Chronique #146 : Ces vêtements qui font pire que mieux
On l'a porté et reporté, pensant qu'elle sublimait une partie de notre anatomie ou en faisait oublier une autre. Persuadée qu'elle était notre meilleure alliée dans la lutte contre nos complexes, on lui avait signé un CDI les yeux fermés. Jusqu'à ce qu'une photo ou une remarque vienne fissurer nos certitudes et nous fasse prendre brutalement conscience que notre BFF vestimentaire ne nous voulait peut-être pas que du bien...
Le maxi foulard
Illusion
2006. Alourdi par la boulimie post-anorexie, l'ovale de mon visage est friand de ces immenses foulards qui, une fois enroulés de manière lâche autour du cou, permettent de flouter ce que je considère comme un intolérable double menton. Quelle que soit la saison, j'arbore ainsi du matin au soir une volumineuse minerve soyeuse.
Prise de conscience
Après une partie de tennis disputée sous un soleil de plomb où j'avais bien entendu gardé mon gigantesque carré en polyester noué autour du cou, Julien finit par me poser la question fatidique : "Mais pourquoi est-ce que tu portes toujours ce truc ? Il fait quand même 29 degrés !". Je lui oppose alors un silence gêné, n'osant pas lui révéler les causes de ce fétichisme. Une fois assise à ses côtés dans la voiture, le visage tourné vers la vitre et les larmes dévalant mes joues, je finis par lui expliquer les raisons de cette tendance toute personnelle. Il gare alors la 205 sur le bas-côté, se retourne vers moi, dénoue doucement l'étoffe refuge et me dit "Lise, sais-tu que tu as un très long cou ? Et que celui-ci te permet d'avoir le port de tête d'une danseuse classique ?". Il sort alors de la voiture, noue ledit foulard autour de la branche d'un arbre bordant la route, puis remonte en voiture l'air de rien.
Depuis ce jour, je n'ai plus jamais reporté - hors hivers canadiens - d'immenses foulards ou écharpes parasitant la ligne de mon cou.
Le maillot de bain shorty
Illusion
2007. Étant persuadée de posséder une culotte de cheval prononcée, seul le maillot de bain shorty trouve grâce à mes yeux. Recouvrant le haut de ma jambe, celui-ci me donne l'impression de faire disparaître - le temps d'une baignade - les capitons que j'ai décelé sous la douche et d'atténuer la petite excroissance se trouvant sur le côté extérieur de mes cuisses. Le lycra version "cycliste des plages" est alors mon compagnon estival ; j'estime que celui-ci allonge ma silhouette et me donne une allure sportive de nymphe james-bondienne…
Prise de conscience
2009 : À l'occasion de l'un de mes premiers articles "Maillots de bain" rédigés sur Tendance de mode, je commence à m'intéresser à la problématique "Quel maillot de bain pour quelle morphologie ?". Je prends alors conscience que contrairement à ce que je croyais, le shorty est en réalité le pire choix possible pour les silhouettes de type A. Coupant le haut de la cuisse, il donne en effet l'impression que la jambe est plus courte… Alors certes, il dissimule une parcelle d'épiderme celluliteux, mais à quel prix ? Au prix de l'allure générale de la silhouette.
Je comprends dès lors qu'il me faudra délaisser le shorty au profit d'un maillot de bain échancré générant un effet d'optique flatteur (à savoir une cuisse plus élancée).
Le jean boyfriend oversize
Illusion
2015 : Cela fait un mois que nous sommes à Florence et un mois que j'ai entamé le sevrage d'un antidépresseur que je prends depuis 7 ans. Or, subir de plein fouet les effets secondaires de cette privation nécessaire de molécules chimiques (qui engendre chez moi une augmentation drastique de l'appétit) au pays des pâtes, glaces et autres pizzas se révèle quelque peu problématique : devenant trop serrés, mes jeans m'empêchent de plus en plus de respirer, tandis que mon estime de moi dégringole. À défaut de dénicher une pilule magique susceptible de me rendre ma bonne humeur, je décide d'aller m'offrir un nouveau denim chez COS. Je choisis alors un modèle boyfriend trop large qui - j'en suis persuadée - me fera paraître plus mince…
Prise de conscience
2016. Installée sur le canapé de notre nouvel appartement canadien, j'ose enfin jeter un coup d'oeil aux photos prises lors de nos 6 mois passés en Italie. Je fais défiler les images. Ah le Duomo, le Ponte Vecchio, la Piazzale Michelangelo, la terrible coupe de cheveux de Charly… Les souvenirs défilent, tendres et savoureux. Soudain, je tombe sur une photo de moi (de dos) gravissant le chemin menant à la basilique San Miniato al Monte. Dans mon fameux jean COS, je donne l'impression de sortir du film Professeur Foldingue... J'ai beau zoomer et dézoomer, le verdict reste le même : celui qui devait - par effet de contraste - me faire paraître plus svelte me rajoute en réalité des kilos inexistants. Il ne m'en faut alors pas plus pour aller me saisir du traître, empoigner mes ciseaux de couture et lancer à Charles : "Dis-moi mon chéri, ça te dirait une tente pour tes doudous ?".
Mais aussi...
Les sandales plates à plateaux alourdissant mes chevilles un brin épaisses.
La blouse blanche minimaliste me faisant passer - sur les photos estivales - pour une infirmière sortant du bloc.
Le serre-tête volumineux me faisant ressembler à Simone de Beauvoir (le charisme en moins).
La mini robe sexy qui dans la cabine d'essayage me transforme en irrésistible pin-up, mais qui "In real life" s'avère juste vulgaire.
Par Lise Huret, le 12 mars 2020
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Nous avons passé un mois au Cap-Vert et j'ai très souvent porté un t-shirt H&M oversize avec mes shorts en jean. Il s'est malheureusement avéré sur les photos que le résultat était hyper peu flatteur - la coupe trop large me donnait l'air d'un petit tonneau violet et le tissu trop fin allait se poser avec gourmandise sur le moindre bourrelet. Bref j'aurais tellement mieux fait de mettre un top moulant!