Les équations vestimentaires insolites, ou comment trouver son propre style
En matière de style, tout est question d'expérimentation, d'audace et de prise de risque. Oubliées ainsi les normes imposées par la bienséance stylistique : écouter son instinct et élaborer sa propre définition du "bon goût" se révèle souvent bien plus libérateur et épanouissant que de se conformer aux diktats régentant notre garde-robe…
Que l'on apprécie ou non le travail de Demna Gvasalia ou d'Alessandro Michele, force est de constater que les deux hommes ont ces dernièrers années considérablement chamboulé l'idée que l'on pouvait se faire des "do and don't" en matière de mode. En proposant au sein de leurs collections des silhouettes aux allures de cadavres exquis, les deux hommes nous incitent en effet à marier des éléments dont l'association aurait fait avaler de travers tante Yvonne, à revoir totalement ce que nous pensions être autorisé en matière de dress code et à imposer à la face du monde notre propre esthétique.
L'idée étant non pas de copier basiquement leurs propositions en bonne fashionista zélée, mais de puiser dans leur insolence la force de suivre nos impulsions créatives et de flatter nos goûts jugés les plus improbables. À l'heure des Leandra Medine et autres Sophie Fontanel, il est temps de s'autoriser à faire de la mode un terrain de jeu où l'on est seul juge de la pertinence de notre allure... Et si au quotidien, peu d'entre nous ont la liberté de s'habiller exactement comme elles le voudraient (le milieu professionnel limitant généralement notre marge de manoeuvre en matière de dress code), rien ne nous empêche de pimenter nos tenues de mini prises de risque, comme le fait d'arborer sur un pull irlandais une broche rococo dénichée sur une brocante, de relever le col d'une chemise sous un fin cardigan, de gainer d'une large ceinture une robe devenue trop grande, de choisir une chemise trois tailles au dessus afin de lui offrir un joli tombé, de glisser un peigne sophistiqué dans nos cheveux, de se lover dans un vieux - mais sublime - manteau totalement hors tendance ou encore de marier deux imprimés très différents.
Une fois en week-end, en soirée ou en vacances, nous n'aurons plus aucune raison de réfréner les suggestions stylistiques que nous susurre notre moi intérieur. Et tant pis si l'on défie les normes chromatiques, si notre entourage grince des dents ou si l'on se rend compte quelques semaines plus tard (en regardant une photo) que l'association jupon vichy/blouse moldave/sabots suédois n'était pas notre plus brillante idée : l'objectif est avant tout de réussir à sortir de notre zone de confort afin de découvrir celle que nous nous interdisons d'être - pour moult raisons - stylistiquement parlant. Qui nous empêche en effet de tenter le large sur large, de marier marron et noir, de porter notre chemise de nuit vintage en guise de robe du soir ou d'associer nos Manolo à la combinaison de travaux de notre mari ?
Alors oui, cette prise de pouvoir sur notre reflet fashion demandera pas mal de séances de méditation (afin de réussir à visualiser la direction vers laquelle nous désirons aller), beaucoup de bienveillance envers nous-mêmes, une grande curiosité pour l'offre prêt-à-porter (fast fashion/créateurs/vintage) et un millier d'essayages décomplexés devant notre psyché... mais cela vaut le coup de tenter, non ?
PS : Il suffira de se rappeler à quel point la notion de "bon goût" est évolutive au fil des ans pour se sentir totalement libérée vis-à-vis de celui-ci...
Par Lise Huret, le 19 juillet 2017
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