Observations canadiennes #3
Entre antiquaire haut en couleur, noix de coco fraîche, fête d'anniversaire minutée, proximité de Chicago et patinoire en plein air, tour d'horizon des petites choses ayant récemment interpellé la Française exilée dans le "Grand Nord" que je suis…
Antiquaire frenchy
Entre les adorables - mais ultra formatés - produits IKEA et les inaccessibles boutiques design de King Street, difficile de trouver à Toronto de quoi insuffler un petit supplément d'âme à son intérieur. Un constat qui a fini par me pousser à partir en quête d'une offre vintage susceptible d'émoustiller mon intérieur. C'est ainsi que je franchis mercredi dernier le seuil d'une petite boutique d'antiquités de Cabbagetown. Face à son bric-à-brac ordonné et ses vitrines regorgeant de délicates vaisselles en porcelaine, je compris rapidement que j'avais enfin trouvé la caverne d'Ali Baba tant espérée. Une intuition qui se confirma à la vue d'un miroir ovale esprit Ancien Régime correspondant parfaitement à ce que je recherchais. Toute à ma joie d'avoir déniché ce petit bijou, je ne me doutais pas que cette boutique recelait en réalité un trésor bien plus précieux : son propriétaire. En m'accueillant chaleureusement et en me partageant mille anecdotes savoureuses, ce facétieux Lyonnais de 72 ans - exilé au Canada depuis quarante-cinq ans et ayant participé activement aux émeutes de mai 68 au sein du quartier St-Germain - m'a une fois de plus prouvé à quel point certaines rencontres fortuites peuvent se révéler bien plus précieuses que n'importe quel bien matériel...
Noix de coco fraîche
Je ne sais pas si c'est le visionnage intensif des anciennes saisons de Survivor ou si c'est simplement que mon palais addict aux friandises est en train de devenir adulte, mais force est de constater que mon actuelle "sucrerie" de prédilection n'est autre que la noix de coco fraîche. Je n'en avais jamais vu en France, mais ici on en trouve très facilement chez Whole Foods. Et c'est un pur régal...
Chicago
Initialement prévu pendant les fêtes de fin d'année, notre voyage en Arizona a été repoussé (suite à un problème d'organisation) à la mi-mars. Et si j'ai eu du mal à l'accepter sur le moment - j'avais rêvé d'un Noël passé autour d'un feu de camp - ce léger contretemps m'a poussée à exploiter un peu mieux la situation géographique de Toronto. J'ai ainsi réalisé que Chicago n'était qu'à 8h de route de chez nous. À défaut d'accrocher des guirlandes sur les cactus du parc national de Saguaro, nous irons donc découvrir la ville d'Al Capone, des films de gangsters et de la série Urgences…
Anniversaire à l'anglo-saxonne
Une pétillante carte virtuelle apparaît sur l'écran de mon ordinateur : Charles est invité à son premier goûter d'anniversaire ! En googlant l'adresse du lieu des festivités, je découvre avec étonnement que nous ne sommes pas attendus au domicile de son amie, mais plutôt au sein d'un supermarché torontois... En lisant plus en détail ladite carte, je comprends que les enfants seront accueillis de 12h à 14h dans une salle d'un Loblaws par des "professionnels" qui les aideront à confectionner pizzas et gingerbread. Je me dis alors que cela nous fera deux heures de libre avec Julien pour effectuer quelques achats de Noël dans le "mall" adjacent. J'étais bien naïve...
Le jour J, nous garons notre voiture sur le parking de la grande surface, traversons le rayon céréales du magasin, puis grimpons à l'étage où nous attendent 14 enfants et… au moins autant de parents. Face à cette table en U où chaque enfant attend sagement en tablier de mini pâtissier qu'on lui délivre sa mini boule de pâte à pizza sous l'oeil attentif de ses géniteurs (assis un mètre derrière eux), mon sang se glace en comprenant que je vais devoir participer aux festivités. Je lance alors un regard désemparé vers Julien, qui me sourit d'un air désolé et va s'installer le plus loin possible des bambins, tandis que Charles me mène directement vers sa petite chaise. Et c'est parti pour deux heures de directives énoncées d'une voix faussement enjouée par les animatrices, d'enfants affamés rusant pour dévorer les bonbons destinés à décorer leur "gingerbread house" et de parents essayant tant bien que mal de performer dans l'art du "small talk"...
Au final, Charles n'aura quasiment pas parlé avec la petite fille l'ayant invité, j'aurai eu envie de mourir une bonne centaine de fois, les cadeaux n'auront pas été déballés et les enfants n'auront pas joué entre eux. Mais ils repartiront avec une belle maison en pain d'épice parfaitement emballée...
Légèrement traumatisée par ce modus operandi à des années-lumière du goûter d'anniversaire à la française, je finis quelques jours plus tard par en discuter avec une amie Franco/Américaine qui m'expliqua que pour des raisons d'assurance, plus personne en Amérique du Nord ne prend le risque d'inviter 10 enfants chez soi. Les anniversaires se font ainsi à l'extérieur, sur des temps courts, les enfants pratiquant une activité bien précise et repartant le plus souvent avec un petit cadeau (et bien entendu les parents restent constamment avec eux).
L'été prochain, les copains de Charles risquent de trouver son anniversaire très exotique avec son gâteau maison dégusté dans notre salle à manger…
Patinoire en plein air
Depuis que je vis - à 13 ans - le héros de Love Story patiner en plein air, je rêve d'en faire autant. Or, ici je suis comblée : les patinoires à ciel ouvert sont légion à Toronto. Les week-ends sont ainsi pour moi l'occasion de rejoindre sur la glace familles sportives, couples maladroits, sexagénaires à l'agilité évoquant un passé de hockeyeur et autres patineurs du dimanche (le tout avec en toile de fond le lac Ontario). Au sein du froid mordant canadien, ces ellipses tracées sur la glace m'immergent alors dans un bonheur serein, où l'adolescente que je fus et l'adulte que je suis n'ont font plus qu'un...
Par Lise Huret, le 04 décembre 2017
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Par contre l'après-midi anniversaire est assez marrante :) J'ai quand même l'impression que les parents canadiens ont du mal à lâcher leurs petits, ça me fait penser à la fois où tu as assisté à un cours de musique "particulier". C'est peut-être pour eux un moyen de passer du temps ensemble, j'imagine qu'ils bossent beaucoup.