Le laçage, du sexy au casual
Plus familier des portants de Chantal Thomass que des boutiques prêt-à-porter, le concept du laçage délaisse cette saison ses oripeaux sexy au profit d'une nature plus douce, oscillant entre modernité et "casualness"...
En matière de mode, certaines recettes ont le chic pour fonctionner quasiment à chaque fois. On pense notamment au fait d'extraire un détail de son contexte originel et de le traiter sur une tonalité lui étant étrangère, afin de lui conférer une nouvelle nature. Ces dernières années, on vit ainsi la voilette se greffer à un bonnet (abandonnant ainsi son ADN rétro au profit d'un style sportswear chic) et l'imprimé léopard quitter ses atours glamour-désuets-vulgaires pour adopter une nature plus urbaine (Charlotte Olympia).Depuis quelques saisons, c'est au tour du laçage - familier de l'univers de la corseterie - de tenter de faire évoluer son ADN. Une mutation impulsée par Raf Simons qui, lors du défilé Christian Dior automne/hiver 2014-2015, cintra légèrement ses manteaux et redingotes via quelques laçages colorés placés sur les côtés, pour un effet saisissant de modernité. Sous ses doigts, le lacet perd ainsi en sensualité via des coloris électro, tandis que le vêtement apparaît comme une subtile fusion entre tailoring et féminité. Il n'en fallait pas plus pour lancer la tendance : dès la saison suivante, les créateurs s'emparèrent du concept afin de le décliner au sein de leurs collections. Victoria Beckham choisit ainsi de détourner le principe du laçage "lingerie" en le conjuguant en mode maille douillette (son long pull côtelé lacé sur le côté par un large lacet en tricot fut d'ailleurs l'une des pièces casuals les plus réussies de la saison).
En surdimensionnant ses lacets en gros grain et en les mariant à du jean façon vareuse, Frida Giannini conjugua pour sa part l'idée en mode seventies (et donna au passage naissance à l'une des pièces les plus photographiées au sein des séries mode de saison). De son côté, Phillip Lim conféra au laçage une dimension ultra contemporaine en le traitant comme une élégante cicatrice sillonnant le long d'une petite robe sportswear. Enfin, d'autres - tels que Nicolas Gesquière ou Riccardo Tisci - ne parvinrent pas à transformer l'essai : trop fins, trop délicats et associés à des pièces très féminines, leurs laçages ne cassèrent pas suffisamment les codes pour apparaître réellement pertinents.
Dans la pratique, celles qui voudront s'adonner à cette nouvelle tendance devront veiller à ne pas flatter la nature originelle du laçage de corseterie. Oubliés matières translucides et laçages impudiques : le laçage de 2015 se décline en mode cosy, sportswear, funky ou conceptuel, et surtout pas en mode sexy. Et si le laçage laisse entrevoir la peau, cela doit être fait avec subtilité, comme chez 3.1 Phillip Lim ou Isabel Marant…
Par Lise Huret, le 02 avril 2015
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Tout au long de ton article (très bien écrit, je n'ai rien à redire), je n'ai pas arrêté de me dire "des lacets quoi, ce sont juste des lacets, le mec il a pas inventé l'eau chaude" (c'est le matin, je suis impitoyable).... Maaaais c'est vrai que ces lacets étant posés sur de jolies pièces casual et non pas sur un corset, ça change toute cette dimension sexy-vulgaire qui leur était accolée auparavant, pour devenir sensuelle ! J'aime !