplification. Because politics is run by slogans - or not even that, by a hashtag. If you take away content and simplify, at a certain point you can't say anything."
Les sublimes pantalons larges de Marco de Vincenzo donnent envie de brûler nos jeans mom (voir ici).
Chez Fendi, le short cycliste savoure son statut de "it" pièce et n'hésite pas à faire référence à sa nature utilitaire/sportswear en se portant avec une ceinture pour aventurière urbaine où l'étui à iPhone remplace le baudrier (voir ici et là)...
En combinant plissé vaporeux vert lichen, lainage bleu marine et touche de jaune (voir ici), Karl Lagerfeld parvient à rendre le cropped presque chic. Par ailleurs, lorsqu'il utilise un tissu subtilement perforé (qu'il a subtilisé à l'univers sportswear), il contredit avec esprit l'austérité de certaines de ses jupes plissées Fendi (voir ici et là).
Via un casting haut en couleur faisant la part belle aux différentes formes de diversité (morphologies, genres, générations et origines), Domenico Dolce et Stefano Gabbana tentent de faire oublier à quel point leurs collections sont redondantes, voire peu seyantes. Pour le printemps/été 2019, Donatella Versace livre un show assumant sa schizophrénie chronologique. À l'ère de Pinterest et d'Instagram (où les images se suivent sans ordre apparent), la créatrice n'a ainsi aucun complexe à élaborer un look années 80, un autre évoquant les seventies ou encore une silhouette sixties… On note au passage que le caractère incontournable du satin semble se confirmer.
Plus que jamais, la fashion week milanaise misa sur la force hypnotisante et le charme indéniable des femmes de plus de 40 ans. Sûres de leur beauté, riche de leur expérience et fière de leur singularité, ces dernières ont littéralement volé la vedette à leurs jeunes camarades (Amber Valletta chez Agnona, Shalom Harlow chez Versace, Tasha Tilberg chez Etro ou encore Stella Tennant chez Salvatore Ferragamo).
Chez Roberto Cavalli, Paul Surridge - nouveau DA de la griffe - essaie de faire oublier les dérives vulgaires de la maison italienne en redéfinissant la notion de sexy. Pour ce faire, il imagine un tailleur où un long blazer cintré vient réchauffer un short cycliste (voir ici, ici et là). Peu convaincant...
Chez No21, on salue la sensualité du faux cuir d'autruche, qui n'a rien à envier à la peau véritable (voir ici, ici et là). Et si les toilettes rose stabilo ou tie and dye ne parviennent pas à nous convaincre, les baby dolls taille basse coupées dans un vinyle luisant ne manquent quant à elles pas d'érotisme prêt-à-porter.
Le panier de pique-nique (voir ici et là), futur crush fashion ? (Marco de Vincenzo) Antonio Marras s'amourache à l'excès de l'imprimé léopard (voir ici, ici, ici, ici et là).
De la collection Marni printemps/été 2019, on retiendra les amples manteaux mouchetés de coups de pinceau et au col en trompe-l'oeil (voir ici et là). À l'inverse, on essaiera d'oublier les détails de coupe premier degré confondant citation artistique et hérésie esthétique (voir ici)...
En se fournissant en coton bio et équitable au Bénin et en faisant imprimer/broder ce dernier par des ateliers italiens, Stella Jean continue de mettre en valeur la complémentarité des cultures et des savoir-faire. De sa collection, on retiendra cette silhouette fifties à la saveur exotique ainsi que cette robe mariant coupe sobrement élégante et imprimé dépaysant.
Giorgio Armani revisite la notion de filet à provisions (voir ici et là).
Chez Etro, on assiste à un mariage inattendu entre effluves gipsy et énergie sportswear. Sous les doigts de la créatrice fusionnent ainsi néoprène et tissus bohèmes, donnant naissance à des pièces intéressantes à défaut d'être totalement séduisantes (voir ici et là). On note au passage que les longs manteaux d'été matelassés et les mix turban/boucles d'oreilles coquillages affichent un attrait indéniable.
Fendi ose les lunettes de soleil mono sourcil (voir ici)...
La notion de maxi ceinture prend une nouvelle dimension (voir ici).
Jenny Walton est apparemment très fière de son nombril (voir ici et là)...
Certains enfants vont au zoo, d'autres vont voir des défilés (voir ici et là)...
Par Lise Huret, le 27 septembre 2018
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