La location de vêtements : bonne ou mauvaise idée ?
En feuilletant les pages du dernier ELLE, un article sur le boom de la location de vêtements m'a particulièrement interpellée. Il faut dire qu'après avoir longtemps été du domaine de l'anecdotique, ce phénomène semble aujourd'hui suivre la trajectoire des Uber et autres Airbnb, qui eux aussi ont tout misé sur le principe de la location. Tour d'horizon des différents avantages et inconvénients de cette pratique actuellement en vogue...
Les plus
Les sites de "mode à louer" proposent généralement une sélection pointue regroupant bon nombre de griffes haut de gamme. D'ordinaire hors budget, ces dernières deviennent dès lors accessibles à celles qui souhaitent briller le temps d'une soirée. Pour ma part, l'idée de me glisser de temps en temps au sein d'une robe Carven ou Proenza Schouler n'est pas pour me déplaire…
Il m'arrive souvent de ne pas acheter un produit car je le juge "trop tendance" : je sais en effet que je m'en lasserai très vite. Ce faisant, je me prive cependant d'une fantaisie éphémère qui pourrait m'amuser stylistiquement parlant quelques jours. La mode étant faite pour s'amuser, le concept de location rend cette dimension ludique plus facile à célébrer.
J'éprouve souvent de la frilosité à aller shopper chez telle ou telle petite griffe lancée récemment : j'ai peur d'être déçue et de ne pas être satisfaite du rapport qualité/prix. Or, ces griffes sont souvent friandes du concept de location, car il leur permet de se faire connaître. On se retrouve donc dans une situation gagnant/gagnant : je peux tester une pièce Maison Père, et si j'en suis satisfaite, je n'hésiterai pas dans le futur à acheter chez eux.
La location de vêtement est également un bon moyen de lutter contre la surconsommation.
Les moins
J'ai toujours considéré les vêtements comme étant une sorte de seconde peau : ils connaissent par coeur notre corps, nous protègent et nous accompagnent une partie de notre vie. Dans le même temps, ils n'ont pas de secret pour nous : on chérit tel denim élimé qui nous fait un postérieur "Sports Illustrated", tel vieux gilet qui nous a suivis sur les bancs de la fac puis réchauffé lors de notre première grossesse ou encore telle robe vintage shoppée lors d'une virée londonienne avec une amie désormais perdue de vue. Bref, les vêtements ne sont pas de simples bouts de tissus interchangeables, ils sont le prolongement de nous-mêmes. Les louer m'apparaît donc à première vue presque comme une hérésie.
Je ne compte plus les fois où mes nièces regardèrent avec envie telle ou telle pièce de ma garde-robe… Or, depuis qu'elles sont adolescentes, j'éprouve énormément de plaisir à leur offrir de temps en temps l'une d'entre elles. Elles y projettent tant de choses liées à la vision - un brin fantasmée - qu'elles ont de ma vie (mode, voyage, amour, liberté)... je trouve cela vraiment touchant. La transmission fait à mes yeux partie intégrante du cycle de vie d'un vêtement. Une notion qui m'apparaît assez antinomique avec le principe de la location.
Le processus d'acquisition d'un vêtement - le fait d'y penser, d'économiser, de se projeter sur le long terme en sa compagnie - contribue à donner une certaine valeur à ce dernier. Quel sera le rapport que l'on entretiendra avec une pièce louée pour quelques jours ?
Me glisser dans un vêtement que des dizaines d'inconnues ont porté avant moi a quelque chose de déroutant. Cela étant dit, en y réfléchissant bien, cette démarche n'est finalement pas si éloignée de ce que j'ai vécu plus jeune, lorsque ma mère et ses soeurs recyclaient les fringues de leurs enfants en faisant des échanges de sacs de vêtements lors des réunions de famille. J'ai ainsi grandi dans les pull-overs de mes cousins et dans les combi de ski de mes cousines… Alors pourquoi pas me glisser dans une robe Balenciaga ayant fait le bonheur d'une myriade de femmes avant moi ?
L'éventail des tailles proposé demeure assez restreint.
Bilan
Je pense que ce concept pourrait nous amener à revoir notre manière de consommer les vêtements : il suffirait ainsi de s'offrir une base d'intemporels de très bonne qualité qui nous suivraient toute notre vie et de twister ceux-ci saison après saison à coups de pièces louées. La location m'apparaît par ailleurs comme un moyen idéal pour contourner les problèmes de trésorerie qui nous tenaient jusqu'ici à distance des toilettes nourrissant notre amour pour la mode...
Par Lise Huret, le 31 mars 2017
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