Au fil des ans, Nicolas Ghesquière se focalise de plus en plus sur le traitement de la matière, à tel point que l'on peut se demander s'il ne considère pas le vêtement comme un simple support à ses expérimentations textiles. Cela dit, on ne saurait l'en blâmer : le prêt-à-porter semble en effet avoir atteint ses limites, tandis que les mutations dans le domaine des tissus n'ont quant à elles pas encore livré toute leur magie.
Comme souvent, Ghesquière se contente ainsi cette saison d'édicter deux ou trois silhouettes fortes, qu'il décline ensuite au gré des possibilités techniques s'offrant à lui...
Pour le printemps/été 2011, celui qui n'a jamais voulu céder aux sirènes du revival rétro s'emploie à distiller une atmosphère rock - voire punk - tout au long de sa présentation. Il suffit d'ailleurs de regarder les coupes ultra courtes - soit peroxydées, soit teintées de noir corbeau - des modèles pour comprendre qu'une fois de plus, Balenciaga boude le glamour traditionnel.
C'est en effet une jeune femme aux allures de Teddy Boy prête à en découdre avec la girliness qui arpente en Creepers les parquets du Crillon. En ouverture, Ghesquière choisit de l'envelopper dans un cocon au motif pied-de-poule inspiré des archives maison, dont le traitement mi-cuir mi-plastique lui permet d'entrer sans difficulté dans le 21e siècle.
Après quelques passages dédiés à la déclinaison de ce modèle, le style streetwear cher au DA de Balenciaga se mêle à la notion de tailoring. Les filles empruntent alors au vestiaire masculin vestes de smoking et chemises blanches, qu'elles marient avec audace à quelques shorts en cuir et Creepers revisitées. Leur succèdent des ensembles jupes droites archéennes/pull-overs sans manches au chic des plus contemporains.
Par la suite, l'atmosphère boyish du show se matérialise via une succession de blousons de biker ajustés et finement travaillés, qui ne tarderont pas à accompagner des toilettes dont l'épure sert avec brio le raffinement de la multitude de sequins les ornant.
On ne peut par ailleurs qu'admirer la capacité du maître des lieux à faire se rencontrer sur une même tenue technologies de pointe et virtuosité des petites mains des ateliers Balenciaga. Pour preuve : le final du défilé, conjuguant néo chemises taillées au laser et jupes ayant nécessité des dizaines d'heures de broderie...
Plus portable qu'à l'accoutumée, le vestiaire Balenciaga brille ici par sa précision et l'à-propos de ses créations. Quant à savoir quelle pièce du défilé aura le plus de chance de séduire les rédactrices de mode, il semble que les montres issues de l'héritage Balenciaga et remises au goût du jour pour l'été 2011 - voir ici et là - partent avec une longueur d'avance...
Par Lise Huret, le 01 octobre 2010
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