État des lieux #2
Voici pêle-mêle quelques impressions, projets et moments de vie illustrant assez bien mon état d'esprit actuel…
Vacances de Noël
Après avoir longtemps tergiversé, nous avons finalement décidé de ne pas rentrer en France à Noël et de préférer aux agapes familiales un voyage inspirant et dépaysant en Arizona, avec ses terres rouges, ses routes désertiques et ses canyons grandioses. Restait à savoir où se loger. Très vite, nous optons pour Sedona, dont nous avons entendu le plus grand bien. Or, si la ville est idéalement située, force est de constater que ses Airbnb sont terriblement kitsch et qu'il en va de même pour ses hôtels. Alors certes, il existe de sublimes resorts perdus au milieu du désert, mais à 4000 dollars la nuit nous n'avons d'autre choix que de les laisser à Nicolas Ghesquière... Nous comprenons alors qu'il va nous falloir faire une croix sur "l'espace de vie design" et tout miser sur l'extérieur. Petit à petit, l'idée de louer un camping-car et d'arpenter la région pendant une dizaine de jours nous apparaît comme l'option la plus cohérente. Peu importe en effet si l'intérieur de celui-ci nous évoque une série B américaine : se réveiller au sein de ce genre de panoramas vaut bien quelques sacrifices…
PS : N'ayant jamais voyagé en camping-car (aux USA ou ailleurs), je suis preneuse si vous avez des conseils à me donner !
Cours alternatif de musique
Dimanche 1er octobre, 14h. Après avoir proposé à Charles mille activités extra scolaires, dont des cours de kung-fu dispensés par des moines Shaolin (j'adorais l'idée), de danse (la moindre note de musique le faisant se trémousser, je trouvais cela pertinent) et de natation et avoir essuyé des crises de pleurs à base de "Non !" aussi tonitruants qu'inexpliqués, nous voilà devant la porte de l'ABC Academy of Music, un espace dédié à l'apprentissage de divers instruments et qui se propose d'initier les plus petits de manière novatrice à la musique. "Novatrice"... ce mot aurait dû me mettre la puce à l'oreille, mais j'étais tellement heureuse que Charles soit partant que je n'y ai guère prêté attention.
Bref, quelques minutes plus tard, nous voici nous et 7 autres duos parents/enfants (la présence d'un adulte est requise pour la première année du cours) assis en tailleurs autour d'un djembé. Soudain, une voix s'élève : "Hello to the drum...". Une femme s'avance, souriante, et nous enjoint par le geste à répéter sa phrase musicale, puis à aller saluer le "drum". Je déteste chanter, je déteste les situations joyeusement ridicules, mais je n'ai pas le choix : Charles me regarde interrogateur et je sais pertinemment que si je ne suis pas le mouvement avec entrain il ne va pas tarder à fondre en larmes et se terrer en lui-même. Nous voici donc à taper sur des djembés au rythme des hululements convaincus de notre cantatrice, à arpenter la pièce en imitant de manière "mélodique" les bruits des animaux des bois et à battre le rythme avec des oeufs/maracas... Au bout de 45 minutes de vocalises en tous genres, je suis tellement dissociée de moi-même que je sens que pourrais sans mal mimer une carotte en train de danser la Lambada.
Au son des applaudissements des profs enthousiastes, des gamins surexcités et des parents soulagés, nous finissons enfin ce premier cours. En sortant, Charles me dit "It was a great time ! On passe une super journée maman...". Et moi de lui répondre, tout sourire : "Génial !", tout en prévoyant de proposer dès le soir venu à Julien un jeu - évidemment truqué - où le perdant devra accompagner Charles à son prochain cours de musique...
Plantemania
N'étant par nature ni ordonnée, ni soigneuse et encore moins patiente, m'occuper sur le long terme d'un être vivant ne fait pas partie des choses qui me correspondent le mieux. Je ne compte en effet plus les orchidées que j'ai laissées se dessécher, les jolies petites plantes - offertes par des amis inconscients - n'ayant pas survécu à mon manque d'attention et les plants de basilic ayant pris ma cuisine pour une unité de soins palliatifs… Oui mais voilà, si je ne suis effectivement ni ordonnée, ni soigneuse, ni patiente, je n'en reste pas moins gorgée de contradictions. Depuis que nous avons emménagé dans notre nouvel appartement, je me suis ainsi découvert une folle passion pour les plantes vertes géantes. Et ce qui n'était au départ qu'une lubie déco s'est vite transformé en "thérapie verte" : prendre soin d'elles m'apaise, et le simple fait d'être à l'écoute de leurs besoins en lumière/eau/attention me reconnecte curieusement aux miens… Reste un problème : étant de nature excessive, je risque de transformer rapidement notre espace de vie en véritable jungle urbaine. Et ce merveilleux petit fleuriste situé dans un quartier de Toronto que j'adore ne m'aide pas à être raisonnable...
Rencontre holistique
Après avoir rencontré pas moins de quatre chiropraticiens depuis notre arrivée à Toronto, je souffre toujours du cou (et donc du dos). Or, le fait de me faire craquer dans tous les sens n'a eu qu'un seul effet : alléger mon compte en banque. C'est pourquoi, lorsqu'un ami me conseille début octobre d'aller voir son chiropraticien qui n'est selon lui "pas comme les autres", je ne suis pas particulièrement enthousiaste.
Un matin, ne supportant plus cette tension me crispant tout le haut du corps, je finis néanmoins par composer son numéro. Il me donne rendez-vous pour le lendemain.
Face à ce petit homme maigre au regard immense, je me sens immédiatement en confiance. Rien que sa voix me procure une sensation de massage (cela paraît ridicule à dire, mais c'est vraiment ce que je ressens). Très vite, je lui évoque le fait que je cours très régulièrement et que cela va sûrement poser un problème. Or, si ses confrères m'ont toujours intimé de stopper la course, lui me dit : "N'arrêtez pas de courir, vous en avez besoin pour apaiser votre esprit". Il ne lui aura suffi que de quelques minutes pour me cerner mieux que les dizaines de médecins que j'ai pu croiser dans ma vie...
Il entame ensuite un massage pas vraiment agréable, mais qui une fois terminé me procure une intense sensation de légèreté. Pour finir, il me montre comment étirer certains muscles profonds et comment modifier ma posture.
Il ne me donne pas de prochain rendez-vous - cela change de ceux qui voulaient me voir tous les jours… - et me propose simplement de l'appeler dans quelques jours pour me dire comment je me sens.
Un jour plus tard, je me sens mieux, pas encore tout à fait "guérie", mais mieux. Mais surtout, je reste très impressionnée par ce que dégageait cet homme. Je n'avais jamais ressenti chez quelqu'un autant de douceur, de fluidité, de lucidité, de bienveillance, de savoir. J'avais l'impression que tout chez lui était aligné : coeur, esprit, corps. Accéder à une telle osmose pourrait être le but d'une vie...
Par Lise Huret, le 06 octobre 2017
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