Défilé Calvin Klein - Printemps/été 2018
"Ils sont venus. Ils sont tous là". Pour rien au monde, la fine fleur de la fashion sphère n'aurait manqué le deuxième défilé Calvin Klein de Raf Simons. Un défilé qui dessine un portrait acide d'une Amérique schizophrénique...
Contexte
Six mois après son premier opus - plutôt réussi - chez Calvin Klein, Raf Simons se devait de poursuivre sur sa lancée, tout en affirmant toujours un peu plus le nouvel ADN de la griffe américaine.
Casting
Les fashions weeks s'enchaînent et la valse des "it" girls continue : cette saison, les Gigi Hadid et autres Kendall Jenner se voient voler la vedette sur les podiums par la progéniture de Cindy Crawford. Du haut de ses 16 ans, Kaia Gerber vient en effet de faire ses premiers pas de mannequins chez Calvin Klein.
Ambiance
L'élaboration du décor fut confiée à l'artiste Sterling Ruby (collaborateur de longue date de Raf Simons à qui l'on doit également la décoration du nouveau flagship new-yorkais de la marque), qui composa un mobile géant aux allures de farce grinçante, entre haches macabres et pompons pour cheerleader.
Note d'intention
La collection est décrite par le créateur comme étant "an abstraction, of horrors and dreams, [taking] its inspiration from cinema, from the dream-factory of Hollywood and its depictions of both an American nightmare, and the all-powerful American dream".
Thématiques
Western
À l'instar de sa première collection chez Calvin Klein, Raf Simons convoque ici les clichés du style Western et les conjugue sur une note minimaliste/contemporaine. Les sages chemises de cowboy se déclinent ainsi en satin color block, avant de gagner en carrure et d'évoluer vers une coupe plus conceptuelle que Far West. De leur côté, les patchworks évoquent l'Amérique rurale des années 1900, les santiags chaussent aussi bien les hommes que les femmes, tandis que certaines robes ne sont pas sans évoquer les chemises de nuit des héroïnes de la série Westworld.
Film d'horreur
Des santiags chaussant des hommes en costume (évoquant un tueur excentrique sortant tout droit d'une oeuvre des frères Cohen) aux variations autour du thème du sang (éclaboussures, robe rouge en latex luisant (voir ici et là), franges écarlates, tâches coquelicot…), en passant par les coupes faisant penser à des sacs-poubelles susceptibles de contenir un cadavre (ici et là), les gants de cuisine spécial Dexter et autres coloris évoquant quelques décompositions organiques (voir ici et là), le défilé est une véritable métaphore filée sur le thème du film d'horreur. Sans oublier le cliché de la jeune fille candide se promenant seule, insconciente du danger qui la guette...
Andy Warhol
Citée aussi bien lors du passage du créateur chez Dior qu'au sein de l'une de ses récentes campagnes publicitaires, l'oeuvre d'Andy Warhol semble décidément fasciner Raf Simons, qui n'hésite pas ici à utiliser les photographies de l'artiste en tant que motifs placés à part entière (voir ici et là).
La ligne
L'amour de Raf Simons pour les lignes couture rejoint ici son addiction aux coupes épurées et aux détails sportswear.
Ce que j'en pense
Plus que jamais, Raf Simons expérimente. La modernité vintage des silhouettes en amples jupons et tops en latex flou frôle ainsi la perfection (voir ici et là), tandis que l'allure des toilettes en dentelle recouvertes de plastique percé d'un long foulard manque d'évidence. On note également que le travail effectué autour des fronces mérite que l'on s'y attarde, alors que certains patchwork color-block donnent envie de se convertir à jamais au monochrome. Assez inégale, cette collection risque de donner des sueurs froides aux acheteurs…
PS : De notre côté, on se prépare d'ores et déjà au come-back de la santiag…
Par Lise Huret, le 11 septembre 2017
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