En passant devant un mur rose bonbon bordé de palmiers, je me dis que Miami doit être un endroit de rêve pour un photographe de mode...
Sur la plage, une partie de beach-volley fait rage. Entre torses luisants, muscles bandés et bronzages caramel, les hommes présents sur le terrain semblent être moins là pour disputer un match que pour exposer leur plastique de play-boy sportif. Le spectacle vaut assurément le coup d'oeil…
Dans la rue, on entend davantage parler espagnol qu'anglais. Un anglais qui se voit d'ailleurs souvent mâtiné de mots espagnols.
En arrivant à Miami Beach, je m'attendais à croiser une multitude de filles en rollers aux corps fuselés et autres naïades entretenant leur bikini body à coups de séances de hot vinyasa yoga. Dans la pratique, si ces filles existent bel et bien, elles sont loin d'être aussi nombreuses que je l'imaginais. À vrai dire, ce qui m'a le plus frappée en me promenant sur Ocean Drive n'est pas un physique en particulier, mais plutôt l'incroyable fierté avec laquelle les femmes arborent leur corps, et ce quelle que soit leur morphologie. Des jeunes femmes noires ultra rondes en bikini surmonté d'une robe en résille rose aux Cubaines aux formes généreuses moulées dans une jupe sexy en passant par des filles toutes en jambes venant des Caraïbes, les silhouettes se suivent sans se ressembler. En discutant de cette galvanisante/décomplexante diversité avec une Italienne ayant immigré ici il y 10 ans, celle-ci me disait : "Here women embrace their body". Tout est dit ! Si la junk food est ici bien pire qu'à Toronto, on y trouve néanmoins des marchés en plein air où l'on peut, moyennant quelques dollars, s'offrir un grand bol de fruits frais découpés à la demande. Nul doute que la saveur sucrée et rafraîchissante de mon "tutti frutti " ananas/mangue/pastèque restera longtemps gravée dans ma mémoire gustative…
À un carrefour, un jeune skateur accoste le conducteur d'un énorme 4x4 noir et lui demande s'il peut s'agripper quelques instants à l'arrière du véhicule afin d'effectuer une petite virée. Quelques secondes plus tard, l'ado en baggy et à la peau tannée par le soleil aura droit à sa dose de sensations fortes.
"What is that Mummy ?". Charles pointe son doigt vers un drone volant à quelques mètres au dessus de nos têtes. Mais que fait ce genre de gadget en ville ? Étrangement, cet "objet du futur" semble être animé d'une volonté propre : après s'être placé en vol stationnaire devant deux jolies jeunes filles, ces dernières lui font un signe et le drone leur "répond" en se dandinant de gauche à droite !
S'étendant à l'infini, piquée de parasols colorés, agrémentée de postes de sauveteurs infiniment photogéniques (voir ici, ici et là) et bordée d'une eau translucide, la plage de South Beach a des allures d'eldorado pour instagrameuse. Mais le soleil tape fort. Nous n'y resterons donc à chaque fois pas plus d'une heure, mais cela nous suffira pour jouer dans les vagues, sentir les bancs de poissons argentés nous frôler les tibias, laisser nos orteils s'enfoncer dans un sable parfait et expérimenter la notion de bonheur à l'état pur. Il est midi : Charles a faim, Julien aussi. Un McDonald's nous tend les bras. Grossière erreur : tout est infect. J'avais oublié qu'aux USA, McDonald's est situé tout en bas de la chaîne des fast foods...
Sur Ocean Drive, les immeubles Art Déco faisant face à l'océan nous plongent en plein coeur des années 30. Devant ces façades pastel aux détails autrefois futuristes, mon esprit pétille : ces "décors" ont tant excité mon imagination depuis mon adolescence que de m'y retrouver aujourd'hui confrontée me procure une joie indicible. Au fil de notre séjour et de nos promenades, nous nous régalerons ainsi des enseignes en néons, des mosaïques, des volumes thirties et autres aplats de couleur mandarine. Je bénis le ciel d'avoir épargné ce quartier de la démolition, lorsque dans les années 70, certains promoteurs immobiliers eurent envie de tout raser…
Au bord de la plage, des agrès dédiés à la musculation sont la cimaise de véritables scènes de films, où des hommes bodybuildés s'entraînent au son d'un transistor diffusant un rap hargneux.
Si les vieilles voitures sont assez présentes à Miami (notamment en guise de déco comme devant la boutique The Webster), ce sont les véhicules de luxe, mais aussi et surtout les modèles "tunés" pourvus d'immenses pneus qui nous ont le plus marqués. Le passage à quelques mètres de nous d'un gigantesque 4x4 vibrant au son de ses basses, aux roues démesurées, aux amortisseurs bien visibles et au conducteur débordant quasiment de son siège nous médusa ainsi totalement.
Le dernier soir, en dégustant une pizza assis face à l'océan, nous regardons Charles creuser joyeusement un trou dans le sable en babillant en anglais avec ses amis imaginaires. Il a beaucoup grandi depuis notre dernière virée à la mer en Italie. Le temps passe, file, court. J'ai 34 ans. La vie est belle.
Mais aussi...
L'élégance n'est pas le premier mot qui vient à l'esprit lorsque l'on évoque le dress code local. Je pense notamment à la jeune femme que nous avons croisée le premier jour et qui portait son portable glissé dans son bas de bikini...
Je n'ai jamais vu des boîtes de pizzas aussi grandes - à peu près un mètre de largeur - que celles que portaient deux jeunes hommes croisés sur Collins Avenue.
Il fait tellement chaud à Miami qu'au Starbucks local, lorsque je commande un café, on me demande si je le veux chaud ou froid.
Il n'est pas rare de croiser un lézard se faufilant gaiement sur le trottoir.
Les boutiques touristiques du coin présentent leurs tee-shirts sur des mannequins en plastique au physique "floridien".
Le contraste entre le bling bling d'Ocean Drive et les nombreux sans-abri n'est pas toujours facile à gérer.
Le ciel bleu de Floride est un décor rêvé pour les immeubles Art déco.
Il n'est pas rare de croiser des hommes apparemment assez riches accompagnés d'une jeune femme ayant la moitié de leur âge et semblant sortir tout droit d'une agence de mannequins.
Par Lise Huret, le 05 mai 2017
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