Visage masculin

Galerie de portraits #9

Écrire un livre… L'idée m'a longtemps pétrifiée. Jusqu'à ce que je comprenne que l'important pour moi n'était pas de publier, ni même de posséder un objet papier signé de mon nom, mais simplement d'écrire. Peu importe le support, la portée, la notoriété… Une fois cela intégré, j'ai enfin pu libérer mes mots. Ainsi est née une petite centaine de portraits au travers desquels je retrace ma vie en filigrane…
Visage masculin

Alexandre


Novembre - 10h30 - Salle d'étude du lycée


"Mademoiselle Daubresse, au bureau !".
"Oui ?".
"Bon, tu t'es fait exclure de quel cours ?".
"Physique…"
"Tu vas finir par avoir de sérieux ennuis, tu t'en rends compte ?".
Oui, et je m'en moque éperdument. Que sont quelques entorses à la discipline si celles-ci me permettent de troquer mes cours de physique contre des heures de permanence supervisées par celui qui hante mes rêves depuis 3 mois ?
"Et sinon, ça va la fac ?".
"Partiels dans deux semaines… Allez, retourne t'asseoir".

24 ans, grand, brun, étudiant en économie et surveillant à temps partiel : l'homme qui depuis la rentrée pointe mes retards et ceux des 400 autres élèves du lycée me trouble au delà du raisonnable. Il me suffit ainsi de l'apercevoir au travers des vitres de la cafétéria pour que mon corps se mette à trahir lâchement mes sentiments les plus intimes, entre visage brûlant, tempes grésillantes et genoux inopérants.

De cet état inédit et affolant, je ne parle à personne. Ni aux filles de mon cours de théâtre, ni à ma meilleure amie. Amoureuse du pion ? Moi la gamine qui débarque du Pas-de-Calais avec son cartable en cuir au sein d'une marée de sacs Eastpack ? Moi l'adolescente de 15 ans totalement transparente au milieu de cette faune de lycéennes toutes plus pimpantes les unes que les autres ? Moi amoureuse du pion ? Risible, présomptueux, insensé, grotesque...

Décembre


Isolée au fond du CDI, je le vois s'approcher. Il ne vient pas directement me voir. Il s'empare du New York Times, fait mine de le feuilleter, puis finit par me rejoindre. Il jette un oeil au recueil des oeuvres de Brecht ouvert devant moi. 
"Tu n'as toujours pas choisi la scène que tu allais présenter ?".
"Non, enfin si. Je pense que je vais partir sur La Femme Juive".
"Raconte…"
Je lui parle alors avec fougue de cette femme sur le départ, de ses tergiversations, du contexte de la pièce, de son incapacité à parler ouvertement à celui qu'elle aime… Il sourit.
Les minutes défilent, les sujets également. Nous discutons de sa fascination pour les USA, de sa passion pour le basket et rions - sans faire de bruit - des travers de ses collègues. Nos regards s'accrochent. 
De ces instants, j'enregistre tout, entre le cavalier jouant au polo sur le haut de son pull-over, ses paupières qui plissent lorsqu'il sourit, sa manière de prononcer mon prénom et ses joues légèrement rougies par la chaleur de la pièce.
Une élève s'approche.
"Euh Alexandre, on te cherche au secrétariat".
"Ok, j'arrive".
Il se retourne vers moi.
"Tu devrais retourner en perm', cela fait plus d'une demi-heure que tu es au CDI…".
Une fraction de seconde aura suffi pour nous renvoyer à nos rôles respectifs. Moi l'élève, lui le surveillant.
Les jours suivants, sa froideur me confirmera que l'épisode du CDI n'était en réalité rien d'autre qu'un échange informel entre une adolescente et un membre de l'équipe éducative. 

Juin


Les mois passent. Je me nourris de moins en moins. Je l'observe de loin. Nous nous parlons de temps à autre. Je rêve de lui toutes les nuits. Chaque réveil est une déchirure. L'année scolaire finit par toucher à sa fin : dernier cours de maths, dernier cours de latin et dernier cours d'art dramatique. Une ultime séance de théâtre à laquelle Alexandre a promis d'assister. 
Je le vois s'installer sur les gradins. Je recueille l'esprit ailleurs les critiques de mon professeur, puis grimpe m'installer aux côtés de celui qui dans quelques jours ne sera plus mon surveillant. 
"Je vais faire des paniers au gymnase, vous venez après ?"
Paul, mon meilleur ami, est partant. Moi aussi… 

Le bruit du ballon rebondissant sur le plancher éclate sous la voûte de la salle de sport. Paul s'en va déjà. 
"Tu viens ? Je vais rater le tram..."
"Euh non, non vas-y. J'ai le temps".
"Viens Lise, je vais te montrer comment tirer un panier digne de ce nom".
Alexandre se place derrière moi - je sens son souffle tiède dans mon cou - et pose ses mains sur les miennes.
"Fixe le panier, fléchis légèrement les jambes et… tire". Je lance, rate et ris nerveusement. 
Il enchaîne les paniers. Je ne joue plus, je l'observe. 
Au bout de 15 minutes, il file dans les vestiaires. Je le suis. 
En retirant son tee-shirt dos à moi, il m'annonce qu'il part dans un mois et demi en Arkansas : il a décroché un job dans une banque. 
Je comprends alors que ce qui n'a jamais commencé est déjà fini. 
Nous sortons par la porte arrière du gymnase et nous retrouvons directement dans la rue. Au moment de nous séparer, je me hisse sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue, puis me détourne rapidement. Il me saisit alors la main, me ramène vers lui et presse ses lèvres sur les miennes. 

Sur la route qui me mène à la gare, la pression de ses mains se fait encore sentir au creux de mes hanches. Les émotions qui me balaient sont d'une telle force que j'ai du mal à marcher droit sur le trottoir. J'ai envie d'hurler, de rire, de pleurer, de sauter, de me blesser, afin d'avoir la confirmation que je suis bien réveillée et que ce baiser a réellement eu lieu. 

Quelques jours plus tard


"Ca te dit de passer la soirée chez moi ?".
À quelques rues du lycée, nous discutons adossés au mur en briques rouges de l'une des maisons bourgeoises du centre-ville lillois. Chez lui ? Ce soir ? Mon cerveau s'affole… Je visualise mentalement ma lingerie, fais le point sur le nombre de tickets de métro restant dans ma trousse et réfléchis à l'excuse que je vais donner à mes parents pour justifier un découchage au pied levé.

Assise en tailleur sur son tapis Ikea bleu cyan, je feuillette l'un des albums photo que je viens d'extraire de sa bibliothèque. Aux années 1996 et 1997, une jolie blonde apparaît sur quasiment tous les clichés : dans ses bras, sur ses genoux, aux sports d'hiver, sur la plage, à la fac… Le sol se fendille doucement sous la laine du tapis suédois. 1998. Je scrute fébrilement les images. Sa blondeur a soudainement disparu. En 1998, Alexandre est seul. 
Je l'entends s'affairer dans la cuisine.
"Je nous fais des pâtes, ça te va ?".  
"Oh tu sais je n'ai pas très faim".
Hors de question pour moi d'ingurgiter la moindre parcelle de nourriture : je veux que mon ventre reste ultra plat, au cas où je serais amenée à me déshabiller.
Il mange seul, je joue avec un verre d'eau. 

"Tu as un corps de déesse". Allongée en jean flare et soutien-gorge sur le canapé, je me love au creux de ces mots dont la saveur inédite éteint toutes mes faims.  

Le lendemain


Au visage défait de ma mère, je comprends que les choses ne sont pas déroulées comme prévu. Mon alibi n'a pas tenu : l'amie chez qui je devais officiellement dormir (et que je n'avais évidemment pas prévenu) a appelé à la maison pour me poser une question concernant notre cours de français… 
Maman n'est pas fâchée, elle aimerait simplement comprendre. Or, le fossé qui s'est creusé ces derniers mois entre l'adolescente qu'elle croit encore pétrie d'enfance et celle que je suis réellement rend toute explication impossible. 

Une semaine plus tard


Nous roulons vers la mer du Nord. Au volant de sa Peugeot 205 écarlate, dans son sweat gris à capuche, mon ex-surveillant a des allures de vieil ado. Je refuse cependant de m'attarder sur cette vision peu flatteuse - ni sur l'égocentrisme que j'ai récemment cru déceler chez ce futur banquier yankee - car ce matin nous sommes Bonnie & Clyde. Notre cavale est programmée pour durer une journée. À la fin de celle-ci, il me ramènera chez moi, où ma famille croit que je suis en train de bouder dans ma chambre… 

"Tu pourras venir finir ton lycée à Little Rock. Il ne te reste plus deux ans. Après on avisera".
Face à la mer grise, je bois ses paroles. Ainsi, il envisage son avenir avec moi ? Je serais donc autre chose qu'une simple distraction ? Mes jambes fourmillent de l'excitation que provoquent les bonheurs fulgurants.  
"On fait la course jusqu'aux dunes ?".
Je m'élance, le sol glisse sous mes pieds, j'accélère, le sens à mes côtés, il me tacle, nous tombons ensemble, roulant le long de la colline de sable que nous venons de gravir. 
Je l'aime. 

Fin de journée


Il ralentit, s'arrête devant le cimetière anglais jouxtant la propriété de mes parents. La perfection des dernières heures a d'ores et déjà un goût de lointain souvenir. Je sors,  referme la portière. Il m'appelle, se penche à travers la banquette avant et me lance sur un ton presque désinvolte : "Je t'aime"
Seule sur le trottoir du village m'ayant vu grandir, je le regarde s'éloigner. Qu'importe les difficultés qui s'amoncellent à l'horizon : il m'aime. Enfin je crois. 

Je franchis la grille du jardin et vois ma petite soeur accourir vers moi. Seule au courant de mon escapade, elle avait pour mission de me couvrir, mais n'y est pas parvenue. Tant pis.
L'atmosphère au sein de la maison est électrique : ma soeur aînée me traite violemment de "p…", ma mère affiche un silence consterné, tandis que mon père me somme de fournir des explications.  
Acculée, je prends le parti de la défense agressive. Oui j'étais avec un garçon, ou plutôt un homme. Il a 24 ans et veut que nous allions vivre ensemble en Amérique. Mon père voit rouge. 
"Moi vivant, tu ne reverras jamais ce garçon !". Je lui hurle qu'il n'a aucun pouvoir sur moi. Ma rage décuple sa colère. 
Il me saisit alors le bras, m'entraîne dans la cave et m'enferme dans le cellier. Mauvaise idée : la vue de tous ces grands crus m'inspire. Je me mets à les fracasser contre le mur les uns après les autres. Au bout de quelques minutes, de peur que je me blesse, mon père ouvre la porte. Je passe devant lui en hurlant ma haine et m'enfuis un tesson de bouteille à la main, les bras dégoulinant de Château Margaux. 
Je cours, sors de la maison, oblique vers les dépendances situées au fond du jardin, saisis une échelle, grimpe dans l'ancien grenier à foin et retire l'échelle. Sauvée. 
De mon perchoir, je vois peu après les pompiers et SOS Médecins débarquer dans le jardin. Croyant que je m'étais entaillée les veines, papa a appelé la cavalerie. 

Quelques heures plus tard


Mon père frappe à la porte de ma chambre. Je ne réponds pas. "Lise, j'ai trouvé le numéro d'Alexandre dans ton agenda, je l'ai appelé, il vient déjeuner demain". La honte me statufie. Qu'a-t-il bien pu lui dire ? 

Le lendemain


Du carnage d'hier, il ne reste rien. Autour de la table de la salle à manger, les adultes discutent de manière civilisée. Papa, qui la veille avait des velléités de meurtre, semble aujourd'hui prêt à adopter celui qui assume avoir ravi le coeur de sa fille de 15 ans. Cela discute Amérique, possibilité d'études à l'étranger, relation longue distance… Je flotte. Je suis là sans être là. La sensation d'irréalité qui m'accompagne depuis 3 semaines persiste. 

Sur le perron (où mes parents nous ont discrètement laissés nous faire nos adieux), Alexandre me souffle à l'oreille : "Tu vois, c'était facile". Trop facile. Trop facile pour lui, trop facile pour eux... Comme s'ils désiraient me calmer par tous les moyens. J'ai peur que tout cela ne soit qu'une mascarade. Et en même temps, rien de ne l'obligeait à venir, à s'infliger un déjeuner/tribunal, à réaffirmer la sincérité de son amour devant mon père… Je m'écrase contre son torse. J'essaie de chasser les doutes qui commencent à cisailler mes valves cardiaques. Je me noie dans son after-shave et tente d'imprimer mon empreinte sur ce corps qui dans 3 jours s'envolera vers les sirènes du rêve américain. 

Sa voiture n'est pas encore sortie du village que je rédige déjà la première des nombreuses lettres qui partiront vers l'Arkansas. Des textes enflammés, ne parlant que de manque, de désir de retrouvailles, de projets d'avenir. Je suis tour à tour Jane Eyre, Karen Blixen ou encore George Sand...

Juillet


À défaut d'être incandescentes, ses lettres à lui sont régulières. Il m'y décrit son installation, son nouveau job, l'accueil chaleureux qu'il a reçu et les parties de baskets avec les locaux. Sa cinquième lettre évoque sobrement la gentillesse dont fait preuve à son égard la fille de son patron. Elle s'est en effet proposée de lui faire découvrir la ville. Les mots sont neutres, mais ce que je perçois entre les lignes me fait frémir. Robin… ce prénom ridicule m'obsède. 

Septembre


L'été passe. Elle fait désormais partie de toutes les lettres. J'agonise en secret. 
Le 2 septembre, j'ouvre sa 10e lettre. "Je suis tombé amoureux de quelqu'un d'autre, je suis désolé "
Robin...
La douleur est telle qu'elle en devient anesthésiante. Je ne ressens ainsi même pas l'aigreur de la nausée qui me projette vers la cuvette des toilettes.

Epilogue


Banale dans le monde des adultes mais létale dans l'univers d'une adolescente, cette rupture me réduisit à l'état d'ombre revivant chaque nuit son histoire d'amour avortée et pesant chaque matin de moins en moins lourd sur la balance. 

17 ans plus tard, si mes rêves me jouent encore parfois des tours, il me suffit de me tourner vers Julien pour reprendre pied. Face à sa force tranquille, les fantômes du passé refluent invariablement vers les abysses de l'oubli... 
Par Lise Huret, le 19 décembre 2019
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52 commentaires
Tous les commentaires
SophieIl y a 4 ans
Vous écrivez magnifiquement bien Lise!
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BlondieIl y a 4 ans
Bravo!
(pas d'autres mots - pour le moment).
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SimoneIl y a 4 ans
Quelle écriture! Tu as l'art de faire vivre chaque scène dans la tête!
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anjeIl y a 4 ans
Quel suspens !
Super chouette. Vraiment.
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MariontchikIl y a 4 ans
Si intime et touchant...
Ça paraît encore tellement vivant et c’est tellement vrai à quel point le premier vrai amour marque une vie...
Merci
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FrancoiseIl y a 4 ans
Oh Lise, j'ai bu tes mots aussi vite que je pouvais. Ca m'a rappele ma propre crush, Sylvain K, qui etait en lettres sup alors que j'etais en terminale. J'ai adore lire ce recit. Tu es mon ame soeur ! Bises !
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V.Il y a 4 ans
Superbe texte. Je n'aime pas trop ce Alexandre ;-) cela me paraît violent de faire cela à une jeune fille de 15 ans avec l'expérience de l'âge qu'il avait...
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FannyIl y a 4 ans
Quelle classe tes parents et quel amour pour toi !
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AdelineIl y a 4 ans
Quelle histoire d'amour...je la trouve belle
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violette.bIl y a 4 ans
Et toc ....en plein coeur
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nuiIl y a 4 ans
La cave à vin, cet échec parental face à l'affirmation adolescente, je n'ai pas pu m'empêcher d'éclater de rire. J'imagine tellement la scène : les parents inquiets pour leur fille ET pour leurs bouteilles de pinard, aussi, quand même.
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Lise (TDM)Il y a 4 ans
Ils ne boivent pas de vin ;) Il s'agissait de la cave à vin de mon grand-père.
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nuiIl y a 4 ans
Au temps pour moi :)
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caroline lIl y a 4 ans
Alors là! Ca c est du grand Lise! C était très beau, merci pour ce partage, tu as une bien belle écriture!
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caroline lIl y a 4 ans
ah et la photo qui accompagne ton texte est très belle aussi!
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PatriciaIl y a 4 ans
On aimerait un roman de cette histoire...Les amours adolescentes ont souvent un côté tragique...très beau texte en tout cas, merci
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matchingpointsIl y a 4 ans
"Je visualise mentalement ma lingerie" - c'est joliment dit... cet Alexandre ne méritait peut-être pas votre élan du coeur. Mais cela fait partie de l'apprentissage de la vie.
L'histoire d'une désillusion, mais avec un Happy End, à long terme !
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KikiIl y a 4 ans
Lise, on attends le roman (ou le recueil de nouvelles) !
L'histoire est belle, mais tout de même, une enfant de 15 ans versus un homme de 24 ans, c'est tendu. Un adulte qui a un lien d'autorité avec une enfant. Je me souviens de camarades de classe qui trouvaient cela valorisant, sortir avec un homme plus âgé. Est ce que ces hommes ne profitent pas de l'inexpérience pour pouvoir s'imposer ?
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UnnaIl y a 4 ans
ce n'est pas tant une question d'âge et d'expérience, c'est plus une question de mentalité, caractère, etc. il y a les dominants et les dominés (quel que soit le lien qui unisse les gens). dans le cas présent l'inverse aurait pu se produire. ce mec est tout simplement un séducteur qui savait très bien ce qu'il faisait, proie facile, etc. On a tous un profil fait pour un style précis de relation. et ça nous suit toute la vie. qu'on le veuille ou non.
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Moule FripeIl y a 4 ans
"On a tous un profil fait pour un style précis de relation, et ça nous suit toute la vie qu'on le veuille ou non": je ne suis absolument pas d'accord!
Notre profil amoureux peut totalement changer (pour le pire ou le meilleur) en fonction de nos rencontres, de notre expérience, de notre maturité etc. Et heureusement! Il n'y a pas de fatalité dans l'amour!
Quant à cette notion de dominants et de dominés...
Par ailleurs Lise n'était pas forcément "victime"de cette relation, et Alexandre "bourreau".
La séduction équivaut-elle forcément à de la manipulation?
L'amour de cet Alexandre pour l'adolescente qu'était Lise était d'ailleurs peut-être (probablement) tout-à-fait sincère.
Puis il est, par la suite, tombé amoureux d'une autre personne. Ça arrive, n'est-ce pas? Ça n'enlève rien à l'immense douleur qu'a ressenti Lise, mais ça ne fait pas de lui un monstre manipulateur.
Son statut et son âge auraient évidemment dû le pousser à s'abstenir de s'engager dans cette relation, mais c'est une autre histoire... une histoire d'éthique, pas d'amour.
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KikiIl y a 4 ans
Bien sûr à 15 ans, on est pas un enfant-enfant, l'adolescence est un genre d'entre deux, on est en construction.
Séduire, ça suppose que l'on est sur un pied d'égalité. C'est pas possible quand tu es encore en construction. L'adulte n'aurait jamais du aller plus loin, comme tu le dis. Je ne conteste pas la sincérité des sentiments, mais au regard de tout ça j'ai le sentiment qu'il y a un effet de subjugation, qui force un peu la main de la jeune fille (mais c'est mon interprétation hein, je peux me tromper).
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Moule FripeIl y a 4 ans
Je suis bien d'accord avec toi Kiki, et avec le fait qu'il ne peut y avoir d'égalité stricte dans une relation entre une personne supposément adulte et une autre, adolescente.
Je ne suis en revanche pas d'accord avec Unna qui parle de dominants et dominés comme si c'était une fatalité de manière plus générale, et attribue un profil de prédateur à cet Alexandre.
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UnnaIl y a 4 ans
je comprends pourquoi le film "50 nuances de grey" plait tant...
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Moule FripeIl y a 4 ans
J'avoue être coincée pour vous répondre, je ne l'ai ni vu, ni lu...
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Lise (TDM)Il y a 4 ans
Je ne suis pas forcément d'accord avec l'idée d'un schéma dominant/dominé immuable. J'ai l'impression que les rôles changent/évoluent tout au long d'une relation. Dans le cas évoqué, je ne me sentais absolument pas dominée ;)
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Lise (TDM)Il y a 4 ans
Il est certain que j'étais fascinée, mais je n'ai pas pour autant l'impression qu'il ait profité de la situation ...
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Moule FripeIl y a 4 ans
C'est ce qu'on ressent à la lecture de ton texte, Lise: de la fascination mais aussi et surtout de l'amour brut et sincère.
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UnnaIl y a 4 ans
c'est possible. ce que je dis est uniquement mon ressenti. pour autant lorsqu'on est dominé, on ne s'en rend pas compte sur le moment. l'amour transcende. après il est vrai qu'à cet âge (15 ans) on est subjugué par la différence d'âge, ce qui s'estompe ensuite.
enfin bref, il y aurait beaucoup de choses à débattre sur le sujet et ici n'est pas spécialement le lieu adéquat pour en disserter ^^
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Seul et fabuleux !Il y a 4 ans
Je l’ai lu deux fois !
L’amour, l’attachement... À la fois beau et flippant !
Ma toute première expérience c’était à 16ans. Au bout de deux mois il m’a trompé avec le premier venu. Je me suis ultra préservé en me disant « plus jamais ça ». Maintenant quand je rentre dans une relation j’ai peur d’être rejeté, abandonné ! Je perds beaucoup en estime de moi même.
Au printemps j’ai rencontré Damien. Ça a accroché très vite. Avec prudence des deux côtés mais ça avançait.
Quand il m’a dit qu’il allait sûrement repartir dans le sud et qu’il aurait aimer me rencontrer plus tôt, je me suis auto rassuré en me disant que ça durerait le temps que ça dure et puis basta... je pense que je me mentais à moi même puisque chaque fois qu’on me disait que je pourrais le rejoindre, j’avais le sourire jusqu’aux oreilles.
L’histoire a joliment évoluer. On se voyait régulièrement. Au début il y avait une belle stabilité de ma part puis très vite la peur de l’abandon a refait surface. Plus mes sentiments pour lui étaient importants plus je flippais. Un jour il est parti en vacances puis trois jours avant de revenir il m’a dit qu’il ne remonterai pas. Déception, colère... Expéditif face à l’idée de souffrir, je lui ai dit qu’une relation à distance ne m’intéresse pas. On continue de s’écrire puis il me parle d’appartement pour tous les deux. L’idée me plaît. On se revoit. On passe une semaine ensemble, je lui présente une autre partie de mes amis, ça colle avec tout le monde. On parle de notre projet. Je flippe mais ça va. Un matin très tôt il repart dans le sud. Je l’accompagne au bus. Sur le chemin du retour, je me sens heureux. Je me remets un peu au lit.
Et là tout ça commence à aller moins bien. Dans la journée je commence à avoir un peu d’anxiété mais sans savoir pourquoi. Ça continue pendant les semaines qui suivent. J’ai des sentiments pour lui, j’ai envie de le rejoindre mais j’ai mon cerveau qui me dit que ça ne va pas durer, qu’en plus de le perdre lui je vais perdre mes amies, ma famille. Quand je suis avec lui, ça va. Puis dès que je m’éloigne physiquement, c’est la cata. Je fais le yoyo moralement. J’en parle autour de moi, tout le monde y va de son avis, ça me perturbe encore plus. Parfois je lui dis que je ne veux pas continuer, que je suis perdu, parfois je lui dis que je l’aime et que je veux continuer avec lui. Et puis tout ça le perturbe lui et l’éloigne de moi.
La relation s’est terminée récemment. J’ai compris avec l’aide d’un psychologue que suis abandonnique. Aujourd’hui je dois apprendre à plus m’affirmer, à plus m’aimer, à savoir encore mieux me traiter !
J’aurais voulu tout ça mais en sa présence, plutôt que de me perdre comme je me suis perdu.
Je suis toujours en contact avec lui. J’aimerais le recroiser un jour... où je serai capable de plus m’affirmer dans un couple. De lui apporter ce que j’ai été capable de lui donner avant de me faire bouffer la cervelle par cette anxiété merdique.
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CesomuIl y a 4 ans
Cette relation, tu l auras avec lui .....ou autre.....
Mais quand tu seras ok avec toi meme, donc plus serein et moins dans la peur de perdre, prends ton temps
Ca me touche et je me permets d envoyer un bisou....
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Seul et fabuleux !Il y a 4 ans
« Cette relation tu l’auras avec lui ou quelqu’un d’autre » « prends ton temps »
Ça te dit que je t’engage pour me dire uniquement ce genre de choses ? ;)
Merci pour ton comm’
Bises
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HeLNIl y a 4 ans
Seul et Fabuleux ! Rien que ton nom ici donne envie de te rencontrer ! Et quel récit...! je te souhaite tout le meilleur avec Damien, qui ne doit pas avoir tout à fait conscience de ce qu'il risque de rater, ou avec un autre qui l'aura bien compris. Moi aussi je me permets une bise ❤️
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Seul et fabuleux !Il y a 4 ans
Damien s’est accroché, tu peux me croire. Mais au bout d’un moment je ne savais plus en j’en étais, il y avait la distance qui n’aidait pas... et mon petit ego qui ne voulait pas trop de son aide. J’avais envie d’être fort. Et plus j’avais peur de lui montrer mes faiblesses plus elles étaient grandes je pense. Quand un dimanche soir on se dit qu’on a passé dix jours superbes ensemble et qu’une semaine après, dans une immense solitude je lui dis que je veux arrêter... pour lui ça n’a pas été facile non plus.
Je me dis qu’avec du recul sur tout ça et plus de force, va savoir ce qu’il peut se passer...
Merci pour ton commentaire. Il me touche et me fait beaucoup de bien. Je te fais une bise aussi. ;)
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Lise (TDM)Il y a 4 ans
Merci de nous avoir partagé ce moment de vie aussi intense que douloureux. Je t'embrasse fort :)
RÉPONDRE
Seul et fabuleux !Il y a 4 ans
Merci à toi pour ton récit et le fait qu’il est fait sortir à l’écrit ces quelques mots ! Ça m’a fait du bien !
Tendances de mode fait partie de ces petites choses qui me font du bien, où je me sens moi, tant dans le fait de te lire que dans celui de rédiger des commentaires. J’ai décroché de la mode ces dernières années, je ne me raccroche plus au fait de savoir que tel ou tel créateur travaille pour telle maison de couture, ça ne m’intéresse plus... mais tes articles et ton blog continue de me faire du bien. Merci. Je t’embrasse aussi.
RÉPONDRE
CesomuIl y a 4 ans
Alexandre,
A tout a toi je dis oui
Car a tout prendre, je préfère l enfer au paradis....

Une petite chanson humoristique , pour eviter la larme sur nos amours d adolescent 😘
RÉPONDRE
SashaIl y a 4 ans
Oh la la....que de souvenirs similaires qui remontent....ça pique! et dire qu'il s’appelait......Robin :P
RÉPONDRE
Lise (TDM)Il y a 4 ans
;)
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GranpiIl y a 4 ans
On n'oublie jamais un homme que l'on a passionnément aimé, surtout lorsqu'on est jeune ...
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Lise (TDM)Il y a 4 ans
C'est aussi vrai que terrible...
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HeLNIl y a 4 ans
Lise, tu as l'air de remuer les entrailles de tes lecteurs.rices.
Julien, je t'embrasse aussi très fort.
💕
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Julien (TDM)Il y a 4 ans
;)
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HeLNIl y a 4 ans
Je voulais écrire "l'art de remuer", mon téléphone- qui vit une vie autonome plus souvent qu'à son tour, le traître- a choisi "l'air de remuer", mais finalement cette fois je lui pardonne.
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EmgéeIl y a 4 ans
On a toutes / tous un Alexandre dans notre passé visiblement...
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JulietteIl y a 4 ans
Sublime... Et que de souvenirs douloureux chez moi et probablement chez la plupart de tes lecteurs/trices, qui remontent à cette lecture :) Enfin, on était tellement jeunes et tellement inexpérimentés et tellement fragiles... Au moins, en prenant de la bouteille (no pun intended!), on apprend à se connaître, et c'est déjà précieux.
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Lise (TDM)Il y a 4 ans
Merci à vous toutes et tous :)
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EstarlaIl y a 4 ans
Magnifique texte, qui fait aussi remonter mes souvenir de jeune fille de 15 ans fascinée par un garçon bien plus âgé... Merci Lise pour ce récit à la fois intime et universel !
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AnneIl y a 4 ans
Le premier amour, dit Colette on ne meurt que de celui-là...
Vous avez survécu, bravo
RÉPONDRE
MartinaIl y a 4 ans
Hello Lise !
Vous êtes une HYPER-SENSIBLE il me semble ! A lire de Saverio Tomasella Hyper-sensibles Trop sensibles pour être heureux?
Grosses bises et joyeux Noël.
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BabelIl y a 4 ans
Je rejoins les lecteurs et lectrices de TDM, c'est un récit magnifiquement bien écrit qui nous renvoie inévitablement à notre première histoire d'amour.
Des années après, cette dernière continue souvent de nous hanter...
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AnnaIl y a 4 ans
Mais écris ce livre !!!
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Lise (TDM)Il y a 4 ans
Ah ah ah ;)
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