Chronique #47 : Le sucre et moi
Si avril rime généralement avec autobronzant et café en terrasse, il voit également se multiplier les unes de magazines à la gloire du dernier régime en vogue. Cette année, l'air du temps semble être au "no sugar" : de quoi m'interroger sur mon rapport au sucre...
Lors de ma période d'anorexie (1997-2001), il m'arrivait régulièrement d'éplucher les magazines féminins du kiosque à journaux en quête d'astuces à appliquer afin de maigrir encore un peu plus. J'y piochais une phrase par-ci, un conseil par-là. Le pain fait prendre du poids ? Exit le pain. Les pâtes font grossir ? Fini les pâtes. Et ainsi de suite...Quinze ans plus tard, je ressens une profonde aversion pour ces injonctions écrites dans le seul but de faire vendre du papier (et se démentant d'une saison à l'autre), mais aussi envers toute notion de régime. Il m'apparaît ainsi inconcevable de devoir un jour ré-envisager la nourriture sous un angle coercitif, et ce d'autant plus que je suis persuadée au fond de moi que le principe même du régime - à savoir modifier temporairement son alimentation - est voué à l'échec et à la reprise de poids.
Autant dire que l'article "Sus au sucre" paru dans le ELLE du 3 avril aurait normalement dû me laisser de marbre. Ce ne fut pourtant pas le cas : non pas que je trouve cette nouvelle religion du "no sugar" particulièrement attrayante, mais ses constations amères sur le sucre rapide et ses effets sur l'organisme touchent en moi un point sensible : mon rapport compulsif aux sucreries.
J'ai en effet beau prendre soin de mon corps en pratiquant le yoga, en courant quotidiennement et en concoctant des plats maison, je ne suis jamais parvenue à me défaire de ce réflexe me faisant associer moment de détente et sucre. Une soirée sans biscuits, un week-end sans bonbons, une ballade sans glace ne me comblent pas. De même, ne prendre qu'une poignée de fraises Tagada et ranger le paquet sagement dans le placard m'est impossible : pour que mon plaisir soit complet, il m'est nécessaire de finir le paquet. Autrement dit, si je pourrais sans mal me passer de fromage ou de viande, me priver de Haribos m'apparaît bien plus compliqué...
Avec le temps, j'ai fini par comprendre que mon rapport au sucre était directement lié à l'enfance. À la maison, il n'y avait en effet ni bonbons, ni biscuits dans les placards. Croquer dans une friandise industrielle avait ainsi un délicieux goût d'interdit, à tel point que je n'étais jamais plus heureuse que lorsque je dégustais en cachette des bonbons achetés à la pièce tout en lisant une BD, en dévorant le dernier Je Bouquine ou en rêvant allongée dans l'herbe... Depuis, je pense que j'associe inconsciemment les saveurs sucrées à la liberté, au plaisir immédiat, à l'insouciance de l'enfance. Or, cela ne me poserait aucun problème si cette "passion" régressive n'était pas en train de m'asservir.
J'en ai en effet assez de me sentir frustrée si le vendredi soir si je ne mange pas mon paquet de Maltesers, assez de me sentir épuisée après la dégustation d'une dizaine de Petits écoliers, assez de ne ressentir du plaisir qu'à la première bouchée et continuer ensuite par automatisme, assez de me sentir obligée de consommer une tonne de sucreries lorsque je ne vais pas bien, assez de ne pas pouvoir apprécier un dîner si aucun dessert "sympa" n'est prévu...
Après mûre réflexion, j'ai décidé samedi dernier de rompre avec le sucre chimique, à savoir avec mes chers chamallows, dragibus, pépitos et autres cafés Starbucks aux édulcorants. Depuis, la moindre contrariété me donne envie de "replonger", les soirées devant notre série du moment me semblent bien plus fades et j'ai du mal à trouver un succédané aux Maltesers de notre plateau télé du vendredi soir. Je me demande également comment je réagirai au prochain vrai coup de mou, qui rime généralement pour moi avec engloutissement de biscuits chocolatés...
Pour autant, je me dis que si je suis parvenue à arrêter la cigarette alors qu'elle faisait pleinement partie de ma vie (j'adorais fumer à la fin des repas, à la terrasse d'un café, en conduisant, en soirée ou en me baladant), je devrais également réussir à me passer de mon shoot de sucre quotidien. Peut-être qu'un jour, je regarderai ainsi les étals de bonbons à la pièce avec le même dégoût que j'éprouve aujourd'hui en rentrant dans un bar-tabac. À en croire l'activité de mes papilles ce matin face au stand à bonbons du carrefour de l'Odéon, la partie est néanmoins loin d'être gagnée...
PS : Je conserve dans mon alimentation les fruits (et ce même si le fructose est régulièrement accusé des pires maux), ainsi que tous les sucres lents. Il n'est en effet pas ici question de régime, mais bel et bien de tentative de reprise de contrôle sur moi-même.
Par Lise Huret, le 10 avril 2015
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Quand j'ai entamé ma prépa marathon fin janvier, j'ai décidé de faire un effort et j'ai réussi à tenir environ deux mois en me contentant d'un peu de chocolat noir de temps en temps (1 carré 3-4 fois dans la semaine) et d'une pâtisserie par semaine (souvent le dimanche, en guise de dessert ou de goûter après ma sortie longue du matin).
Et puis j'ai été malade (sorte de grippe) et la deuxième semaine, j'ai craqué, impossible de s’entraîner, manque d'appétit, la base de mon alimentation est devenue du chocolat au lait (avec plein de trucs dedans of course)
Le marathon approchant, j'ai pris le parti de ne pas me frustrer mais dès que c'est terminé, finies les bêtises (je garderai quand même un peu de chocolat noir ;-) )
Bon courage dans ton arrêt du sucre (pour moi bien plus addictif que le tabac), il n'y a pas de raison que tu n'y arrives pas :-)
Bon weekend!