Ces dernières saisons, les gimmicks Givenchy made by Riccardo Tisci se sont peu à peu imposés comme l'épine dorsale d'une griffe délaissant son héritage au profit de la vision d'un créateur aussi téméraire que sublimement ténébreux. C'est ainsi que collection après collection, la grammaire Tisci s'aiguise, oscillant entre poursuite de son propre fil conducteur et subtil renouvellement.
Magnifiquement ouvragé, l'opus couture printemps/été 2012 mêle ainsi longues silhouettes Tisciennes, pièces chères au DA de Givenchy et innovations. On pense notamment à ces incroyables variations opérées autour de la peau de crocodile, qui virent les écailles de reptile - découpées une à une, puis repositionnées sur du tulle ou du cuir - composer tour à tour de fascinantes mosaïques, et des motifs dorsaux aussi sophistiqués que rockabilly.
Les cuirs cédèrent ensuite la place à de précieuses toilettes scintillantes, arborant tantôt un nouveau modèle de manches dégoulinant sur les poignets tout en dévoilant les épaules, tantôt des zips et broderies en guise de colonne vertébrale (voir ici et là).
Enfin, les dernières silhouettes se virent twistées par le port d'un simple marcel, qui vint prendre le contrepied de leur raffinement art déco. Une idée insolite - empruntée au film "Métropolis" - visant à imager l'opposition entre le monde des cols blancs et celui des ouvriers...
Moins époustouflante que la précédente, la collection Givenchy haute couture printemps/été 2012 n'en affiche pas moins une réelle constance dans l'excellence du travail des matières, mais également dans le désir de conjuguer luxe et féminité de manière non conventionnelle.
On regrette simplement que Riccardo Tisci ait jugé nécessaire de réutiliser le piercing nasal aperçu lors de son dernier défilé homme. Les gigantesques boucles d'oreilles arborées par Daria Strokous et Zuzanna Bijoch auraient en effet largement suffi à insuffler une touche d'exotisme sacrée aux modèles Givenchy...
Par Lise Huret, le 25 janvier 2012
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